Journal d’un BAC+5 SDF #68
Vendredi 5 Juillet 2024
Prêt à dormir avant minuit, c’est assez rare. Au cas où, sait-on jamais, par un sacré hasard, il pourrait éventuellement m’arriver de dormir pour de vrai, je mets la sonnerie du téléphone portable.
Effectivement ça n’a servi à rien. Je me lève bien tôt et me prépare doucement. Je croise David dans les douches. Il s’apprêtait à partir bosser à Rouffach.
Après une longue attente j’entre dans un bus totalement vide. Comme les autres fois le trajet effectué n’est pas le même que celui affiché sur les horaires. Du coup j’arrive en avance au Monument aux Morts. J’espère que ça ne veut pas dire que je vais bientôt crever. Ca serait une vie bien gâchée si elle s’arrêtait maintenant.
Ca me rappelle que lorsque j’étais petit (et déjà pas bien dans la tête ^^, c’était ma période de découverte de récits épiques) j’avais fait un souhait de soit mourir jeune après une vie bien remplie, soit assister à la fin de l’humanité.
L’appartement est tout proche. Le propriétaire m’attend dehors, il n’a pas l’air de manquer de nourriture. Le studio semble encore plus petit que sur les photos, sans doute parce qu’il est encore occupé… et qu’il ne sera libéré que dans trois p****** de semaines ? C’était pas écrit dans l’annonce, ni mentionné au téléphone. Vous imaginez vous coltiner trois semaine de plus de journaux quotidien dans l’attente de cette cage à lapin ?
Je prend un chemin de retour différent et je me suis retrouvé à l’entrée de Soultz. J’estime bien le chemin à prendre, mais pour être sûr je demande la direction à quelques badauds. Une petite mamy m’a totalement snobé. Elle m’a regardé, je lui ai parlé et elle s’est détourné pour regarder sa boîte aux lettres avant de faire demi-tour.
De retour au camping j’avais émis l’hypothèse de faire une petite sieste (après 80min de marche à pied), mais un gars solitaire armée d’une souffleuse faisait largement assez de bruit pour m’en dissuadé.
En plus j’ai oublié mes coussins… et j’ai la flemme de retourner les chercher.
Aujourd’hui pour la première fois une employée mange avec nous, dans la salle commune. Elle a réchauffé un repas « Fresh » qui sentait rudement bon. Il me tarde de pouvoir manger chaud à nouveau.
Eh ben voilà, aucune réponse pour la date de l’entretien d’embauche à Lentilly, et entre temps le logement que j’ai eu tant de mal à dénicher n’est plus disponible. Elle est pas belle ma vie ?
Douche quelqu’un entre et prend la sienne et d’un coup je sens une véritable odeur de merde, ça ne pouvait pas être autre chose. Heureusement que j’avais terminé, sinon j’allais vomir, sans éxagérer.
A nouveau une mouche s’excite sur une vitre close alors qu’à quelques centimètres de là la vitre est ouverte.
Un grand-père torse nu me demande s’il y a des « snacks » ici. Ah non, à l’exception de la machine à cafés il n’y a rien d’autre que des glaces.
Oh c’est-y pas meugnon ? Un vieux couple qui se promène main dans la main ?
Je ne vais jamais être tranquille, après Yves, voilà Dag puis un inconnu et maintenat je vois que David est rentré du travail également. David c’est le prénom de celui qui a fait la mission d’intérim à l’imprimerie de Rouffach (que je voulais aussi faire), et il a été embauché pour faire de la manutention. Et là deux jeunes (par rapport à la moyenne), grandes gueules débarquent dans la salle commune. Ils vont certainement regarder le foot ce soir, eux aussi.
Bidiou c’est les quarts de finales Espagne contre allemagne, et Portugal contre France. On approche de la fin, chouette ! Mais ensuite il y aura d’autre coupes/championnats etc. malheureusement.
Les dames au café, vous vous souvenez ? Et bien deux d’entre elles sont de retour pour remplir le congélo. Elles me demandent toutes gênées si elles peuvent regarder le match ce soir. La plupart des gens qui seront là à 21h ne se poseront pas la question.
Vu qu’il n’y a personne d’autre, je prends le relais pour nourrir Yves avec l’un de mes délicieux sandwichs maison avec de la charcuterie à la découpe.
Grosse fête d’anniversaire prévue demain.
Pronostics du match : Moi 3F-1P (au pif total de toute façon, je n’y connais rien), Yves 2F-0P, inconnu 1F-0P, inconnues 2 et 3 1F-1P.
Les femmes spectatrices chantent la Marseillaise.
On est déjà une quinzaine dès le début du match.
« Allez ! Vas-y tire ! » Les femmes sont les plus exigeantes et râleuses. « Mais c’est pas possible ! »
A la mi-temps il ne restait que Yves, 2 hommes, une petite fille absorbée par son téléphone et moi.
Ah mais il y a un « joyeux anniversaire » ce soir aussi ?! Avec un gâteau et deux grandes bougies qui font des étincelles. L’odeur me fait penser à Noël quand j’étais tout petit, vous savez, les long bâtons argentés qu’on accrochait aux branches du sapin avant de les allumer pour créer des nuées d’étincelles. Bidiou la nostalgie frappe durement…
J’entends des voix maintenant ou quoi ? Le son de mon ordinateur etst coupé et pourtant j’ai l’impression qu’il en sort des bruits. Ca doit provenir d’un téléphone de la terrasse, je suppose. Ah oui, c’est la petite fille qui regarde un dessin-animé ou quelque chose comme ça. Avec des bouts de mouchoir dans les oreilles pour tenter de réduire le bruit, ma perception auditive est également altérée.
David déboule à 23h pour voir le score (0-0), il sort et reviens avec un casse-croûte (conserve de poisson et du pain).
Minuit déjà. IL est temps de ranger mes affaires et tenter de dormir un peu. Ce soir j’ai essayé de mettre des bouts de mouchoirs dans les oreilles pour diminuer l’impact du son des braillards. Ca n’a servi à rien du tout. On va les laisser cette nuit pour voir.
Puissiez-vous passer une nuit calme et régénératrice.
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