Jean-Pierre Denis : une baisse de rémunération qui fait sourire
En surfant habilement sur la vague de solidarité amorcée par certains dirigeants, afin de lutter contre les conséquences de l’épidémie de coronavirus, les patrons de notre banque, le Crédit Mutuel Arkéa, annonçaient, fin mai, supprimer les bonus devant leur être attribués en 2020. Une farce !
Jean-Pierre Denis baisse son salaire et nous devrions applaudir ? Et puis quoi encore ! Chaque année, le président d’Arkéa empoche plus d’un million et demi d’euros. Une somme rondelette. Plus élevée que celle encaissée par certains patrons du CAC40 sur la même période. Sauf qu’à la différence de ces derniers, Monsieur Denis est à la tête d’une banque, en théorie mutualiste, censée appartenir à ses clients.
Et qu’en plus de ça, début 2019, la maison mère d’Arkéa, j’ai nommé la Confédération du Crédit Mutuel, a tancé les patrons d’Arkéa, concernant justement leurs rémunérations variables — celles-là mêmes que les patrons d’Arkéa ont décidé de ne pas percevoir cette année — celles-ci étant tout bonnement non conformes à la loi.
Drôle de coïncidence me direz-vous : pendant 10 ans, les patrons d’Arkéa — Jean-Pierre Denis et Ronan Le Moal — empochent chacun plusieurs millions au titre de leur rémunération variable ; en 2019, la Confédération met son nez dans leurs affaires et les somme de mettre un terme à ces magouilles ; dans la foulée, Arkéa tente en catimini de réformer les statuts de la banque pour légaliser leurs millions, mais c’est le couac : nos syndicats s’y opposent et demandent une expertise extérieure. Nous voici en 2020, la tendance est à la solidarité et à la baisse de leur rémunération pour certains dirigeants, une occasion pour Jean-Pierre Denis de surfer sur la vague tout en cachant la poussière sous le tapis.
Côté solidarité, là encore le bât blesse. Alors que toutes les fédérations du Crédit Mutuel ont opté avant tout le monde pour la prise en charge des pertes d’exploitation, liées au coronavirus, de leurs assurés professionnels, notre banque a décidé de bouder cette décision et de ne pas l’appliquer.
À la place, Arkéa s’est attachée à mettre en avant le report des échéances de prêts… ni plus ni moins que ce qui a été demandé par le gouvernement. À la différence que la banque a appliquée des pénalités de retard aux emprunteurs. Classe.
En même temps, il faut bien payer la rémunération variable de Jean-Pierre Denis ! Ce n’est pas parce qu’il ne la percevra pas cette année qu’il ne compte pas avoir le double l’année prochaine.
Cette mascarade n’a que trop duré. D’autant que si notre banque avait obtenu son indépendance avant la crise sanitaire et économique que nous vivons, celle-ci aurait mis la clé sous la porte en raison de la gestion capitaliste que lui inculque Jean-Pierre Denis depuis sa prise de fonction. Il est plus que jamais nécessaire qu’un vent de renouveau souffle sur la direction de notre banque et que son statut mutualiste redevienne une réalité. Car nous en sommes bien loin.
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