Jean-François Copé ou l’enjeu d’une manipulation réactionnaire de l’histoire
Jean-François Copé convoque la cavalerie lourde. Après avoir mis sur le même plan le collabo Brasillach et le révolutionnaire Robespierre, le chef de l'UMP poursuit ses acrobaties idéologiques : Minute=L'Huma. Ou comment tenter de ne pas dire de quel camp l'on est.
C'est une grande tendance actuelle à droite : tenter d'effacer les horreurs de l'extrême-droite en postulant qu'on ne voit pas très bien ce qu'aurait de plus fréquentable l'extrême-gauche française, évidemment coupable des crimes staliniens et, plus fondamentalement, de la soi-disant terreur robespierriste. Petite tentative de manoeuvre intellectuelle pour faire croire au bon peuple que les idées portées à la gauche du PS ont quelque chose à voir avec les idées portées à la droite de l'UMP. Et du même coup, tentative de se dédouaner d'une inclination chez Copé de ne pas trouver les idées de l'extrême-droite foncièrement scandaleuses, sachant que du côté du PS, l'alliance avec le Front de Gauche ne parait effrayer personne.
D'une part, il convient de préciser qu'au PS, la tendance générale est plutôt à vouloir se débarrasser de l'encombrant poids du Front de Gauche, pour sa fâcheuse tendance à rappeler à qui veut l'entendre ce que devrait en principe être une politique de gauche. Copé fait simplement semblant de ne pas remarquer que, d'un point de vue idéologique, les différences entre l'UMP et le PS sont cosmétiques. Réactionnaire en diable, son ambition est de parvenir à une démocratie où néo-libéralisme, capitalisme et cupidité outrancière sont devenus les maîtres mots d'une république parfaitement creuse.
Mais il va plus loin. Au-delà de la stigmatisation du seul véritable ennemi de gauche qu'il a face à lui, Copé s'aventure à refaire l'histoire. Entre Brasillach et Robespierre, il n'y a pour lui pas l'ombre d'une différence, ce ne sont là que deux formes d'extrémisme dont chacun devrait savoir se prémunir. Brasillach, figure émininente de la droite extrême récemment encore brandi par JM Lepen, qui appelait dans la feuille collaborationniste Je suis partout à ce que la réaction pétainiste de droite n'oublie pas, parmi ses services rendus à l'occupant, d'inclure les enfants de juifs dans le grand carnage. Robespierre, qui se prononça contre l'esclavage et la peine de mort, réclamant que les juifs aient les mêmes droits que les autres citoyens, personnage soi-disant sulfureux de la révolution de 1789, qui en fut pourtant l'une des figures les plus essentielles, à qui le premier réactionnaire venu croit bon d'attribuer les quinze-mille exécutions de la Terreur, contre toute l'évidence des textes historiques les plus sérieux sur la révolution française.
Jean-François Copé sait très bien ce qu'il fait. Son ambition est d'empêcher le peuple français d'honorer comme il se doit la mémoire de l'un de ses principaux libérateurs de la tyrannie monarchique et aristocratique, Robespierre. La répression réactionnaire de la Commune en 1871 fit en une semaine de vingt à trente mille morts mais cela n'évoque rien à J-F Copé, pas plus qu'à la population française soumis à un enseignement partial et à qui seule la Terreur est en droit de tirer des larmes. Car qu'est-ce que vingt à trente mille êtres ayant défendu l'idéal d'une république sociale pour Jean-François Copé, comparés au quinze-mille guillotinés pendant la révolution, parmi lesquels beaucoup ne se gênaient pas pour fournir aux armées étrangères les meilleures informations afin de mettre à bas la République française naissante ?
D'une certaine manière, Copé et toute sa clique de réactionnaires (cf. Juppé, pas en reste sur le sujet) rendent service à l'histoire nationale. Car il est temps de comprendre pour le peuple français que notre histoire est un enjeu sans pareil et que l'enseignement que l'on fait actuellement à nos enfants des révolutions de 1789, 1830, 1848, 1871, est de l'indigence la plus extrême. Ce dont se régalent les héritiers d'aujourd'hui de Marie-Antoinette, Louis XVI et de Thiers, les Copé et Juppé pour qui le peuple ne vote bien que lorsqu'il élit ses propres tortionnaires, Sarkozy autrefois, Hollande aujourd'hui, petit fayot de la classe réactionnaire à qui le sceptre a été confié pour cinq ans.
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