Johnny Hallyday et Michel Sardou étaient amants : c’est Gérard Fauré qui le dit !
On ne présente plus Gérard Fauré. Cet ancien trafiquant de cocaïne, braqueur de banques et tueur à gages fait le tour des plateaux télé, aussi bien mainstream qu'alternatifs, pour faire des révélations fracassantes et invérifiables sur la drogue dans le show business et la pédocriminatlité des élites. Autant de thèmes porteurs dans la "dissidence" et les médias alternatifs, de TV Libertés à Livre Noir, en passant par Les clochards célestes et Les Incorrectibles, où il réalise des audiences considérables. D'aucuns, dans cette même mouvance, l'accusent d'être un mythomane, voire un "serial mytho".
Si Gérard Fauré est une vedette, aussi à l'aise aux côtés de Cyril Hanouna que de Salim Laïbi, j'avoue à ma grande honte ne m'être jamais intéressée à lui. Et, à vrai dire, je n'ai pas l'intention de passer en revue ses innombrables "révélations" pour établir si elles sont vraies ou fausses... d'autant que c'est à peu près impossible à faire. L'homme diffame sans preuve et accuse volontiers des personnalités qui viennent de mourir ou qui sont sur le point de passer de vie à trépas, ce qui limite les risques d'être contredit. On a rarement vu un mort venir dénoncer les mensonges d'un vivant.
Même si vérifier tous ses dires prendrait un temps infini, on peut tout de même se faire une idée du sérieux de cet homme, par une pratique assez rapide. Il faut trouver la faille dans ce discours invérifiable. Et la faille, c'est une affirmation de Gérard Fauré qui concernerait un fait établi dans le domaine public et qui pourrait ainsi être aisément vérifiée. Et justement, en écoutant ce 13 octobre une interview de Gérard Fauré par Mike Borowski sur le site Géopolitique profonde, je tombe sur une telle information (écoutez à partir de 20'25) :
Gérard Fauré : J'ai dit que Johnny Hallyday était bisexuel, ils arrivent pas à le croire. Et pourtant c'est Michel Sardou lui-même qui a déclaré il y a un an dans une interview qu'il couchait avec Johnny Hallyday, que c'était son amant, et que j'avais raison, et que Johnny l'a fait vachement souffrir parce qu'il avait un autre amant à côté. Ça, c'est Sardou qui l'a dit, donc voilà...
Voilà ce qu'on appelle une information sensationnelle. Et c'est ce type d'information, pas forcément fausse bien sûr, mais peu vraisemblable (surtout si aucun média n'en parle), qui doit nous mettre en alerte et nous pousser à faire le petit effort nécessaire pour vérifier. Souvent, la vérification ne se fait pas, car l'information en question va dans le sens de ce qu'on veut entendre. On voit cela tous les jours sur un réseau social comme Twitter, où des infos bidon sont relayées à toute vitesse, parce qu'elles flattent la croyance des internautes. Il a même été montré que les articles relayés n'étaient souvent pas lus, que seul le titre (parfois trompeur) l'avait été.
De petits efforts pour de gros effets
Mais revenons-en à Gérard Fauré. Une recherche de quelques secondes nous mène sur le site Public, ou sur celui de Marie-France, qui nous rapportent en mai 2021 une anecdote que Michel Sardou a racontée au micro de Laissez-vous tenter sur RTL.
Contrairement à ce qu'affirme avec un aplomb extraordinaire l'ancien trafiquant de drogue, Michel Sardou n'a jamais déclaré avoir été l'amant de Johnny Hallyday. Mais pourquoi devrions-nous faire confiance aux propos rapportés par Public ou d'autres sites du même acabit ? Autant que possible, il faut remonter jusqu'à la source, et il m'a fallu quelques minutes pour la trouver, en parcourant les archives de l'émission Laissez-vous tenter. Voici ce qu'y déclare Sardou (écoutez à partir de 13'35) :
Le journaliste : Vous avez même dormi avec Johnny...
Michel Sardou : C'était une histoire dans un hôtel très drôle. On était crevés, je crois qu'on avait fait près de 400 kilomètres en moto, et on arrive dans un hôtel qui avait été réservé par la production des Restos du Cœur, je crois. Donc le patron de l'hôtel avait mis la chambre royale, la chambre présidentielle, etc., on était tellement crevés qu'on rentre dans la première, on retire nos bottes, on se fout sur le lit et on se couche. Et l'autre, en redescendant, il a dit : "Vous saviez que Sardou et Johnny couchaient ensemble ?" à ses employés, voilà...
C'est sur la base de cette déclaration que Gérard Fauré nous explique qu'il a raison quand il affirme que Johnny Hallyday était bisexuel et l'amant de Michel Sardou. Cette étonnante capacité à distordre la réalité ne m'incite pas à juger cet homme comme une source fiable. D'autant que Fauré ne se contente pas de transformer une anecdote rigolote en révélation fracassante, il invente tout bonnement un propos que Sardou n'a, ni de près ni de loin, tenu dans son interview : "Johnny l'a fait vachement souffrir parce qu'il avait un autre amant à côté. Ça, c'est Sardou qui l'a dit." Ici, on est dans la pure affabulation, on enrobe son premier mensonge d'un mensonge encore plus grand, on brode, pour rendre l'histoire encore plus intéressante et crédible.
Méfiance face au sensationnel
A bien des égards, le cas Gérard Fauré rappelle celui de Stéphane Bourgoin, qui avait tendance, avant de se faire prendre, à romancer sa vie, voire à inventer des pans entiers de celle-ci. Et déjà, dans son cas, c'est une déclaration totalement invraisemblable qui m'avait mis la puce à l'oreille, lorsque cet expert en tueurs en série avait prétendu avoir été joueur de football professionnel et même avoir affronté Michel Platini. Lorsqu'on ne met jamais en doute la parole d'un mythomane, il se sent autorisé à produire des mensonges toujours plus grands. Sa créativité est sans limite.
On dira que s'arrêter, ne serait-ce que l'espace d'un court article, sur Gérard Fauré n'est pas du plus grand intérêt. Sans doute. Mais ce n'est qu'un cas parmi d'autres, notre monde regorge de personnalités très sûres d'elles-mêmes qui vous raconte les yeux dans les yeux les pires billevesées. Et qui se fondent souvent sur des déclarations ou des citations qu'elles déforment (volontairement ou non). Même si la paresse nous menace tous, il faut faire l'effort de quelques gestes simples pour éviter de nous faire embobiner.
Nous n'avons pas le temps de vérifier tous les dires d'une personnalité, surtout quand elle balance des "révélations" au rythme de Gérard Fauré, mais on peut se faire une idée en faisant une vérification ciblée, sur un point qui paraît plus surprenant que les autres (comme une info énorme dont vous n'avez encore jamais entendu parler). Et si l'on découvre un mensonge manifeste et grossier, cela nous mettra en alerte pour tous les autres dires de cette personnalité.
La mannequin, la dorade et les reptiliens
Mais l'erreur, et la mienne dans cet article, n'est-elle pas de vouloir parler sérieusement de Gérard Fauré ? Car, à l'écouter, on se rend vite compte de sa dinguerie, ou de sa drôlerie, qui devrait nous amener à le considérer pour ce qu'il est le plus sûrement : un grand comique (malgré lui). Pour s'en convaincre, voyez cet extrait de son entretien avec Mike Borowski, où il évoque sa relation supposée avec la mannequin américaine Bella Hadid. On dirait une bonne blague, qu'un Bigard aurait pu raconter dans les Grosses Têtes, mais c'est dans la bouche de Fauré un propos qui se veut tout à fait sérieux (écoutez à partir de 49'35) :
J'ai dit, pour moi, que cette femme, c'était un reptoïde, pas un être humain. C'est une façon de la qualifier parce que c'est pas possible, j'ai jamais vu un être humain avaler une dorade entière d'un coup. C'est pas possible. Eh ben, elle je l'ai vue, je confirme, et pourquoi elle porte pas plainte contre moi quand je dis ça ? Le mec du restaurant, quand il a vu ça, il est tombé sur le cul. (...) Et quand il est venu pour demander si la dorade était bien à point et tout, elle l'avait déjà avalée d'un coup. Alors, pour moi c'est quoi ça ? Un être humain il peut pas. J'ai vu des gros mangeurs, mais quand même une dorade tu la coupes en deux, tu enlèves la tête, tu enlèves la queue, elle, elle a tout, y avait plus rien dans son assiette. Et, crois-moi, j'ai cherché dans son sac, j'ai cherché dans ses affaires (...), j'ai cherché partout tout autour de nous, elle a pas pu le jeter, c'est impossible. D'accord, pour moi, qu'est-ce que tu veux, dans ma tête, je me dis c'est un reptoïde, c'est pas un être humain ça, mais ça veut pas dire (...) que je parle d'un vrai reptilien et tout, je dis qu'elle se comporte comme un reptilien, c'est tout...
Peut-on imaginer scène plus loufoque ? Une des plus belles femmes du monde qui gobe une dorade entière à la manière d'un reptile, et Gérard Fauré, incrédule, qui fouille dans ses affaires et dans tout le restaurant pour retrouver ladite dorade que la mannequin aurait pu dissimuler... D'ailleurs, on notera la contradiction : s'il a vu distinctement Bella Hadid avaler la dorade, pourquoi part-il à sa recherche aux alentours ?
Mais le plus fantastique, c'est lorsque Fauré pose cette question : "pourquoi elle porte pas plainte contre moi quand je dis ça ?" Dans l'esprit de l'ancien dealer, Bella Hadid aurait dû porter plainte pour contester le fait qu'elle ait avalé une dorade entière, d'un seul coup, sans la couper en deux et sans en avoir coupé la tête et la queue ? On imagine la tête du juge...
A chaque ânerie qu'il sort, Gérard Fauré se défend en disant qu'on n'a pas porté plainte contre lui, ce qui atteste que ce qu'il dit est vrai. Comme si toutes les célébrités de ce monde n'avaient que cela à faire : porter plainte dès que Gérard Fauré ouvre la bouche et les compare à des reptiliens. Mieux vaut sans doute rire de tout cela...
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