Je t’accepte si tu es comme moi !
80% des homosexuels interrogés auprès de SOS Homophobie en 2017 souffrent du rejet familial et 40% subissent des insultes. Ces faits vont jusqu'à l'agression physique.
Il est souvent indispensable de mettre un mot sur une réalité pour la rendre concrète aux yeux d'autrui et lui donner un contenu explicité. Poutant, le mot "homophobie" n'est apparu pour la première fois qu'en 1971-'72 sous les plumes des psychologues George Weinberg et Kenneth Smith. Ils parlent donc d'une peur, celle, irraisonnable, éprouvée en présence d'une personne homosexuelle. Aucune ségrégation n'était encore évoquée. L'aversion fut indiquée ultérieurement par Weinberg.
Mais, de quoi ont peur ceux qui, sans aller jusqu'à l'homophobie, établissent une différence entre les homosexuels et les hétérosexuels ? J'ai pour habitude de répondre, en une boutade agressive : Ne vous effrayez pas ! Ce n'est ni contagieux, ni obligatoire !
Je ne crois pas, comme certains esprits probablement angéliques l'affirment, que nos sociétés s'éloignent de l'homophobie. C'est d'ailleurs incompatible avec la montée des extrémismes.
Il y a une quinzaine de jours, je me trouvais avec ma petite chienne dans un magasin, où un client clamait, auprès des commerçants son aversion pour les homosexuels et les transexuels. Aussi l'ai-je interpelé en lui déclarant : Je suis homosexuelle. C'est faux, encore que je sois convaincue de notre bisexualité, dont l'une des deux reste le plus souvent discrète. Je pratique désormais ce genre de réponse dans l'espoir de déstabiliser l'intolérant obtus. Cet individu a prétendu ne pas me croire. Il a aussi ajouté le cliché éculé de la beauté d'un baiser échangé entre deux femmes et de la répugnace provoquée par un baiser entre deux hommes. Et il a renchéri : pour lui, tous les homosexuels et les transexuels devraient etre brulés ! Il s'est approché pour caresser ma chienne. Je lui ai hurlé de rester à distance et de ne pas la toucher. Il est sorti, probablement pas honteux. Je me demandais si j'avais bien entendu ces ignominies.
Hier, à Palerme, un père a tué froidement sa fille parce qu'il la préfère morte que lesbienne, c'est son explication.
Quand ... quand fera-t-on comprendre que l'orientation sexuelle relève du domaine privé ? Ecrire des chartes, faire des discours politiques, rédiger des posts scandalisés sur les réseaux sociaux, ... traduisent une bonne intention. Mais, encore une fois, c'est l'éducation qui peut sinon changer la réalité, au moins l'améliorer. Les petits garçons sont toujours éduqués à devenir des "mecs". Les petites filles se voient toujours poussées vers le conte du mariage en robe blanche pour avoir des enfants. Les filles entre 10 et 17 ans accomplissent deux heures par semaine de travail ménager en plus que les garçons. Ces derniers sont poussés à la compétition. 64% des personnes ayant répondu à un sondage du Pew Resaerch Center pensent qu'il n'est pas recommandable qu'une fille ait des activités considérées masculines. C'est valable dans l'autre sens.
On s'éloigne du sujet ? Non, pas tellement. Une éducation basée sur des clichés, des différenciations sexuelles ne peut qu'amener la discrimination. Elle ne peut que forger des esprits convaincus que chacun doit rester dans son rôle, prédéterminé. L'homme est fort, sans peur, jamais déprimé, jamais angoissé, il ne porte pas de rose ou de bleu pastel, il prend les décisions. Sinon, c'est une "tantouze".
Des mots, qui ne font pas seulement mal, mais qui compartimentent jusqu'à en devenir violence d'une part, victime de l'autre.
Françoise Beck
Sources : www.inegalits.fr/ les données relatives aux psychologues se trouvent dans Maks Banens. Le rejet de l'homosexualité-réflexions terminologiques, Apr 2008, Brest, France/information.tv% monde, com/terriennes/éduquer les petits garçons et les filles pour lutter contre le sexisme.
33 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON