• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Journal d’un BAC+5 SDF #143 (Sauterelles, « chay » et coups de (...)

Journal d’un BAC+5 SDF #143 (Sauterelles, « chay » et coups de boules)

Mercredi 18 Septembre 2024

Ooooh ! Je n’avais rien remarqué ces précédentes nuits, pourtant ce soir on a droit à une magnifique Pleine Lune ! Même pas besoin de lampe de poche, tout le chemin est éclairé jusqu’à l’entrée de ma tente.

A coté de mon emplacement est positionné un gigantesque camping-car, probablement le plus grand que j’ai vu ici. Il ne tiendrait probablement pas en place parallèlement à la route, si bien qu’il est garé en diagonale sur son carré de terrain.

Niveau histoire de gonzesses Jordan a fini par conclure (pour le moment…) : « c’est terminé, je l’ai bloqué de partout. Ca aurait pu fonctionner entre nous, jusqu’à ce que je réagisse parce qu’elle parlait mal de moi… Je considère que si on s’aime on doit aussi se respecter. »

 

Aucune nouvelle de Lure, ni du second appartement de l’HHA à Guebwiller, et encore moins de la date de signature du bail.

 

Plein de « chay » (= jolies filles d’après Jordan) arrivent au camping. Il dit être en « mode dégueulasse », habillé en « racaille » avec sa capuche, un bouton près de la bouche, les cheveux crades et ébouriffés… et donc se cache dans la salle commune pour ne pas se montrer à elles… Eh ben, ça c’est du mal alpha !

 

Hier Carène avait les cheveux détachés, aujourd’hui elle porte à nouveau la queue de cheval qui lui va si bien.

 

Du coin de l’œil je vois un truc bouger lentement… une ombre verte… Je tourne discrètement la tête et… Une grosse sauterelle se balade tranquillement sur mon épaule. Elle doit faire bien 5 ou 6 cm de long. Pas très énergique pourtant la bestiole. Alors je sors tout doucement pour ne pas la brusquer et qu’elle finisse par sauter ou s’envoler dans la salle commune où elle est peut-être prisonnière depuis plusieurs jours. Je la pousse dans l’herbe à coté d’arbres, et la laisse s’en sortir comme une grande. Là elle devrait pouvoir trouver à manger sans difficulté et se refaire une santé, à moins qu’elle ne finisse dans le bec d’un oiseau. Ou entre les mâchoires d’un chat. Oui j’ai déjà vu des chat manger des sauterelles bien croustillantes.

 

Jordan est allé prendre une douche. Il en ressort tout propre et bien coiffé. Ca y est, il a pu enlever sa capuche. Il ne reste qu’à attendre que les « chay » reviennent pour qu’il nous montre de quoi il est capable.

Ceci dit, à l’exception des réseaux sociaux je ne l’ai encore jamais vu draguer ni même aborder une inconnue.

 

Il me raconte qu’il a foutu un coup de boule à un élu (adjoint au maire), alors qu’il devait se pacser/marier avec sa femme il y a un an. Il avait compris que la commune lui mettait à disposition une salle pour une petite cérémonie, mais il n’en était rien, c’était juste la salle de la mairie, devant le maire. Le ton est monté des deux cotés et il aurait « posé » son front contre celui de l’élu. Ca n’a pas tardé, des flics ont été envoyés chez lui pour le mettre en garde à vue. Sur deux ans, il doit encore se tenir à carreau pendant une longue année, sinon c’est la case prison. Ca semble interminable pour lui qui est tenté par l’idée d’aller casser des bouches parmi les drogués chez Tiffany.

 

Malgré son téléphone Jordan s’ennuie, ou plutôt est blasé.

En plus il a bobo au cra-crane…

Mais heureusement, Elodie rapplique, elle lui met un coup de boule. « Ca va mieux ? Sinon c’est doliprane. »

Ils finissent par partir et passent l’après midi ensemble. Pas sûr que ce soit un bon remède pour le mal de tête.

 

David rentre du travail assez tôt : il est là avant 17h. Il va maintenant visiter un appartement, faire une séance de yoga, et espère être invité pour manger ce soir.

 

Une marmaille d’adolescents portant des gilets jaunes fluo vient d’arriver au camping. Ca hurle de partout. Ils vont vraisemblablement manger ici, dehors, à coté des barbecues.

 

C’est la journée, Jordan découvre une autre sauterelle géante, mais il a apparemment peur des insectes. Elle a l’air sacrément fatiguée, avec de la poussière plein les pattes, incapable de sauter ni de voler. Alors je la fait monter sur ma main et l’emmène jusqu’à un arbre bien vert.

 

Jordan va finalement essayer son réchaud à gaz, pour la première fois, pour cuir une paella. J’aurais peut-être du garder les sauterelles pour son dîner. C’est plein de protéines.

 

Hum… En fait tous les gosses ont disparu. Ca fait du bien ce calme retrouvé. Ils ne sont restés que quelques minutes, alors pourquoi s’être installés à table ? Mystère.

 

Pfff les voilà de retour… Je suppose qu’ils se sont installés dans des tentes, ou des chalets si ce sont des petits bourgeois.

 

Un retraité n’arrive plus à se connecter, alors que ça marchait jusqu’à maintenant sans problème. Ca tourne dans le vide.

 

Allant ouvrir le frigo pour ranger quelques affaires, je propose à Jordan d’en profiter pour y mettre sa bouteille de coca qui trône sur sa table depuis un bon moment. Il me répond que non, ce n’est pas la peine puisqu’il n’y a plus de bulle, il va la jeter. Elle est encore à moitié pleine… Quel gaspilleur quand même, y compris avec les choses qu’il adore. J’avais l’intention de lui filer une barre de chocolat, mais du coup je la garde pour moi.

 

De retour de mon brossage des dents je remarque que Jordan est en train de s’installer sur la terrasse, à sa place habituelle. Je l’accoste sauf que… ce n’était pas lui ^^. Il faisait déjà bien nuit et quelqu’un de grand, seul, en capuche, avec une barbe et un téléphone, bah ouais…

 

Jordan se fend la gueule au téléphone, se remémorant sa stupidité légendaire à bloquer Chloé de la salle de sport. Ca doit être le seul homme au monde qui lui a envoyé un râteau. « Ne reviens pas me voir quand ce sera fini avec Tiffany ! » Bon sang ce qu’il regrette maintenant d’avoir fait all-in pour Tiffany.

 

Carène nous fait une visite nocturne, juste avant 21h. Elle vérifie l’état de propreté de la salle commune. Peut-être s’attend-elle à une déferlante de saloperies dès demain avec la foule d’enfants nouvellement arrivés ?

 

Apollon pense encore que Tiffany va le rejoindre avant la fin de la semaine…

IN-CO-RRI-GI-BLE !

 

J’ai à nouveau aidé une retraité à se connecter, à cause du soucis de pop-up ou de cookies qu’il faut accepter obligatoirement.

 

Jordan a fait des poop-corns euh… je voulais dire pop-corns au micro-onde… Punaise ça sent bon… J’ai faim maintenant.

 

Rhaaa c’est pénible de devoir se connecter juste pour faire une simulation d’assurance logement punaise… Tout est fait pour sucer un maximum de données en toutes occasions. Avec en plus un panneau :

« SOYEZ VIGILANT !

Des fraudeurs peuvent vous contacter PAR TÉLÉPHONE ou EMAIL en se faisant passer pour votre conseiller, les services fraude ou opposition carte… en affichant parfois même nos numéros de téléphone. Et blablabla… »

Et bien alors ne demandez pas ces informations pour faire une put*** de simulation bordel !

La logique a disparue dans ce monde de frappadingues… C’est comme chez les eurolâtres… Ils sont mû par leur croyance divine en le progrès européen, et alors même que c’est la débâcle économique du siècle, il faut continuer jusqu’au bout, sans jamais se remettre en question, quitte à aller vers la troisième guerre mondiale. Après tout c’est le camp du bien, et les gentils gagnent toujours, donc ils pourront (ré-)écrire l’histoire.

 

Des allemands ont foiré l’allumage de la télé… Cette fois-ci je ne viens pas à leur aide, na ! Du coup ils font un jeu de société ! Et c’est un peu grâce à moi !

 

« La bière, ça fait pisser. » Jordan semblait comater sur la canapé, jusqu’à cet appel à la nature. Ensuite il va fumer une dernière clope avant d’aller se coucher, à peine après minuit, et juste après le départ de David. Tiens, tiens, tiens…

 

Je ne vais pas tarder non plus de rejoindre mon cher sac de couchage. Visiblement j’en ai encore pour une semaine, au minimum, jusqu’au journal 150. Ca fait un beau chiffre rond pour arrêter, si seulement la procédure avançait un peu plus vite. Mais je crains devoir rester jusqu’au dernier jour ouvert du camping, et même trouver une solution temporaire de logement jusqu’à l’emménagement. Mais bon, il y a d’abord une nouvelle nuit à traverser, alors faites de beaux rêves.


Moyenne des avis sur cet article :  1.56/5   (18 votes)




Réagissez à l'article

1 réactions à cet article    


  • xana 24 septembre 2024 10:25

    Comme d’hab.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès


Derniers commentaires


Publicité