• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Jean Leonetti invente le « droit au sommeil »

Jean Leonetti invente le « droit au sommeil »

 

 

J'apprécie beaucoup cet homme qui se pose de vraies questions. Il reconnaissait à l'antenne que la médecine face à des fins de vies est incapable aujourd'hui d'éviter que les personnes souffrent, y compris moralement, et qu'il existe chaque année des dizaines de milliers de cas pour lesquels il faut trouver une solution.

La solution « le droit au sommeil »

Mais quand sur France Inter ce jour il préconise dans le cadre de sa mission sur la fin de vie confiée par le Président Hollande qu'il faudrait inventer le « droit au sommeil » j'ai la confirmation qu'il est, comme tous les législateurs face à une impasse dont il ne sait comment sortir.

Est-ce la solution de tenter de nous endormir face à cette réalité qui inquiète les Français ?

L'impasse de la loi Léonetti

Si dans le mouvement des 4 associations Françaises « droit de mourir dans la dignité » j'ai toujours défendu la loi Jean Léonetti 2005 car elle fait un petit pas vers la reconnaissance des droits de l'usager de la santé et comme Armstrong il me semble que c'est un grand pas pour nos législateurs qui n'écoutent que les lobbys et leurs propres peurs. L'énoncé du « Droit au Sommeil » ce jour confirme que la volonté de légiférer pour un acte d'euthanasie est une impasse. On ne peut pas améliorer la loi Léonetti car toute loi spécifique à l'euthanasie conduit à l'impasse du « tu ne tueras point ».

Message à Jean Léonetti et aux législateurs

Pourquoi traiter la mort, la médicalisation de la mort, en dehors de la relation soignant-soigné qui est une relation connue bien qu'aujourd'hui en pleine évolution ? La relation entre le soignant et le soigné a besoin d'être protégée par la société car c'est une relation de confiance qui permet une collaboration pour « soigner » la personne. Il suffit de re-définir clairement le rôle de chacun dans cette relation et s'assurer d'un contrôle permettant de garantir que chacun respecte son rôle, donc la loi.

Droit de l'Usager du Système de Santé

En complément des droits déjà établis, il faut préciser que l'Usager du système de santé a le droit d'exprimer toutes demandes de soins pour ce qu'il estime être sa qualité de vie. Il doit être informé et en mesure de comprendre s'il le demande ce que le diagnostique du médecin veut dire, quels traitements, leurs modalités et leurs conséquences. Dans les cas où sa qualité de vie ne peut être assurée l'Usager doit avoir le droit de choisir un traitement qui lui permette de quitter la vie dignement dans des conditions qu'il choisit. Au cas où l'Usager est incapable de s'exprimer ou décide qu'il a besoin d'aide, il doit pouvoir être représenté par la personne de son choix avec les mêmes droits et pouvoirs que l'Usager. Cette personne dite « de confiance » ne peut être choisie parmi ceux concernés par les conséquences de l'incapacité ou du décès possible de la personne.

Droit à la pratique de l'Acte Médical Irréversible

Les soignants pratiquent régulièrement des « actes médicaux irréversibles ». Ces actes donnent lieu à des procès de plus en plus souvent car cette pratique est aujourd'hui mal encadrée par la loi. Quand on coupe le bras à une personne ou toute ablation, que l'on modifie le corps par une suppression d'organe ou adjonction de matériaux (prothèse, plaque, vis, … lifting) l'expert médical fait un ensemble d'actions dont il n'est jamais certain du résultat car chaque cas est un cas unique. La fin de vie de chacun est lui aussi un acte unique qui doit s'adapter aux circonstances spécifique de la personne en respectant sa volonté.

La loi doit encadrer l'Acte Médical Irréversible avec le but de protéger l'individu, le praticien d'une science sans certitudes et permettre à la collectivité de contrôler que le protocole légal pour garantir ces droits a été respecté (voir notre proposition de loi www.aavivre.fr).

