Jean et Johnny, deux morts pour une France réunie !
Amour et mort se sont unies autour de deux hommages - l'un "national", l'autre "populaire" - pour faire à nouveau battre le coeur de la France ! L'extraordinaire s'est produit, en avons-nous vraiment conscience ? Non, ce n'était pas une France contre l'autre, contrairement à ce qu'ont pu dire quelques jaloux pleins de rancoeur ! Ce fut un moment de communion et de grande ferveur, comme jamais notre pays n'en a vécu. La disparition quasi simultanée de Jean d'Ormesson et de Johnny Hallyday, c'est un cadeau du Ciel, la littérature et la chanson populaire réunies ! Une clameur immense s'est levée pour l'académicien issu de la grande bourgeoisie et plus encore pour le fils de personne à jamais tous deux réunis. Et nous, nous nous sommes retrouvés : un seul corps, un seul peuple !
Jean et Johnny sont partis ensemble pour permettre à nouveau une France réunie ! Mais c'est encore plus que cela, bien plus que cela, c'est leur attitude face à la mort qui nous a transcendés et redonnés de l'espoir. Un immense espoir de voir l'un s'en être allé un grand sourire aux lèvres en laissant un dernier mot qui se concluait par "la mort même ne peut rien contre moi" et le second le disant à sa manière de rocker par un doigt provocateur pointé vers le ciel, avec un même large sourire. Deux sourires chers à nos coeurs, deux sourires empreints d'un courage exceptionnel, de deux êtres exceptionnels qui ont réconcilié la France.
Oui, je dis bien "qui ont réconcilié la France". La force d'aimer la vie même devant la mort, voilà la leçon qui nous est léguée. A nous de la faire prospérer, de faire taire la petite poignée de pseudo intellectuels qui veulent ternir ce grand moment par de vils sentiments, celui de la jalousie n'étant pas le moindre, car jamais ils ne bénéficieront, eux, d'une telle unanimité parce qu'ils sont les hérauts des passions tristes, alors que Jean et Johnny incarnent à jamais la joie seule, une joie forte, quasi divine, qui s'est alliée en une force unique embrassant la terre et le ciel à la fois. La voilà la raison.
Jean et Johnny sont la France. "On" leur a contesté cela. "On" a essayé de nous faire croire qu'ils n'étaient pas le coeur de la France, ou alors seulement celui d'une petite France, d'un vieux peuple ranci. Quelques voix stupides se sont émues préférant laisser parler leur bile plutôt que leur joie d'être français et de vivre pleinement la Vie comme le faisaient ces deux-là, Jean et Johnny, qui incarnent la France. D'ailleurs la France le leur a bien montré dans un élan patriotique comme jamais encore cela ne s'était produit. Jean écrivait pour les Français, aucun de ses livres n'a été traduit pour l'étranger. Johnny a certes emprunté ses premières chansons et son premier style à l'Amérique mais ensuite il est devenu un géant de la culture française par ses chansons de qualité, autant pour la musique que pour les textes, avec l'aide des plus grands paroliers de notre époque. Johnny faisait de la chanson bien française. Jean écrivait une littérature très française.
Qu'y a-t-il de plus mesquin, je dirai plutôt "de plus moche" parce que je sens que c'est ce qu'auraient pu dire Jean et Johnny, que de profiter de la notoriété de grands disparus pour se refaire un peu de publicité. N'est-ce pas là le recours que n'ont que ceux qui sont sans véritable talent ? Même les critiques les plus odieux ne vont pas jusque-là.
Alors quoi ? Il n'y avait que des blancs aux obsèques de Johnny ? Qu'est-ce que cela prouve ? Qu'est-ce qui nous dit que beaucoup de jeunes issus de l'immigration n'ont pas été peiné par la mort de cette idole nationale ? Rien ! Aucun sondage n'a été réalisé sur cette question. Ils ne se sont pas déplacés pour un tas de raison. La première étant que les jeunes des quartiers de la couronne de Paris ne descendent pratiquement jamais sur les Champs Elysées. On ne les a pas vus non plus - ou peu - pour la commémoration des attentats. On les voit peu également à l'occasion de certains grands évènements, comme le Tour de France, dont nul ne viendrait à mettre en doute le succès populaire chaque année renouvelé en dépit des questions de dopage dont cette épreuve sportive est entachée régulièrement.
