Jouer à l’antifascisme pour les fêtes de Noël ?
C'est une des polémiques du moment. La FNAC vient d'annoncer, après l'avoir retiré de son catalogue, la remise en vente d'un jeu de plateau très politique, puisqu'il s'intitule "Antifa le jeu". Publié par les éditions Libertalia, très à gauche version anar, il a pour ambition d'aborder la "lutte contre le fascisme" sous l'angle ludique.
Dénoncé sur les réseaux sociaux, notamment par le sulfureux député RN Grégoire De Fournas, sa commercialisation a été très chaotique. Certains s'étonneront d'ailleurs que des libertaires fassent du profit en vendant des produits pour leur compte personnel, mais l'ultra-gauche n'en est jamais à une contradiction près.
Rien qu'au coffret (illustration ci-dessus), tout le mouvement "antifa" est résumé : contre-valeurs, incitation à la casse et à l'émeute, délation/dénonciation des militants de droite (le photographe), tags sur les églises et les commissariats, piratage, agressions avec outillage en bandes armées... Comme le dit leur slogan, à vous de jouer contre l'extrême-droite.
Entendez par "extrême-droite" tout ce qui est à droite de Macron. Le "racisme", qui commence quand De Fournas hurle au retour en Afrique d'un navire d'immigrés clandestins sans passeports, le "sexisme" quand on conteste le pseudo-féminisme et qu'on ne participe pas à la gay pride, le "nationalisme" quand on demande le retour à la souveraineté nationale, qui serait bien utile en période de crise énergétique. La France état-nation n'a jamais manqué de chauffage et d'électricité depuis De Gaulle, un homme politique antifasciste lui-aussi, pourtant peu cité par nos rebelles encagoulés.
A priori pas un mot sur l'islamisme, dont les dérives sont une des causes du sexisme (et du racisme anti-occidental). Pas un mot sur les agressions de policiers, ou sur les conséquences sociales désastreuses de l'ouverture des frontières depuis vingt ans. La réflexion et la remise en cause de leurs certitudes, ce n'est pas dans la logique "antifas", dont la logique est de cogner, démolir et terroriser : une vraie logique fascisante pour le coup.
D'ailleurs où sont les "milices de chemises noires" et de skinheads que nos rigolos entendent combattre ? Qui a déjà croisé dans nos rues des nazillons ces dernières années ? Certes, les bandes de jeunes agressifs uniformés (survêtement/crâne rasé) sont fréquentes mais ce sont très rarement des "nationalistes français", et leurs victimes dans nos rues et transports publics ne sont pas des migrants... Alors où est le problème ? Dans les têtes de ces individus qui fantasment sur les années 1930-1945 ?
Allez, gageons que ce jeu de plateau est original. Ceux qui en sont encore au "jeu du président" découvriront un jeu de l'oie savoureux. Case 1 : "je brûle une voiture de police", case 2 : "je pille un magasin", case 3 : "j'attaque un meeting de Zemmour", case 4 : "je bloque la circulation sur les voies rapides", case 5 : "je squatte une propriété privée" etc. On va bien s'amuser dans les familles de gauche pendant les fêtes !
Tout cela nous rappelle ce DVD sorti il y a quelques années, où un ramassis de mythomanes se vantaient de leurs jeunes années à traquer les "fachos" dans Paris. Une certaine gauche se plait à s'inventer une mythologie, des références, une légitimité qui n'existe que dans la tête de quelques militants qui détestent la France traditionnelle, chrétienne et son art de vivre. Des gens minoritaires, mais qui ont pignon sur rue.
Pourtant, soyons juste en accordant quelque crédit aux éditions Libertalia. Un rapide parcours de leur catalogue révèle quelques ouvrages dignes d'intérêt. Une réédition de Simone Weil (la philosophe critique du libéralisme), un bouquin sur le mondial du Qatar et les victimes des chantiers de construction des stades, un autre sur la concentration financière dans le monde de l'édition... De bonnes raisons de se révolter et de dénoncer, de la matière à réflexion (Weil, Gramsci...) mais comme toujours des amalgames, raccourcis historiques et autres dénis des réalités. Mélanger souverainisme et nationalisme, immigration (phénomène voulu par les capitalistes, relire Karl Marx) et identité, ordre républicain et dictature policière, violence contre la violence, cela donne une idéologie schizophrène et désordonnée, sans perspectives d'améliorer la société, bien au contraire. On ne construit rien par la casse et les menaces. On ne convainc personne par le harcèlement.
En attendant, nous trouverons des cadeaux plus sympas à offrir pour les fêtes, moins coûteux sans doute que ce jeu de plateau. Espérons que nos rebelles ne passeront pas à la pratique après un moment ludique, car leurs jeus urbains donnent ceci :
Pas très sympa cette équipe ! Nous préférons l'équipe de France de foot à ces joueurs sans foi ni règles...
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