Réconcilions nous sans des solutions à « dormir » debout

La fin de vie est une période de vie riche car c'est la seule période où il n'y a pas de lendemain, où nous sommes face à ces vérités qui nous font « homme ». Certains choisirons d'ignorer la mort tant qu'ils le pourront, d'autres suivront des croyances qui leurs permettent de faire face aux difficultés, mais les Français à plus de 80 % veulent que l'on les rassure en leur garantissant qu'en cas de besoin il trouveront l'aide médicale qu'ils souhaitent, sans fard, sans hypocrisie et pourront « vivre debout » jusqu'au dernier jour possible, souhaité ou choisi.


Moyenne des avis sur cet article :  4.2/5   (10 votes)




Réagissez à l'article

7 réactions à cet article    


  • Gabriel Gabriel 19 août 2014 09:22

    Bonjour à l’auteur et tout mon respect pour son action. Ma partenaire a été accompagnante en milieu palliatif pendant dix sept années avec les associations JALMALV & ASP aussi, sans prétention aucune, après mure réflexion, j’en arrive toujours à la même conclusion. L’euthanasie médicalement assistée, car c’est bien de cela qu’il s’agit, est un geste d’amour et d’humanité envers la personne atteinte d’une très lourde pathologie et qui, de son plein gré, a décidé d’en finir mais ne peut le faire par ses propres moyens. Il est toujours difficile d’établir une loi précise car, vous le savez, chaque cas est spécifique, particulier. Cependant, il faut tout de même donner un cadre législatif afin d’éviter les abus et condamner les malversations. Évidement, la priorité doit être donnée au développement des centres de soins palliatif et à la formation des soignants tout comme des accompagnants mais, j’en reste convaincu, la décision ultime appartient au patient et à lui seul. Cordialement.


    • AAVIVRE AAVIVRE 19 août 2014 09:40

      Merci de votre soutient, j’apprécie notamment lorsque vous parlez de votre expérience.

      Veuillez regarder notre site www.aavivre.fr et voir notre toute autre approche pour une loi acceptable par tous. 

      Cordialement

    • foufouille foufouille 19 août 2014 11:02

      faut pas vous inquiéter. dans une société libérale, le patient coûte. il se peut que certains soient considéré comme une banque d’organes ...........


    • Furax Furax 19 août 2014 17:29

      La loi Léonetti fut une des rates loi de la République, qui, après un travail très important en commissions, fut adoptée à l’Assemblée Nationale à l’UNANIMITE.
      Que ses successeurs fassent aussi bien !


      • cloclo54 23 août 2014 21:35

        Tout à fait d’accord avec cet article. La loi Léonetti a été décrite comme une avancée mais en y regardant de plus près, la réalité est tout autre. Les médecins qui, avant cette loi, aidaient leurs patients à mourir rapidement, n’osent plus le faire parce qu’ils ont peur d’être dénoncés par un membre de la famille ou par un voisin qui serait opposé à cette aide ou par un voisin et ils ont peur de se retrouver dans la même situation que le Dr Nicolas Bonnemaison qui s’est retrouvé devant la cours d’Assises suite à la dénonciation des membres de son personnel.

        L’hypocrisie de cette loi l’est à plusieurs titres. D’abord, bien qu’elle confirme l’interdiction de l’euthanasie, quand on arrête d’alimenter et d’hydrater un malade, on sait tous très bien qu’il va finir par mourir donc l’intention étant bien de le faire mourir (cas V. Lambert) on, parle bien d’une euthanasie « passive » mais, à bien y regarder, pas si « passive » que ça d’ailleurs puisque les gestes sont actifs par omission ! On veut nous endormir avec ces explications mais ça ne marche pas !

        Les membres du gouvernement sont piégés par les lobbies forts, riches et puissants qui ne veulent pas de cette loi de liberté. Les longues agonies rapportent gros à ceux qui gravitent autour d’elles : laboratoires, maison de retraite pour ne citer qu’eux. Et puis, s’ajoutent à cela les lobbies religieux. Le « tu ne tueras point » qu’on nous brandit comme une vérité, sans même chercher à comprendre que l’aide à mourir que l’on apporte à quelqu’un qui la demande peut être traduite par un acte de charité chrétienne.
        F. Hollande s’est piégé avec la loi sur le mariage pour tous qui ne concerne qu’une petite majorité de personnes. Il ne veut pas risquer de se retrouver avec des manifestations anti-euthanasie dans les rues. Il faut dire que les anti-euthanasies font beaucoup plus de bruit que ceux qui réclament cette loi de liberté.

