• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Joël de Rosnay, la révolution internet et les entreprises

Joël de Rosnay, la révolution internet et les entreprises

DDB Nouveau Monde Lyon accueillait jeudi 31 mai une conférence de Joël de Rosnay : La révolution internet bouleverse la relation entre l’entreprise, ses marques, ses publics. Quels sont les scénarios de la communication du futur ? Voici les idées qui m’ont le plus marqué dans cette conférence.

Un des directeurs de DDB Lyon (dont je n’ai pas le nom) introduit la conférence à peu près de la sorte : notre système de valeurs personnelles et professionnelles et le système de valeurs capitalistique de l’entreprise sont remis en cause par les nouveaux usages d’internet, et par des entreprises comme Google.

Sur le coup, je me suis dit : Ca ressemble au discours d’une entreprise de communication et surtout de pub, bien traditionnelle qui se demande à quelle sauce elle va être mangée.

Les questionnements d’une agence de com’ à propos d’internet

Cette première impression n’était pas la bonne, et il était plutôt intéressant d’assister aux questionnements d’une agence de com’ sur la manière dont elle doit s’adapter au nouvel internet.

Par exemple Philippe Coudol, responsable des stratégies internet chez DDB, fait ce préambule : si l’on n’est pas présent sur internet (proposer un discours sur le web) et qu’on ne communique pas avec internet (établir un dialogue avec ses publics en ligne), on sera communiqué par internet (ce n’est pas parce que vous n’y êtes pas qu’on n’y parle pas de vous).

Et il propose de remplacer le terme NTIC par l’expression technologies de la relation. Ce qui introduit parfaitement l’intervention de Joël de Rosnay...

Le nouvel internet vu par Joël de Rosnay

De Rosnay commence par cette affirmation provoquante : Internet va disparaître. Disparaître sous la forme où nous le connaissons aujourd’hui : nous n’irons plus sur internet, car l’internet sera fondu dans notre environnement, comme l’électricité aujourd’hui. De même, on n’accèdera plus à l’ordinateur via un écran, mais l’ordinateur sera autour de nous (objets intelligents et communicants).

Dit comme ça, cela peut paraître de la science-fiction, mais il s’appuie sur plusieurs exemple probants : Motion Capture Technology utilisée pour faire de la pub dynamique à l’aéroport de Los Angeles, stylos électroniques pour remplacer la saisie clavier, écrans souples pour laisser son PDA dans sa poche...

(Au passage, j’ai trouvé assez amusant de prendre une leçon de technologie par un geek aux cheveux gris !

Les nouveaux marchés du peer to peer

Lorsque Joël de Rosnay aborde les nouveaux pouvoirs donnés aux citoyens et aux consommateurs par les technologies de la relation, il fait ce pronostic : la banque, l’assurance, le consulting et l’éducation seront les prochains marchés touchés par le peer to peer.

Pour les deux premiers marchés, il a des exemples concrets : aux USA et au Japon, certaines sociétés proposent désormais de mettre en relation les internautes pour qu’ils se prêtent de l’argent ou co-assurent leurs voitures.

Pour le consulting, j’ai du mal à imaginer la chose. De Rosnay affirme que le consulting est organisé de manière trop tayloriste, et que demain une entreprise pourra faire appel à plusieurs consultants distincts sur un même dossier. Bon... Il faut dire que c’est un milieu que je ne connais pas.

L’Education nationale est trop tayloriste

  • un programme national,
  • une évaluation binaire : >10 on passe (bon), <10 on redouble (mauvais),
  • une évaluation des enseignants en un lieu et un moment donnés.

Joël De Rosnay parle de coéducation à propos de l’impact du P2P sur l’éducation : ceux qui ont une expertise la transmettent à ceux qui la recherchent. Les jeunes peuvent ainsi éduquer les plus âgés, et inversement, en fonction des compétences de chacun.

Et l’enseignant devient un connecteur d’intelligences plutôt qu’un dispenseur de connaissances. Par exemple : Une classe fait une sortie à la Cité des Sciences. Certains élèves sont chargés de faire un reportage vidéo, d’autres une présentation multimédia. Ils mettent leur travail en ligne sur leur blog. En classe, on les commente, et on va chercher sur internet ce qui manque pour les enrichir.

Sommes-nous prêts ?

Sommes-nous prêts à nous approprier ces nouveaux outils et ces nouveaux pouvoirs ?

C’est la question qui m’est venue dès le premier tiers de la conférence, à l’évocation de cette publicité dynamique à l’aéroport de Los Angeles : sur le mur d’écran le long du couloir de la salle d’embarquement, une voiture vous suit. Si vous accélérez, elle accélère, et inversement. Et le conducteur est à votre image (tout cela grâce aux Motion Capture Technologies).

Les individus seront-ils réceptifs ?

Les cibles de la publicité ont de plus en plus de mal à la tolérer, car elle se fait de plus en plus insistante et intrusive. Le mouvement des antipubs en est l’expression la plus exacerbée. Si l’internet devient ambiant, la communication et la publicité le deviendront aussi. Sommes-nous prêts à l’accepter (derrière moi, une personne s’est exclamée plusieurs fois à propos des nouveaux objets communicants : mais c’est effrayant !) ?

Et sommes-nous prêts pour nous approprier ces nouveaux outils et usages ? Une personne faisait remarquer à la fin de la conférence que lorsqu’elle revenait de vacances, elle avait déjà l’impression d’être dépassée par les nouveautés. Qu’en est-il des personnes qui utilisent à peine l’e-mail ?

Dans mon entourage, les enseignants et les ingénieurs ont du mal à saisir l’engouement pour les blogs, pour Youtube et pour Wikipedia (il y a des gens qui ont du temps pour faire ça ?). Comment vont-ils aborder demain l’informatique déportée et les objets connectés en permanence ?

Les entreprises sauront-elles s’adapter ?

Toutes les entreprises qui innovent et qui font parler d’elles sur internet sont à une écrasante majorité des pure players, des entreprises dont l’activité se situe exclusivement sur internet : Amazon, Skype, Ebay... Quid des bricks and mortar, des entreprises qui fabriquaient et qui vendaient avant internet ?

La plupart sont encore réticentes à vendre en ligne. Ne sont-elles pas condamnées à mourir, face aux pure players qui ne vont cesser d’émerger et de prendre des parts de marché ? Les bricks and mortar sont-elles capables de s’approprier les technologies de la relation pour exister sur les marchés de demain ?


NB : J’avais lu La révolte du pronétariat de Joël de Rosnay. J’avais trouvé ça très universitaire et assez ennuyeux (peut-être parce que je sortais du bouillonnant Blogs pour les pros de Loïc Le Meur...). Vu les qualités d’orateur et les propos enthousiasmants du bonhomme lors de cette conférence, je vais lui donner une seconde chance avec 2020, les scénarios du futur.


Moyenne des avis sur cet article :  4.11/5   (18 votes)




Réagissez à l'article

13 réactions à cet article    


  • L'enfoiré L’enfoiré 13 juin 2007 11:04

    @L’auteur,

    Bien résumé, bon article. « La révolte du pronérariat », je l’ai écouté et j’ai eu les mêmes réactions que toi : « trop plastique, trop de recherche de sensationnalisme, pas assez concret ». Les articles de de Rosnay sont souvent lancé sur AV sans suivi du côté commentaires. Je le déplore car ce n’est pas comme cela que je vois AV. Mieux vaut écrire des livres ou des journeaux, dans ce cas. Mais je ferme la parenthèse.

    Donc, to article tombe bien.

    « Internet va disparaître. il sera fondu dans notre environnement, comme l’électricité aujourd’hui. De même, on n’accèdera plus à l’ordinateur via un écran, mais l’ordinateur sera autour de nous (objets intelligents et communicants). »

    >>> Je suis assez d’accord dans cette vision. Dans mon dernier article de futurologie de 2050 « Le bâton... », je lui avait donné le nom de Mondianet. Tous les medai seront du melting pot.

    « technologies de la relation, : la banque, l’assurance, le consulting et l’éducation seront les prochains marchés touchés par le peer to peer. »

    >>> C’est sûr, il y aura seulement un peu plus de sécurité encore à mettre en place. On rigole et on prend la mouche quand on parle de vote par internet et pourtant, c’est un avenir parfaitement plausible. Il suffit de sécurité, de reconnaissance par le système. La carte d’identité européenne électronique avec Pin Puk code existe déjà. J’en ai une, il n’y a plus qu’à lancé l’utilisation.

    « Sommes-nous prêts ? »

    >>> Etions nous prêt à utiliser le GSM, le GPS, la télé numérique avec ses avancées technologiques.

    « Le mouvement des antipubs en est l’expression la plus exacerbée »

    >>> Sommes-nous différents des USA au sujet de la pub ? Au départ 3 minutes par heure à la télé. Actuellemment.... !

    « sommes-nous prêts pour nous approprier ces nouveaux outils et usages ? »

    >>> Une génération et puis s’en vont. L’école est monopolisée par les outils et les enfants en savent plus que leurs parents. Ils deviennent leur professeur.

    « Les entreprises sauront-elles s’adapter ? »

    >>> ce sera cela ou mourir. Et elles n’ont nulle envie.


    • David Wynot David Wynot 13 juin 2007 17:45

      L’auteur écrit Au passage, j’ai trouvé assez amusant de prendre une leçon de technologie par un geek aux cheveux gris !

      Réponse DW Contrairement aux clichés, l’innovation, la créativité ou la synthèse prospective se nourissent d’une culture touche à tout et libre d’associations d’idées.

      Ce que les experts, les spécialistes et particulièrement les français n’aiment pas.

      Joel de Rosnay est un « américain » d’esprit prophète dans un pays qui benit encore les valeurs de tradition, d’ordre, de hiérarchie et de chacun sa spécialité.

      Nous, du pays des internautes, travaillons déja dans les valeurs de prospective, de réseaux, et de liens « related »...

      Et Joel de Rosnay est dans la prospective depuis longtemps, il voyage beaucoup, il est curieux de tout et il sait synthétiser ce qu’il voit, il garde donc toujours 6 mois d’avance (et oui, seulement 6 mois, si moi aussi smiley

      David


      • L'enfoiré L’enfoiré 13 juin 2007 18:25

        David,

        Joel de Rosnay, américain ou français américanisé ? J’ignorais. Fondateur d’Agoravox en sus. Cela explique tout. On explique tout de l’autre côté de l’atlantique avec un maximum d’interprétations toutes personnelles. Mais on n’aime pas trop les contestations. Donc répondre aux commentaires ou aux contestations, c’est pas trop la tasse de thé. J’ai vérifié, les articles sous ce nom n’ont jamais reçu de followup de l’auteur. smiley

        Merci pour l’info.


      • L'enfoiré L’enfoiré 14 juin 2007 08:54

        Eureka. Joel de Rosnay fait de la planche à Biaritz. Il ne surf pas uniquement sur internet. FR3 et « Les Racines et les Ailes » du 13 l’y a découvert. smiley


      • Mysticman Mysticman 19 septembre 2007 20:21

        J’ai beaucoup d’estime et de respect pour Joel de Rosnay qui est aussi surfeur et qui habite pas très loin de chez moi aussi.

        Il a co-fondé Agoravox mais aussi Cybion. A part Joel de Rosnay je connais personne en France aussi calé en nouvelles technologies. Il connait tout et j’apprends beaucoup de choses quand j’ai pu lire certains de ses articles.

        Joel de Rosnay est un visionnaire de la science tout comme Jacques Attali est un visionnaire de la société.


