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Accueil du site > Tribune Libre > Je suis moi-même, je suis pantois...

Je suis moi-même, je suis pantois...

L'ensemble des événements concernant les attentats de Charlie Hebdo de janvier 2015 est tout simplement incroyable !

Avant tout, je me sens obligé de préciser que cela m'attriste de savoir qu'il y a encore eu des morts et des blessés pour des conneries, comme si il n'y avait déjà pas assez de bonnes raisons de souffrir et de mourir dans notre monde civilisé, dans notre pays en avance...

J'aimais l'humour de ces dessinateurs. J'ai du mal à assimiler que ces grands hommes sont partis ensemble de cette façon ! Il me faudra un peu de temps. Je les ai lus très très très jeune ! Je comprenais bien que certains pouvaient paraître vulgaires ou trop extrêmes pour beaucoup de monde, mais je comprenais bien aussi leur vision du monde... Celle que leurs détracteurs ne comprennent pas justement. Et par détracteurs, je ne parle pas des terroristes qui eux n'ont vraiment rien compris, caricatures de la bêtise humaine.

Je pense profondément qu'on doit tout pouvoir tourner en dérision et se moquer sincèrement de n'importe quoi/qui/situation... Même si chacun est responsable de trouver sa limite INDIVIDUELLE à ce qu'il nomme le mauvais goût et sera prié d'éviter de lire, regarder, écouter, visionner les choses qui ne lui plaisent pas. Si cependant il persiste à le faire, il sera prié d'éviter d'en remettre la faute sur l'auteur du média en question. Si il commet un crime pour cette raison, il sera puni, c'est la loi. Et pitié qu'il ne vienne pas remettre les acquis d'une société évoluée en question.

Je suis fier est heureux d'être né en France, d'être Français. J'ai bien compris qu'il s'agit d'une chance et d'une opportunité. Je suis particulièrement fier d'un ensemble d'acquis dont fait partie la liberté d'expression, mais pas seulement et qui font encore de nous aujourd'hui, dans le monde, un pays réellement en avance par rapport à beaucoup d'autres. Mais je me désole de les voir partir en poussière jour après jour... J'aurais aimé qu'on puisse transférer toutes ces avancées de société à d'autres pays et bien sur que l'on sache aussi innover et proposer mieux. Mais on régresse, et la seule chose que l'on sait transférer aux autres pays, c'est la guerre.

Je suis persuadé qu'il est indispensable d'avoir la possibilité d'exprimer une opinion subversive et aiguisée sur n'importe quel sujet ou personnage. Cependant, je suis envahi de doutes quand je vois la différence qui existe entre la réalité des faits et l'opinion de ceux qui m'entourent. Et c'est dans ce contexte que j'ai envie d'écrire un texte libre, qui pose pas mal de questions gênantes sur qui transpire de notre société ces derniers jours.

Pour avoir été victime toute ma vie de ma façon de m'exprimer et parfois tout simplement de mes opinions, je sais qu'il ne suffit pas que cette liberté soit inscrite dans la loi, qu'il ne suffit pas de dire qu'on est pour (même tous ensemble dans la rue). La liberté d'expression doit être respectée justement quand elle blesse, quand elle choque, quand INDIVIDUELLEMENT on trouve que ça va trop loin, que ça dépasse les limites, il s'agit de se rappeler que ce sont NOS limites. Une opinion, n'est qu'une opinion, pas un fait établi. De fait elle doit évoluer.
Dans ce contexte ou nous sommes tous unis pour cette liberté, serez vous capable d'accepter l'expression de cette vision factuelle des évènements ?

1 - Une mobilisation qui pose un problème éthique

Nous manifestons pour dénoncer un fait. Un horrible fait. Qu'a-t-il de différent d'autres horribles faits ? Les voitures folles d'avant, Les SDF morts de froid, la guerre dans le monde, les sous-munitions, la faim, les maladies, la pollution qui tue par le cancer... Certains me semblent même plus horribles. Qui bougera aujourd'hui ou demain pour dénoncer toutes les morts injustes et anormales qu'il y a tous les jours ? Donc on valide le fait que certains humains valent plus que d'autres ? C'est cette société que tout le monde trouve solidaire ? Le message subliminal est impossible à gommer, pour bénéficier de la solidarité des Français, il faut mieux être Français, et célèbre !

Mais bon, passons, ça n'est pas si grave dans le fond. Retrouvons-nous, pleurons entre nous, mais ajoutons toutes les morts anormales de France, toutes celles du monde, et ensuite, séchons nos larmes pour aller de l'avant avec des propositions qui vont dans le sens de la dignité humaine, du respect de tout et de tous, de la paix...

 

2 - Une forme de gaspillage,

Manifester pour dénoncer un fait, c'est bien. Avoir des revendications précises, c'est mieux. La France s'est donc unie. Pour porter le deuil c'est certain (retour au point 1). Mais encore ? Pour demander l'arrêt des tueries ? Pour défendre la liberté d'expression ?

A qui s'adresse, si il y en a une, la revendication ? aux terroristes ? Ils doivent rire et danser alors !! Ils se feront une joie de ne surtout pas y répondre ! C'est comme d'habitude plus que ce qu'ils en attendaient... A l'état ? Sous quelle forme espérons-nous qu'il réponde à ce problème ? Restriction des libertés, augmentation des budgets policiers, militaires, armes, guerre... Y avez vous réfléchi avant ? Quel messages sommes nous en train de véhiculer ?

Quand il y a des sujets sur lesquels on a le pouvoir de faire aller les choses vers l'avant en faisant réellement fléchir des décideurs par notre nombre, on ne voit pas cette mobilisation incroyable. Comme si cette action consensuelle et apolitique était plus "clean" que de descendre dans la rue avec des idées et l'objectif de les faire passer de la rue jusqu'à la négociation d'égal à égal avec nos politiques. Car pour cela, il faut "s'engager", "choisir un camp". En bref, on vit en démocratie, mais on ne veut plus pratiquer la démocratie sous peine d'être beaucoup trop réac. On a réussi à nous moutoniser au point que la démocratie n'existe plus que dans les livres. Aujourd'hui on va dans la rue pour pleurer, constater les dégâts, puis on rentre chez soi, et puis c'est tout. Pourquoi pas, mais je commence à être pantois...

 

3 - Une hypocrisie incroyable, véritable phénomène de société

Récupération marketing, stratégie du pied dans la porte, bourrage de crane... Nos médias sont décidément de plus en plus insupportables. Mais ils donnent ce qu'on leur demande au travers de notre audimat. Soyons francs, ce n'est pas facebook qui regarde la télé et la télé qui poste à fond sur facebook pendant que l'on fait autre chose de notre vie. Il se trouve que les médias sont des entreprises comme les autres et qu'ils répondent aux besoins des clients pour leur vendre plus. Malheureusement, nous nourrissons le monstre en sur-consommant ces informations plutôt que d'autres. Pire, pendant ce temps, nous fermons les yeux sur tellement de choses !

Même verdict pour nos hommes politiques qui manipulent aisément cette fameuse liberté d'expression en l'assortissant de "petites demandes amicales à l'attention des médias principaux". Et qui ne pensent pour certains qu'a figurer en bonne place sur la photo. Pitoyable... Mais rappelons-nous aussi que nous avons élus ces bouffons et qu'une fois en place ils s'alimentent de nos préoccupations, et en entretiennent certaines, précisément au travers des médias. Et qui élirons nous la prochaine fois ? Pendant ce temps, MariAnne La Peine, dit qu'il faut tuer d'autres personnes pour résoudre ce problème (où alors pour se venger ? Je ne sais pas trop en fait).

Et puis la, j'ai tout arrêté, parce que j'étais vraiment pantois. J'avais pensé qu'il y aurait plein de monde dans la rue pour défendre cet autre acquis Français qui a été l'abolition de la peine de mort. Pour nous préserver de la HONTE mondiale que ce serait de voir ce principe remis en cause. Tout comme il serait minable de soumettre les caricatures de nos quotidiens à la censure de groupes terroristes !

On descendra dans la rue pleurer le premier exécuté de la nouvelle France.


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6 réactions à cet article    


  • dithercarmar dithercarmar 20 janvier 2015 18:40

    Pourquoi ne pas aborder le problème de la peur et de la soumission des français qui les empêchent de pouvoir s’exprimer ou d’agir sous un « GOUVERNEMENT » ?

    http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/micro-trottoir-jusqu-ou-iriez-vous-47312

    A voir c’est affligeant !