        Quant à Manuel Valls, après avoir déposé une loi réclamant un droit à une mort douce et rapide, donc à légaliser l’euthanasie en 2009 quand il était dans l’opposition, on ne l’entend plus rien dire à ce sujet.

        Normal, il est devenu le N° 2 du gouvernement Hollande !

        La gauche au pouvoir avait tous les atouts en main pour faire voter cette loi. Elle n’a pas eu le courage d’aller au bout des promesses faites, c’est dommage et bien regrettable !
        Espérons quand même un sursaut de lucidité pour qu’enfin, les malades puissent partir comme ils le souhaitent dans notre pays sans avoir à s’exiler dans un pays voisin... pour les plus fortunés !


        • sonjaline 24 août 2014 11:20

          unanimité ? faux : des députés étaient absents, des sénateurs se sont abstenus

          mais au delà de çà,

          est-ce réellement une bonne chose qu’une loi qui fait un consensus à 99%,

          est-ce que cela ne signifie pas : dictature ?

          (la démocratie demande des votes à 50% des voix +1, pas à 99% ; score des dictatures)

          est-ce que cela ne préjugeait pas d’une loi inapplicable (et inappliquée) ?

          termes flous

          aucun moyen de l’imposer (pas de possibilité prévue de sanctions en cas de non application)

          aucun moyen prévu de la faire connaître (restée inconnue de tous trop longtemps)

          quelles avancées ou reculs ?

          les soins palliatifs avaient été mis en place par la circulaire Laroque en 1982 , jamais appliquée, qui prévoyait que tous les soignants puissent les pratiquer. rien de nouveau à ce sujet.

          la personne de confiance ? mise en place par les lois Kouchner précédentes

          seule avancée : les directives anticipées, mais ce dispositif n’est toujours pas connu de la grande majorité des citoyens, très peu utilisé, certes en partie parce qu’on n’aime pas parler de la mort (nos médecins en tête, qui l’ont vu trop souvent comme un échec personnel), mais surtout parce le système de santé s’est bien gardé de le faire connaître, et pour ceux qui ont quand même écrit leurs volontés, la loi ne les assure pas du respect de leurs volontés sur leur propre vie !

          reste de la médecine patriarcale qui impose son point de vue aux autres.

          et qu’on aimerait, nous usagers du système de santé, voir disparaître.

          il manque à la loi leonetti plusieurs choses :

          1) le respect absolu des directives anticipées par les médecins

          2) le respect de l’usager du système de santé en général, seul décideur des soins qu’il accepte ou refuse, après dialogue.

          3) la prévision des compléments nécessaires, pour qu’elle soit divulguée, expliquée auprès de tous les citoyens, appliquée par les médecins, et qu’en cas de non application, il y ait des sanctions graduées comme pour le code de la route !


          • cloclo54 24 août 2014 19:27

            Ce n’est pas que quelque chose manque à la loi Léonetti, c’est qu’il faut la remplacer par une autre !
            une loi qui légalise l’euthanasie et le suicide assisté (les deux) c’est à dire la même loi que celle qui est en vigueur dans les pays du Benelux, Belgique en tête.
            Une loi qui nous permettra, à nous, patients de décider de notre fin de vie comme nous la souhaitons et non pas comme le corps médical (et les groupes religieux) veulent nous l’imposer !
            Les directives anticipées n’auront de sens que quand cette loi sera votée parce qu’alors, les malades pourront décider réellement de ce que sera leur fin de vie, avec le panel complet du choix. Les médecins pourront alors les aider sans avoir à risquer de se retrouver devant une cours d’Assises comme c’est le cas pour le Dr Bonnemaison.
            En attendant, cette loi Léonetti n’oblige pas les médecins à respecter les directives anticipées et confère aux seuls médecins la décision finale, avec ou sans l’accord de la famille d’ailleurs !
            quand à la sédation terminale préconisée, ce n’est ni plus, ni moins qu’une euthanasie dite passive puisque l’intention en arrêtant l’alimentation et l’hydratation est bel et bien de faire mourir le malade. Donc pas si passive que cela. Euthanasie différée de quelques jours, au pire quelques semaines, serait plus juste !

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès