Journal d’un BAC+5 SDF #121 (Les méchants commentateurs avaient raison, je n’existe plus !)
Mardi 27 Août 2024
Bigre ça caille une fois de plus, même en K-way il fait glagla. Au moins on peut assister à un beau ciel dégagé présentant de très nombreuses étoiles. J’ai souffert cette nuit, à cause du froid et de l’alarme que je savais prête à me tourmenter. Je suis couché un peu avant 1h et me réveille vers 4h40, ensuite je tourne et me retourne tant que faire se peut dans un sac de couchage. Au final, comme d’habitude, je me lève avant l’alarme, mais je n’ai pas dormi.
Peu de monde est déjà débout lorsque je traverse le camping. Ayant un peu de temps j’installe mon ordinateur pour plus tard et prend mon petit déjeuner au Soleil. Ensuite une petite vidange, ou bien c’était dans l’autre sens, je ne sais plus, plusieurs gorgées de jus de pommes et enfin mon dernier rocher au chocolat et hop ! C’est parti.
Le temps très agréable pour marcher, ça tombe bien. Sur le chemin je vois de l’autre coté de la route un petit groupe scolaire d’une douzaine de personnes en visite d’un site dont j’ai oublié l’acronyme en trois lettres. Plus loin deux maîtres ont les plus grandes difficultés du monde à séparer leurs chiens qui s’amusent comme des petits fous.
J’arrive un peu en avance et j’ai eu l’impression de les avoir étonné tous, les prenant de court. A part ça, que dire… Eh bien pour la Sécurité Sociale, je n’existe plus du tout en fait. Ca doit faire plus de 20 ans que je n’ai pas vu de médecin etc, donc mon compte aurait pu être archivé, en tout cas mon numéro personnel ne fonctionne plus. Va falloir tout recommencer à zéro, mais pour ça il faut avoir un lieu de résidence hihihi…
Donc il est question de demander une « domiciliation » à la mairie d’Issenheim, pour que je puisse y récupérer mon courrier, en cas de besoin. Seulement voilà, la ville est petite et tralala, le camping est en fait géré par Guebwiller turlututu alors la patate chaude, on la refile à Guebwiller. Et Guebwiller fait le même coup en sens inverse. Classique.
Pleins de rendez-vous sont pris pour les prochains jours, ça va m’enlever encore plus de temps pour chercher de mon coté. Mais bon, si ça sert à quelque chose…
Ah oui, et le scam sur mon téléphone serait une pure coïncidence. Mouais… Complotiste ! Oui je sais, je sais…
« Harley », l’amie en surpoids que Jordan a appelé au téléphone à 1h30 du matin pour lui demander sa tente, après avoir annulé ses séances de sport qu’il avait promis, eh bien cette dame là n’aurait plus de sous pour acheter de l’essence, et ne pourrait donc pas faire le trajet. Donc pas de tente 4 places pour Jordan. On sent un peu de rancune, non ?
Demain son crush vient et par conséquent il n’y aura pas de grande tente pour l’y accueillir. Je lui dit que si ça se trouve elle va croiser Carène et ce sera le coup de foudre entre elles.
Avec Jordan on aide une petite mamy sans ses lunettes pour l’utilisation du micro-onde. Elle était aux anges, deux « jeunes » (oui ça va hein, l’un plus que l’autre…) pour s’occuper d’elle.
Aujourd’hui c’est repas diététique pour moi : pâté en croûte et bretzel. Avec des raisins en dessert tout de même. Après coup je me rends compte de ma terrible erreur fatale… J’ai oublié mes cornichons au frigo !
Jordan possède un trésor légendaire : Le Pot d’Abondance. Il peut y puiser autant de tabac qu’il veut. Là il est en déjà à sa dixième « dernière cigarette », au moins !
Jordan a une journée difficile, une fois de plus. Il a réussi à grappiller un ticket pour la machine à laver. Donc maintenant il doit suspendre son linge. Ensuite il devra laver ses chaussures qui puent, son crush est maniaque de la propreté et des odeurs. Alors il doit faire des efforts. Ensuite il lui faudra décider de quels vêtements porter à son arrivée, mais aussi sa coiffure, sa posture, ses phrases d’accroche etc. Et je ne mentionne pas l’épilation de zones entières, comme le torse. Dur dur d’être un Jordan.
On m’a encore pris pour un employé du camping.
Avez-vous déjà entendu une discussion à longue distance entre deux bébés ? Sur la terrasse la maman s’occupe de débarrasser la table avec un bébé, et dans la salle commune le papa porte le second en farfouillant parmi les prospectus. Ni la mère ni le père ne disent mot. Ces deux bébés semblent se répondre, attendant que l’autre s’exprime pour gueuler à son tour.
Je me suis trompé, en fait ils ne faisaient pas parti de la même famille, ces deux bébés.
En sortant, le papa me sort « désolé » en souriant, avec un accent étranger. C’est mignon quand ça ne dure pas trop longtemps, alors vous êtes déjà pardonné. Bah en fait vous n’avez même rien à vous faire pardonner du tout, pas de soucis.
Pauvre Jordan… Elodie s’incruste encore aujourd’hui. La fille a emmené son propre transat, et le fiston ses voitures télécommandées et ses autres jouets. Jordan leur prépare du café ou du thé, au choix. Le garçon est en train de creuser des tranchées dans la cour de sable avec ses engins de chantier… Je crois que les employées ne vont trop apprécier, mais qui sait…
Pour la première fois une balle de ping-pong s’est permis d’entrer dans la salle commune. Mais quel culot !
Ah la paperasse… Ca n’en fini jamais. Là j’essaye encore d’obtenir mon « attestation de présence » au camping en contactant la com-com :
« Le formulaire de contact rencontre des problèmes techniques. Pour toute demande de renseignement, nous vous invitons à nous contacter directement par email à blalabla... »
Au moins il y a un mail de disponible. Reste à se demander s’il y a bien un fonctionnaire qui les lis. Mais bon, comment feront-ils pour savoir ce qu’il s’est passé mieux que les employées du camping elle-mêmes ? Mystère.
Au final je reçois un mail comme quoi ma demande de « domiciliation » sera bien réglée à Issenheim pas à Guebwiller. La patate chaude a fini par atterrir dans une assiette. Je vais devoir m’y rendre demain. Le bon coté c’est que c’est qu’à 20 minutes de marche, soir moins de la moitié par rapport à la mairie de Guebwiller. Mais ça, c’est uniquement valable tant que je suis au camping.
Aucun mail reçu pour les hypothétiques visites de samedi. Enfin, à part le refus de l’agence immobilière qui ne travaille pas ce jour là…
Jordan n’a pas pu profiter de sa journée de tranquillité et de préparation pour le grand jour : demain, sa cible est censée venir le voir. Par contre il a reçu plein de choses à manger, du tabac, une cigarette électronique etc. Ca va l’aider à arrêter, c’est sûr. En fait dans la famille c’est le père qui bosse pour que la mère offre des cadeaux à Jordan. Je crois qu’on parle de « cuck » dans ce cas. Ou bien faut-il en plus un contact charnel ? Que les connaisseurs s’expriment dans le commentaires !
« Hé ! Tes lacets sont ouverts ! » Me prévient Jordan alors que je fais ma vaisselle. Dommage pour lui, je ne me suis pas fait prendre, je savais que mes pieds reposaient sur des tongs. Quelques minutes plus tard, c’est moi qui lui sort « ah mais en fait c’est toi qui a les lacets défaits ! » sans trop d’illusion puisque ma phrase faisait écho direct à sa blagounette, et pourtant il est tombé dedans. Mais lui au moins avait bel et bien des lacets.
Cette fois-ci c’est un mouflet qui ne peut se contenir et clique plus vite que son ombre. Etrangement la télé ne s’est pas allumée plus vite, c’est même le contraire.
Pas moins de 4 araignées détectées dans la local à douches. Deux petites dans un coin, ne faisant rien, accompagnées d’un bien plus grosse, au moins deux fois leur taille, tissant sa toile (horizontale) au plafond ; et la dernière, pas très grande non plus mais avec un abdomen bien arrondi tissant sa toile (verticale) entre le néon et la porte ouverte.
« Vous n’en avez pas marre de regarder cet écran ? » me questionne un petit pépé qui passe récupérer le portable de sa femme et mettre le sien à charger à la place. Alors je lui réponds que je suis d’accord avec lui et que s’il avait un logement à louer j’étais preneur. Il n’a pas relevé et a continué à discutailler de rien en prenant la tangente le sourire aux lèvres.
David est retourné chez sans ancien chez lui, dans le Doubs où il a baigné son chien. Il a retrouvé ses enfants et sa mère également. Et puis il est allé chez son docteur pour lui ausculter les yeux. Le rendez-vous avait été pris il y a très longtemps. L’été dernier il a choppé la Syphilis qui a évolué en neuro-Syphilis qui a affecté les nerfs de ses yeux et de ses oreilles. Ca a l’air d’évoluer vers une amélioration, heureusement pour lui.
Nouveau repas pour Jordan, en pleine nuit : un genre de nutelas avec une pâte bounty (noix de coco). Essentiellement de l’huile et du sucre donc.
Jordan et David discutent ensemble et se donnent des conseils pour se reconstruire et réussir à tirer un trait sur les gens qui leur ont fait du mal.
On parle de nos passés respectifs, et ce n’est pas joyeux. Sauf pour moi, je n’ai vraiment pas de quoi me plaindre. On peut encore trouver les vieux articles de presse traitant du meurtre de la mère de Jordan, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils étaient sacrément orientés. A croire que la victime l’avait bien mérité et que le coupable a eu une peine sacrément lourde ! Le pauvre petiouuuu… Il est déjà libre ceci dit, et elle, elle n’est plus de ce monde.
David fini par aller se coucher, il travaille demain, et ses deux cheffes lui foutent la misère, mais il s’accroche : plus qu’un mois à tirer avant de pouvoir attraper un CDI ou bien le chômage.
Pour finir la soirée Jordan va fumer du CBD et pète bien bruyamment sur la terrasse. Pas une mais deux fois, et la seconde nécessite sans doute un changement de couche…
Je ne vais pas tarder non plus. Pas à changer de couche, mais à aller dormir, en tout cas essayer. Demain matin faut encore que je me lève tôt pour de la paperasse… beurk… chez des gens qui ne veulent pas me voir en plus. La joie.
Bonne nuit tout le monde, faites de beaux rêves. (J’ai failli écrire « fêtes de beaux rêves » pour la licence poétique, mais ça pourrait encore être considéré comme une vilaine fôte par des vilains puristes !)
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