Et c'est sur ce dernier point que j'insisterai aussi. Tout comme le Tour de France n'est pas exempt de reproches, Jean et Johnny n'étaient pas parfaits, loin de là. Jean d'Ormesson reprenait à son compte les travers qu'on lui trouvait et il en faisait une occasion d'autodérision avec une honnêteté incomparable. Johnny Hallyday fut en délicatesse avec la drogue et avec le fisc. Et cependant, les Français dans leur coeur, les ont portés en un haut point d'estime parce que c'est l'humain que leur coeur voit. "L'essentiel est invisible pour les yeux", dit Saint-Exupéry dans le Petit prince, le livre de littérature le plus traduit et vendu dans le monde. Les Français ont retenu de leurs deux chers disparus cet "essentiel" dont parle le grand écrivain qui lui aussi rassemble encore sous sa plume, bien longtemps après sa mort.
Contrairement à quelques pauvres âmes en peine qui viennent pourrir l'esprit collectif par leurs propos fétides, parce qu'ils sont peut-être malheureux, les Français sont venus remercier une dernière fois deux vrais hommes, qui ont accompagné leur vie et qui leur ont donné l'envie. Johnny a jeté ses toutes dernières forces dans sa dernière tournée, ne se ménageant pas, arborant un sourire et une pêche d'enfer, dans un acte ultime et héroïque. "Héros" Johnny ? Je ne sais pas pas. Pas toujours sans doute. Mais ce que l'ont retient, c'est qu'il se donnait comme on dit, sans limite et jusqu'au danger, et que la dernière ligne de droite de sa vie fut faite de souffrance et qu'elle fut héroïque.
A ce titre, j'oserai avancer même que ces deux cas sont à rapprocher de la forte popularité dont jouit l'ancien président Jacques Chirac que personne pourtant ne qualifierait de saint homme. L'amour est plus fort que tout, et en tout cas plus fort que les polémiques qui ne cherchent qu'à diviser, et, sous prétexte de vouloir notre bien, viennent déchirer ce qui reste d'union sacrée chez un vieux peuple, qui heureusement en a vu d'autres. Certains s'emparent de toutes les opportunités et prétendent nous ouvrir les yeux alors que nos paupières n'ont jamais été scellées. Nous voyons, nous savons, mais quelquefois nous pardonnons. Nous sommes reconnaissants envers ceux qui nous ont permis de les aimer. Car le véritable amour après tout n'est-il pas de donner à aimer ? Au moment où j'écris ces mots, les livres de Jean d'Ormesson connaissent un succès jamais atteint. Les lecteurs se ruent dessus et ce n'est pas par hasard. Ils viennent dans les librairies parce qu'ils savent y trouver l'oeuvre d'un homme simple qui les remplit de joie de vivre.
Est-ce honteux, docteur ? Non, répondent en choeur Jean d'O et Johnny Hallyday. "Carpe diem" ajoutent-ils d'une même et seule voix, emplie de chaleur et de générosité.
Merci à vous deux, Jean, Johnny, d'avoir réuni la France, elle qui depuis quelque temps avait du vague à l'âme. Vous avez fait plus que bonne figure : jusqu'au bout, vous vous êtes comportés en exemples. Et ce sont vos exemples que nous suivrons, vos exemples riches d'espoir.
Il y a, à quelques mois près, cinquante ans maitenant, la presse titrait "la France s'ennuie". Aujourd'hui, avec vous la France revit !
« Mais que je sois passé sur et dans ce monde où vous avez vécu est une vérité et une beauté pour toujours et la mort elle-même ne peut rien contre moi. » (extrait de la dernière page écrite par Jean d'Ormesson, trois jours avant sa mort).
Alors, si même la mort n'a rien pu contre ces deux-là, qui donc peut se croire assez fort pour nous les enlever ?
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