    • E-charp 22 janvier 2015 15:44

      La thèse que je défends dans cet article est que nous créons cette soumission nous même. Par exemple en défilant massivement pour ce genre d’événement et en désertant massivement ceux ou la peur d’être trop subversif guette.

      Je constate notre auto-moutonisation

      Et je trouve que ça apparait encore plus clairement dans ce genre de moments.


    • César Castique César Castique 20 janvier 2015 20:12

      « ...pour bénéficier de la solidarité des Français, il faut mieux être Français, et célèbre ! »

      Ben ouais, et pour bénéficier de la solidarité des Italiens, il faut mieux être Italien, et célèbre ! pour bénéficier de la solidarité des Allemand, il faut mieux être Allemand, et célèbre ! pour bénéficier de la solidarité des Anglais, il faut mieux être Anglais, et célèbre ! ; pour bénéficier de la solidarité des Espagnols, il faut mieux être Espagnol, et célèbre !... C’est une idée qui ne me choque pas.

      « Pendant ce temps, MariAnne La Peine, dit qu’il faut tuer d’autres personnes pour résoudre ce problème (où alors pour se venger ? »

      En fait, ce n’est pas pour résoudre le problème - et encore moins pour se venger, on ne se venge pas de quelqu’un l’exécutant, mais en supprimant un de ses proches -, c’est simplement pour rétablir une proportionnalité entre le crime et son châtiment.


      • Robert GIL Robert GIL 21 janvier 2015 15:05

        Quelle est le degré d’horreur que nous pouvons supporter ? Des journalistes se faisant tuer à coup de kalachnikovs ou des otages se faisant égorger ? Est ce moins horrible qu’un jeune diplômé assis derrière un bureau et guidant un drone qui va assassiner des innocents et des présumés coupable ? Que se passe-t-il dans la tête de jeunes gens bien formés, intelligents qui pilotent des bombardiers et déversent leurs bombes sur des populations civiles ? Le bombardement des écoles de Gaza n’est pas moins terroriste que le massacre d’écoliers au Pakistan. La rafle de fillettes au Kenya n’est pas moins exécrable que la soumission de dizaines de milliers de femmes à l’esclavage sexuel par des mafias occidentales. La mise à mort de dizaines de milliers de nourrissons, sciemment privés de nourriture et de médicaments à des fins de pillage économique n’est pas moins criminelle que l’exécution de 43 étudiants au Mexique … et plus prosaïquement les 58 suicidés de France Telecom ne nous ont pas trop perturbé, et lire la suite ...


        • joelim joelim 21 janvier 2015 18:53

          Je pense profondément qu’on doit tout pouvoir tourner en dérision et se moquer sincèrement de n’importe quoi/qui/situation... Même si chacun est responsable de trouver sa limite INDIVIDUELLE à ce qu’il nomme le mauvais goût et sera prié d’éviter de lire, regarder, écouter, visionner les choses qui ne lui plaisent pas. 


          Peut-être n’avez-vous pas pensé à toutes les possibilités... Accepteriez-vous que quelqu’un fasse un montage pornographique avec par exemple une photo de quelqu’un de votre famille, et la publie sur une feuille de chou raciste telle que Charlie Hebdo ? J’espère que cela remet en question votre conviction.

          • E-charp 22 janvier 2015 15:35

            Il n’est dit nulle part que la liberté d’expression ne doit blesser personne.

            Votre exemple est intéressant. :

            - Si la photo est très clairement affichée comme un montage, qu’elle est tirée d’une photo bénéficiant des autorisations d’exploitation de la personne, publiée dans un journal satirique et qu’elle est positionnée dans un contexte « humoristique », elle est clairement du domaine de la liberté d’expression même si effectivement il y a peu de chance que ça me plaise à titre personnel.
            - Si maintenant le montage est « soigné » et vise clairement à ce qu’il y ait méprise sur la personne. Et que l’affichage se fait de manière sauvage et sans contrôle, elle est clairement dans l’illégalité et dans le domaine de la diffamation.

            Même si je vous accorde que la frontière peut parfois être bien mince et que certains médias profitent de la situation pour réellement dégrader l’image de quelqu’un de manière volontaire, je pense que le distingo est on ne peut plus clair à faire et que c’est un bien petit tribu à payer pour la construction d’une société avancée.

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