« Je ne crois pas que la liberté c’est faire égoïstement tout ce qui me plaît (ça c’est le libéralisme) »
Je ne crois pas que la liberté c’est faire égoïstement tout ce qui me plaît (ça c’est le libéralisme)
Sujet mis au débat : liberté – libéralisme ;
Dans mon billet précédent (Précisions sur ma position quant à l’avortement), accessoirement, j’écrivais « que « Je ne crois pas que la liberté c’est faire égoïstement tout ce qui me plaît (ça c’est le libéralisme) ». Cela à suscité des réactions. J’y réponds donc ici.
Il ne s'agit pas d'une abjection. Cette affirmation, dérangeante j’en conviens et l’assume, est fondée sur des lectures approfondies de l’idéologie libérale. Bien que hors sujet, je vais quand même commenter cette affirmation qui est cependant, déjà, bien argumentée par de nombreux auteurs, certes tenus à l’écart des débats médiatiques.
Je vous invite à relire tous les philosophes et penseurs du libéralisme des XVIIe et XVIIIe siècles, de Voltaire à Locke en passant par Adam Smith. Tous estiment que seuls les détenteurs des richesses foncières et financières sont dignes d’accéder à la liberté. Les autres incapables, par nature, de sortir de leur état de miséreux sont inaptes pour mériter de jouir de la liberté. Selon ses philosophes, le peuple de rebus est donc corvéable à merci d’autant, qu’inactif, il devient dangereux. De la même manière, pour ces illustres penseurs, la colonisation avec l'expulsion des indigènes voire leur extermination est une nécessité pour le bien de l'humanité et la grandeur de la civilisation. Ils justifient et vantent l’esclavagisme. Un peu de compassion pour ce peuple, ces indigènes, ces esclaves, est, pour eux, une faiblesse criminelle. Si les penseurs libéraux des XIXe et XXe siècles se sont éloigné de l'idée de l'esclavagisme, il n'en demeure pas moins que l'exploitation de la force de travail des travailleurs et l'appropriation des richesses naturelles au plus grand profit des dominants, dont ils sont, reste au centre de leur idéologie et de leurs théories économiques (qui n'ont rien de naturelle ni de fatal). Le libéralisme et le capitalisme (aujourd'hui néolibéralisme) est une idéologie de domination n'en déplaise à ceux qui le défendent (souvent par ignorance).
L'appropriation égoïste (qui n'est pas plus naturelle et fatale que les théories économiques libérales) et la jouissance égocentrique (la maximalisation du profit et son accumulation -non plus naturelles et fatales-) sont le fondement même du libéralisme (en temps qu'idéologie politique).
Le libéralisme a ainsi dissocié la liberté de la fraternité et l'égalité constitutives de la trilogie révolutionnaire. Cela en réduisant à la sphère privée les deux autres pans de cette trilogie. Trilogie insécable où l’égalité signifie que personne ne peut se prévaloir d'être plus (de valoir plus) ou mériter plus que qui conque ; la fraternité est la solidarité réciproque entre tous impliquant de se protégés l’un l’autres et de se secourir tous ; la liberté étant de faire ses choix en citoyens aptes à les pondérés par une réflexion instruite, respectueuse des autres (et de la nature) et inquiète des conséquences tout en acceptant les limites qui en découlent.
Oui, fondamentalement, pour le libéralisme, depuis sa naissance, la liberté est réduite à, d’une part, la jouissance sans contrainte des biens matériels et, d’autre part à l’exploitation de ceux qui ne peuvent vivre que de leur force de travail. Travailleurs que l'on peut, comme la nature, et sans contrainte (d'où la réduction maximale des interventions de la Puissance Publique sauf pour réprimer le peuple dangereux et protéger la propriété) exploiter pour maximaliser au mieux son profit égoïste.
Le libéralisme est, au delà, avant tout une idéologie de domination qui cherche à justifier la domination des uns sur les autres. Sa grande force, au travers du néolibéralisme, est d'avoir fait croire aux dominés que ce modèle était une fatalité ainsi que de les avoir mis tous en concurrence pour mieux les diviser (c’est l’individualisme). Cela tout en renforçant la domination des possesseurs des richesses et en réduisant les dominés à de simples consommateurs jamais rassasiés et, donc, toujours enclins à consommer d'avantage tout en devant travailler toujours plus pour satisfaire les nouveaux désirs qui leurs sont imposés par la publicité et la pression sociale. Consommation et exploitation du travail étant les mamelles libérales de la domination. Le travailleurs travaille toujours plus pour acquérir toujours plus de biens qu'il a produit lui-même au plus grand profit de celui au quel il se soumet volontairement mais inconsciemment.
Tous, je vous l'assure, les penseurs du libéralisme (dont le libéralisme économique et capitaliste) n’ont fait que défendre cette conception sociale même si souvent c’est sans l’avouer. Pensez notamment à Margaret Thatcher qui soutenait le régime totalitaire de Pinochet car il était le bon exemple d'une saine société assurant une économie libérale dé-régularisée parfaite -et elle n'était pas isolée-.
Si vous en doutez, lisez leurs textes et ne vous contentez pas des slogans racoleurs dispensés par l’idéologie dominante (celle des dominants) tellement ancrée dans l’inconscient collectif qu’elle n’est plus pensée et encore moins critiquée (sauf par des « illuminés » comme moi).
Le libéralisme n'est pas l'héritier de l'humanisme des lumières. Il en est inspiré ni plus ni moins que le communisme (entre autres). Tous deux ont vu dans les Lumières ce qui correspondait à leur point de vue. Toute lecture du réel se fait toujours selon des points de vues historiques. Ainsi, notamment, un dominant ne voit pas, dans un fait social en un moment donné, la même chose qu'un dominé.
Pour une société plus juste et apte à rencontrer les besoins d'aujourd'hui, il faut sortir des présupposés des penseurs du XIXe siècle quelles que soient leurs idéologies de droite ou de gauche et laisser émerger du corps social de nouvelles utopies porteuses de nouveau projets dignes du XXIe siècle.
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