      • picnov 14 juin 2007 13:32

        merci MR de ROSNAY

        MERCI grace à votre expérience de culture générale scientifique et sportive de placer ce débat au niveau réel

        mon expérience dans la gestion industrielle et aussi dans le secteur des bureaux d’ études et des BTP en particulier dans une société filiale japonaise me permet de dire que un des paramétres les plus critiques est l’ accélération des échanges dématérialisés , contrats , commandes , plans , études générales etc et budgets révisés « revolving » , la « vitesse » des informations est réellement passée de la fréquence mensuelle dans les années 1980 à un véritable temps réel de fréquence journaliére , le développement chez les constructeurs automobiles a réduit considérablement ses délais et l’ intégration des systémes compatibles est une banalité ; c’ est pourquoi les remous chez EADS et les explications « vaseuses » des anciens dirigeants sont des péripéties d’un autre age vieux de moins .... de dix ans ..... enfin des techniques commme le RFID ( puces incorporées dans les organisations : logistiques ; fabrications , controles véhicules et flottes etc... ) va rapidement détroner le code barre ( exemple recherche des bagages aux aéroports etc.. )ainsi la vitesse est un des moteurs de la mondialisation : aussi les gens des administrations et les politiques ne doivent pas l’ oublier pour ne pas avoir un secteur « dit public » ou administratif à la traine , sinon les citoyens ne retrouveront pas dans les collectivités les moyens dont ils disposent dans les commerces et entreprises .... un exemple : à quand une connaissance des flux de déchets managers et assimilés en temps réel , cela permettrait enfin de na pas sous ou sur dimensionner les moyens de traitements ( incinérateurs etc... )et les centres d’enfouisssment et surtout de bien connaitre le quantitatf et le QUALITATIF ..PICNOV


        • picnov 14 juin 2007 13:38

          sorry

          lire : déchets ménagers

          lire : enfouissement

          lire : quantitatif

          trop rapide <<< comme le dématérialisé .....

          PICNOV


        • L'enfoiré L’enfoiré 14 juin 2007 17:44

          Picnov,

          Sorry, mais il ne te répondra pas. Faut pas poser de questions. On lance, on ne ramasse pas. smiley


        • picnov 14 juin 2007 19:09

          non Mr enf

          c’ était pas des questions mais des corrections d’ ortographe

          on est souvent pris par le débat et trop rapide

          sur le fond déçu du peu de commentaires et pourtant les français foncent sur internet et les NTIC .... Peut - être sans le savoir comme Mr JOURDAIN .... Mais en la matiére Mr de ROSNAY est notre MOLIERE ....


          • L'enfoiré L’enfoiré 14 juin 2007 20:01

            @Picnov,

            Tu n’as pas compris. Les questions existaient gentillement ailleurs sur un autre fil. Les réponses ne sont jamais venues. Ca, c’est le problème.

            Je ne dis pas que ce n’est pas le « Molière » avec la bonne parole. Je dis qu’il ne perd pas son temps à faire le followup des pierres qu’il lance. C’est ça que je conteste. smiley


          • picnov 15 juin 2007 12:48

            stop it Mr l’ ENF.....

            L’ informatique c’est binaire

            oui ou non

            un programme ; un logiciel , une application

            ça marche ou ça marche pas

            les suppositions aléatoires c’est un autre domaine , lequel ?

            PICNOV


            • hamra 19 juin 2007 16:42

              les hypothèses : si moi aussi... binaire : moi et toi. 1+2 ternaire=1+2+3

              these antithèse synthèse la folie du doute= loi des probabilités.

              0=0. Echec et Mat. (je ne suis pas vraiment calée en maths j’ai préféré les lettres, dans un pays comme la france : c’est normal !) smiley

              le self made man repose sur le génocide indien entre autres : just do it !


            • Halman Halman 19 août 2007 13:03

              Geeck grisonnant ?

              Doctora es sciences à l’institut Pasteur en 1966. Il passe ensuite 3 ans à Boston, au MIT, pour y faire de la recherche et de l’enseignement en biocimie et en informatique, puis comme attaché scientrifique près l’ambassade de France aux Etats Unis. Entre 1970 et 1974 il se consacre au financement de sociétés de technologies avancées en tant que directeur du développement à l’institut Pasteur. Il collabore depuis 1964 à la revue La Recherche. Auteur d’un livre d’introductionà la biologie moderne : Les Origines de la Vie en 1966.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Boris Stephan


Voir ses articles






Les thématiques de l'article


Palmarès