Je suis Toulousaine !
Comme beaucoup d’entre nous, j’ai passé une partie de la nuit devant les informations en attendant que le forcené soit arrêté ou abattu. Oui abattu !
La région est en état de choc. Toulouse, Montauban, sont de petites villes du sud de la France, un peu loin, du moins dans la tête et le cœur des personnes vivant ici, du terrorisme international. Il est bien évident que la délinquance et le banditisme existent. Mais on veut toujours croire que le terrorisme n’existe que dans les pays du moyen orient.
Mohamed MERAH, 23 ans, de père décédé et mère absente, sombre dans la délinquance. Après de nombreux petits délits, sans doute rencontre t-il la mauvaise personne, celle qui sentira sa fragilité et sa malléabilité. Endoctriné et armé, de retour d’un « stage » en Afghanistan, il se transforme en extrémiste et tue. Il traque un militaire sous prétexte de lui acheter sa moto et l’abat à Toulouse. Il se rend à Montauban, 50km au nord, et près de la Caserne du 17ème RGP, abat froidement trois militaires dans la rue, allant jusqu’à s’acharner sur l’un d’eux. Deux décéderont. Le troisième est entre la vie et la mort. Enfin, il se présente devant le portail d’une école et abat un homme et trois enfants juifs. Retranché dans son appartement du quartier de la Côte Pavée à Toulouse et lourdement armé, il est logé par la police et blesse deux policiers du RAID. De source policière, il avait identifié et prévu d’abattre un autre militaire et deux policiers de la région Toulousaine. Depuis, après avoir parlé de reddition, refusant de se suicider et préférant tuer, il est harcelé par le RAID qui refuse de l’abattre et souhaite le remettre à la justice.
Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouade étaient des militaires. Des hommes qui se sont engagés dans l’armée Française afin de mettre leur vie au service de la communauté. Des hommes qui étaient prêts à mourir pour que nous soyons libres, en sécurité. Ils étaient préparés au risque, au danger, à la mort… mais certainement pas au cœur de leur propre ville. Quelles que soient nos opinions politiques, ils méritaient notre respect pour avoir pris cet engagement. Comme le méritent tous les militaires qui ont fait ce choix.
Quand j’étais enfant, nous aimions faire « coucou » aux convois de camions militaires parce que les soldats étaient toujours sympas et répondaient avec le sourire. En grandissant, je les trouvais beaux et séduisants dans leur uniforme. En vieillissant, je comprends leur engagement et ce qu’il implique quant à leur mise en danger et à notre protection et mon sourire d’enfant se transforme en un immense respect et une grande reconnaissance.
Victimes du terrorisme ? Certainement, parce que des extrémistes ont profité de la fragilité de cet homme pour l’endoctriner. Mais au-delà d’être un terroriste, Mohamed MERAH, selon un criminologue interrogé sur BFMTV, serait un individu narcissique et psychotique. Il aime parler de lui et le fait depuis des heures avec le négociateur du RAID. Ses tentatives d’intégrer l’armée française tendraient à prouver que ses motivations n’étaient pas de nature extrémiste. Tuer une enfant à bout touchant dans la tête est un acte d’une immense cruauté, qui doit demander une froideur et une détermination sans faille. Et il serait là question de rupture psychotique. Les experts en veulent aussi pour preuve son refus de se suicider comme le font les kamikazes au moyen orient.
Pourquoi aurait il voulu intégrer l’armée s’il détestait autant les militaires ? Que se serait il passé s’il avait rejoint les rangs militaires au lieu des camps Afghans ? Aurait-il été différent ? Sa personnalité borderline aurait elle évoluée vers des tueries ?
Aujourd’hui et depuis le 11 mars, la région Toulousaine retient son souffle. La psychose était grande avant que ne soit identifié et logé le tueur. Les écoles, collèges et lycées de la région ont modifié les mouvements de leurs élèves afin de limiter leur passage devant les entrées. Les gens se retournaient et frémissaient en entendant un scooter passer près d’eux. Nous nous sentons tous vulnérables, en danger. A une autre échelle, nous ressentons ce qu’on pu vivre les New Yorkais en 2001. La peur, la sensation d’insécurité dans la rue, dans les écoles de nos enfants. Et nous commençons à comprendre clairement que la lutte contre le terrorisme est l’affaire de tous. Tout comme nous comprenons à quel point il doit être difficile d’être musulman aujourd’hui à Toulouse. L’amalgame est facile. Musulman = extrémiste terroriste. Or, il est évident que ce n’est pas le cas et les musulmans croyants sont sans doute bien plus choqués que nous de voir que leur religion, leurs croyances, sont détournées pour justifier le massacre d’innocents.
La meilleure façon de ne pas valider l’acte de se forcené serait sans doute de ne pas céder à la peur, à la psychose, à la terreur. Mais n’est-il pas inscrit dans notre ADN de ne pas vouloir mourir ?
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