Journal d’un BAC+5 SDF #153 (« Der des Ders »)

Plusieurs dizaines de motards sont venus squatter la salle commune, la terrasse et les barbecues. Il n’y a même pas eu de pluie en plus. J’ai passé une belle journée merdique, sans internet en plus. Tout d’abord j’ai déménagé l’intérieur de ma tente vers une chaise libre de la terrasse. Ensuite avec Jordan nous sommes allés faire quelques courses au Leclerc, mais le portail Nord était fermé, donc on a du faire tout le tour.

De retour je dois profiter de l’absence de pluie pour m’atteler au démontage de ma tente… Oh joie ! Si vous saviez l’écosystème extraordinaire qui s’était développé entre les deux bâches, en 5 mois, c’est assez extraordinaire. De très nombreuses espèces d’araignées, de toutes tailles, forment le gros des habitants, accompagnées d’escargots et puis ensuite les autres bébêtes présentes sont généralement uniques.

Carène est partie et une autre employée qui tousse beaucoup a pris le relais. Elle nous demande ce qu’on fait devant l’accueil, Jordan et moi. On avait demandé l’autorisation à Carène, étant donné que la salle commune était squatté par les motards. Finalement on discute tous les trois pas mal de temps, Jordan s’éclipsant à un moment pour retourner à son téléphone (devant l’accueil il n’y a pas de wifi, mais dans les toilettes si !).

Petit à petit les motards s’en vont, et le gardien est venu chercher le matériel pour faire le ménage. Du coup je prends l’occasion pour aller me doucher, espérant que les lieux soient libres pour mon retour. Et ce fut le cas, il est tout de même 17h10, sachant qu’ils n’étaient officiellement là que pour le repas de midi…

J’ai remarqué un sac blanc allongé, juste au bord de la fenêtre. Il était rempli de vêtements pour bébé. Ca appartenait au gardien du camping, qui avait organisé cette fiesta.

Jordan jubile pour son avant-dernière journée au camping : son ex a trompé son remplaçant, pas une mais deux fois au minimum, avec un drogué, donc il l’a aussi quitté et partage toutes ses informations avec Jordan. Ainsi il peut espérer récupérer la garde de son enfant dans les années à venir, s’il s’en donne les moyens et travaille bien. La question est va-t-il réussir à se maîtriser et ne pas faire des conneries en menaçant le remplaçant de son remplaçant… Le problème c’est qu’il se laisse très rapidement emporté par ses émotions, et ça part alors dans les « hautes sphères du n’importe quoi ».

Je remarque que mon téléphone portable s’est éteint. Il n’a plus de batterie, après même pas 16h sans charge, sachant qu’il est en mode économie d’énergie maximum (en noir et blanc), qu’il n’a servit à rien du tout et que presque toutes les applications ont été désactivées ou bien ne reçoivent pas de mise à jour.

L’employée du camping avec qui j’ai pas mal discuté cet après-midi est venue me souhaiter bonne continuation, ayant appris de Carène que j’allais habiter dans le coin.

Voilà que Jordan sort pour discuter avec une ancienne connaissance, un certain « Fatnir » ou quelque chose comme ça. Le père de son meilleur pote, avec qui il a vécu plusieurs années. Ce serait un Rom mafieux et millionnaire qui chercherait un réseau de drogue dans le coin… Jordan lui aurait expliqué que c’était fini pour lui, il n’a plus de contact dans le milieu. Je lui fais remarquer qu’il se rêvait en chef mafieux, alors c’est l’occasion de prendre la place du boss !

Ca y est, il est 21h et le gardien de nuit « Dany » est arrivé. Après une courte discussion à l’accueil, il vient nous apporter une sublime tarte aux pommes faite par son papa. Je la garde pour demain matin, au petit déjeuner, avant de partir.

23h coupure électrique totale dans toute la zone ! Ca fait rigoler de penser que tous les chauffages des chalets et pods ont stoppé de fonctionner alors que la température est prévue de chuter à 6°C.

On fait des prévisions sur le retour du courant. Je dis 23h34, Jordan 23h50 et « Dany » minuit.

On a tous foiré… A l’heure où j’écris, il est 1h11 et il fait toujours nuit. La batterie de mon ordinateur est bientôt vide. Il semble que je dois attendre d’être chez « Dany » pour avoir à nouveau accès à internet pour uploader ce dernier journal, à moins que…

En tout cas j’éteins maintenant mon ordinateur.

C’est vers 1h35 que l’électricité est revenu. « Dany » et le gardien ont essayé de voir ce qu’ils pouvaient faire, de bouger le disjoncteur, mais sans succès. La porte en plus était ouverte, ce qui n’est pas normal. Après intervention du gars d’astreinte tout est revenu dans l’ordre, ayant effectué le même geste que les deux précédents. « Dany » est retourné dans sa voiture chauffé par son câble légendaire qui passe par la fenêtre entre-ouverte de la salle commune, laissant du même coup le froid entrer. Il a un gros sandwich à manger maintenant.

Jordan ne bronche plus, il est recroquevillé sur le canapé et ne s’est même pas rendu compte du retour du courant. Il va passer la nuit ici je pense. Donc moi je reste à ma table, et vais finir ce dernier journal. Dans 5 heures je vais quitter le camping du Florival. Dans 8 jours je vais signer le Bail et dans 11 jours je devrais emménager, finalement.

En attendant je renfile mes baskets puisqu’il fait trop froid, puis goûte la tarte aux pommes du papa de « Dany ». Superbe, c’est la même que fait mon papa, toute simple : la pâte, des pommes et un peu de liant (œufs). Pas besoin de pâtisseries lisses et brillantes, les plus simples ne sont pas inférieures et en plus probablement meilleures pour la santé.

C’est sur ces belles paroles sur les tartes aux pommes que je vous dis au revoir, amis lecteurs, et à peut-être bientôt un ultime épisode résumant la semaine chez « Dany », les 3 derniers jours à Guebwiller (chambre d’hôte, hôtel, 115, Armée du Salut ?), puis enfin l’emménagement et les premiers jours de ma nouvelle vie qui commence. Peut-être que j’aurais des nouvelles de Dag, Yves, David, Jérémy, Jordan ou d’autres, qui sait.

Bon courage à vous tous et bonne continuation. Mais n’oublions pas de surveiller ces financiers et leurs minions de la politique et des médias qui ne nous veulent pas du bien du tout.

@+ !

Patchwork Mental