Journal d’un BAC+5 SDF #61
Vendredi 28 Juin 2024
Je n’ai pas eu l’occasion d’observer le ciel une fois de plus cette nuit. Le sol était bien humide, il avait plu sans que je m’en aperçoive. Avec mon pied fébrile toujours rouge vif et violacé, bien gonflé et plutôt gênant lorsque je me déplace, et toutes mes affaires dans les bras, j’ai dû redoubler de prudence pour arriver à ma tente sans me vautrer comme un alcoolique en fin de soirée.
Avec le temps on s’habitue aux bruits des climatiseurs, cependant comme hier (j’avais oublié d’en parler), un anglophone semble parler dans son sommeil. Et il parle fort ! Il a l’air de souffrir, comme s’il cauchemardait. Chacune de ses phrases commence d’ailleurs par un gémissement. Avec les bruits ambiants, la distance et l’accent anglais, j’avais du mal à comprendre ce qu’il disait. Le quelques mots que je semblais reconnaître faisaient partie du champ lexical de la guerre. Je me permets finalement de gueuler un peu pour lui dire de se la fermer. Il y a eu encore deux phrases supplémentaire puis plus rien, jusqu’aux ronflements…
Il y a définitivement une famille de perce-oreilles qui squatte le dessous de ma bâche extérieure. Chaque jour j’en fait dégringoler 2 à 4 en la secouant. Aujourd’hui je suis sans pitié et j’en tue 3.
Je reçois les conseils du papy probablement membre de l’URP, après m’avoir demandé si je boursicotais. Si un jour je m’y mets, il faudrait donc, selon lui, chercher les entreprises Russes orientées vers les matières premières comme le fer. Avec la guerre en Ukraine et la capture des régions riches dans la Donbass, ces entreprises vont vraisemblablement faire de bons profits à l’avenir.
Il va être midi et aucune nouvelle de Jérémy qui nous avait donné rendez-vous à 11h30.
Pas de mail non plus, pour mon entretien d’embauche, maintenant que j’ai un logement libre à ma disposition.
Yves vient d’arriver de sa matinée mouvementée à vélo, comme d’habitude. Il est allé directement à la douche, avant de se mettre à table.
Ah ben je viens de me rappeler que j’avais acheté des olives, et elles sont restées au fond de mon sac congélation plusieurs jours. Heureusement ledit sac était dans le frigo.
En allant à la douche je croise Jérémy, qui devait être déjà parti. Il m’a dit qu’il va nous expliquer le pourquoi du comment. En tout cas il est là encore aujourd’hui.
Une grand-mère joue à la balançoire, ou plutôt tente d’y jouer. Son petit chien noir à la queue touffue n’a pas donné son accord, c’est tout le contraire, il lui saute dessus pour l’empêcher de s’envoler.
L’infection tente de monter vers ma jambe mais il semble qu’elle a été stoppé un peu au-dessus de ma cheville par mes vaillants anticorps.
A ce propos, qu’est-ce qu’ils pensent des anticorps, les anti-flics primaires ? Sont-ils pour en fait infliger un SIDA (Syndrôme d’Immuno-Déficience Acquise ; VIH en français « virus de l’immunodéficience humaine ») à tout le monde, pour que tous les pathogènes puissent eux aussi vivre leur vie sans limite dans des corps dorénavant sans aucune défense ? Parce que je ne vais pas vous le cacher, mais nos corps vivants sont le lieu de luttes à morts sans aucune pitié ni reddition. Alors faudrait savoir, vous savez à l’universalisme et tout et tout, ça s’applique aux pathogènes ?
Eh ben… Le gars sympa qui a pu travailler à l’imprimerie (là où ma candidature a disparue) est repassé. Il m’a raconté qu’il a des problèmes avec l’alcool à certaines périodes de l’année. C’est justement ce qui a causé sa rupture récente avec sa nouvelle copine. Sa mission d’intérim se passe bien et il aura peut-être même un emploi à la clé, toutefois… il a un procès en cours et sa garde à vue récente risque de lui compliquer la tâche.
Il a vraiment l’air de regretter sa copine parfaite, à cause de l’alcool qui lui a fait dire des saloperies à des inconnus. Il n’était pas suivit pour alcoolisme mais pour un trouble psy, durant des mois et tout se passait bien. Seulement voilà, il ne les a pas prévenu de sa reprise d’alcool plus fréquente, et en déménageant chez sa copine il a du même coup changé de région. Ceci aurait du l’emmener à contacter l’organisme de suivit pour obtenir un nouveau psy mais il a trop tardé et commis une belle connerie de trop.
Il était au bord des larmes et a maintenant peur de finir en prison ou en centre fermé…
J’avais demandé au cas où, mais effectivement le logement ne sera pas disponible si je n’obtiens pas le job. Début de soirée et toujours pas de date pour un hypothétique entretient d’embauche. Comme on est vendredi je ne pense pas avoir de nouvelles informations avant lundi après-midi dans le meilleur des cas.
Un allemand en petite tenue, bedaine à l’air, me pose une question en… allemand évidement. J’ai réfréné mon envie de frapper ma table en criant « Nein ! Nein ! Nein ! » (tout le monde a la ref j’espère).
Yves vient de rentrer de son après-midi de vélo, il est déjà 19h. Il n’oublie jamais son gilet jaune fluo. Aujourd’hui ses freins grincent anormalement.
Il porte des lunettes aujourd’hui, pour protéger ses petits yeux rouges (il a une DMLA en plus le veinard).
Le gars étrange est norvégien. Il a réussi à me demander comment allait mon pied, enfin c’est ce que j’ai compris. Après lui avoir dit que je pense qu’il sera guéri dans 2 ou 3 jours, il n’a soit pas compris, soit ne le pense pas. Nous verrons bien.
Le saviez-vous ? Quand j’étais tout petit je voulais être le Roi Charles VIII de Norvège, si si. Ne me demandez pas pourquoi. Sans doute un mélange de livres ou autres médias m’ont fait découvrir la Norvège, j’aimais aussi l’époque moyenâgeuse, le nom Charles et le chiffre 8 alors … Kamoulox. Je l’avais même écris à la craie sur le mur de ma maison natale. Quand j’ai quitté ma maison le message était encore visible, plusieurs décennies plus tard.
Jérémy et Momo (et non pas « Nono » comme je l’avais entendu) sont là, ils préparent un barbecue avec Yves. Il va bientôt faire nuit.
Un hurluberlu avec 2 pendentifs de J.C. sur la croix vient me demander si j’écris un livre, et me souhaite bon courage. Ensuite il me conseille de m’orienter vers le Nord, en testant avec une Tourmaline pour me protéger des ondes électro-magnétiques… Ou quelque chose comme ça, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris.
Voilà qu’on me taxe mon stylo noir. Il s’appelle « Revient ». C’est ce qu’on disait petits à l’école lorsqu’on prêtait quelque chose.
Ca va, je n’ai même pas eu à le demander.
Yves termine la vaisselle.
Il est temps pour tout le monde d’aller dormir. Faites de beaux rêves.
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