JE SUIS GABON !
JE SUIS GABON !
La faillite retentissante du système électoral, depuis l’avènement du multipartisme, fait ressurgir les vieux démons de l’Afrique : Le tribalisme, le népotisme, la corruption. Le Gabon et la Côte-d’Ivoire resteront dans l'histoire comme le symbole de l’exacerbation de ces maux qui plongent l’Afrique dans les méandres des nations civilisées. L’immaturité de l’élite. Si elle n'en fut pas la cause première, la chute de cette frange de la population, son sophisme servit d'étincelle à l'incendie qui allait suivre : Les détournements financiers ; confiscation du pouvoir. Les élites ont totalement paralysé les institutions, le continent est au bord de l'asphyxie. Au risque de défiance à l’endroit des autorités, le peuple se contient, et démontre son rejet à travers sa seule et unique arme : Son bulletin de vote.
L’IMMATURITE
Désormais digérée la crise ivoirienne, le scrutin du 27 Août 2016 au Gabon, a déjà délivré une première leçon : L’élection démocratique est une affaire trop sérieuse pour la confier aux seules forces africaines ; surtout en Afrique centrale. Avec le recul, plus personne ne conteste que l'Union africaine a échoué. L’ONU a commis une grave erreur en décidant de laisser tomber le processus électoral en Afrique, au nom de la non-ingérence et de la morale. Ce refus de nous venir en aide, cet entêtement à privilégier le dogmatisme au détriment du pragmatisme le plus élémentaire, a conduit tout droit à la démobilisation des populations. Le vote, ce petit luxe, a plus décimé que la malaria. Le vote, a plus appauvri plus que toutes les catastrophes naturelles conjuguées. Au Gabon, en Côte-d’Ivoire, comme en dans la plupart des Etats africains, la suite des événements a montré que lorsque la machine électorale se dérègle, lorsque la défiance s'installe, l'autorégulation de la gouvernance ne fonctionne plus. Seule une intervention massive et coordonnée de la communauté internationale peut sauver du chaos. C’est la première leçon que nous tirons de ce scrutin.
UNE NOUVELLE ECRITURE
La deuxième leçon de cette crise électorale, est qu'il convient de définir une nouvelle réglementation mondiale pour l’Afrique, afin de prévenir de nouvelles catastrophes. Les successions dynastiques. C'est naturellement le principal enjeu de gouvernance. La question des héritiers, qui fait tant débat, doit être traitée. Non parce qu'elle réglera tous les problèmes, mais parce qu'une réforme des certaines Constitutions ne peut se concevoir sans imposer de nouveaux comportements où l'éthique et la moralité retrouvent toute leur place. Après les plans de sauvetage des Etats sur plan économique, qui ont mobilisé des centaines de milliards de fonds publics, la corruption n’a jamais été aussi prolifique. Jamais l’Afrique n’a eu autant de fuite de capitaux. Jamais, les descendants des présidents africains, n’ont affiché une insolente opulence. Une élection sert à arroser à coups de grosses coupures, les intellectuels, les médias, la notabilité traditionnelle. Réécrire les Constitutions est donc plus qu’une nécessité politique, mais humanitaire.
LES INSTITUTIONS
Un des grands sujets cruciaux pour l'avenir. Il concerne l'encadrement des institutions politiques elles-mêmes, c'est-à-dire deux éléments principaux : les règles d’une justice à charge et à décharge dans un premier temps ; et l’impartialité de ceux qui sont en charge d’appliquer le droit, dans un second temps. Aujourd’hui la crise gabonaise, démontre à quel point il y a une complexité au niveau d’une analyse, d’un concept : L’Etat de droit.
Ayons le courage de dire une vérité : il n'y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l'aliénation des droits civiques et encore moins un droit au massacre. Il y a un droit à la paix qui est le même pour tous les peuples. La sécurité telle que la recherche aujourd'hui Bongo se fait contre la paix et contre le peuple gabonais. En lieu et place de la recherche de la paix, il n'y a plus que l'engrenage de la force qui conduit à la violence perpétuelle à plus ou moins basse intensité
Jusqu’où peut-on aller sous les oripeaux d’une loi ? Ces questions bien de spécialistes n'arriveront probablement jamais à trouver les réponses. Le grand public restera sur sa faim.
Je crois que seule la vérité permet l'action. Nous ne construirons pas la paix sur des mensonges. C'est pour cela que nous avons un devoir de vérité face à un conflit où chaque mot est piégé, où les pires accusations sont instrumentalisées.
Il y a un autre aspect de cette crise, à dire haut et fort : il ne saurait y avoir de responsabilité collective d'un peuple pour les agissements de certains. Comment oublier le profond déséquilibre de la situation, qui oppose non deux candidats, mais un peuple sans voix et sans espoir à un État poussé par la peur.
L’INQUISITION
Autour de cette élection, naît une passion mélancolique, un encens de mauvaise odeur à l’endroit de Ping : Il s’est prononcé contre le recomptage des voix de quand Gbagbo, l’a demandé ! Sur les réseaux sociaux toutes les passions se déchaînent, des avocats, aux écrivains, en passant par les journalistes, chacun y va de son trémolo. L’objectivité est reléguée au second plan. Je veux dire à tous ceux qui sont tentés par la résignation face à l'éternel retour des palabres, qu'il est temps de parler et d'agir. Il est temps de mesurer l'impasse d'une population désireuse de changement. Les Gabonais alignés et si sûrs du recours à leur droit, ne se laisseront pas malmener. Pour lever le voile des mensonges, des omissions et des demi-vérités, c’est de dire non à cette imposture. C’est de dire non aux pseudos nationalistes africains, qui font de cet affront scabreux, une lutte anti impérialiste, une résurgence de la xénophobie.
Pour porter un espoir de changement : Il est temps. Le temps de la démocratie. Moi, Je suis Gabon, c’est ce ton qui doit animer tous les démocrates. Nous devons nous lever tous. Hommes libres et de dire à haute voix : Je suis Gabon !
Aimé Mathurin Moussy
14 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON