Journal d’un BAC+5 SDF #73
Mercredi 10 Juillet 2024
A nouveau on a droit à une nuit noire sans la moindre étoile visible, pas plus que la Lune d’ailleurs. Il ne pleut pas encore mais j’ai droit à un nouveau désagrément : une bestiole, peut-être bien un mulot s’est amusé à s’installer sous ma tente, en édifiant des galeries pour circuler. Inutile de dire que ça frotte la bâche à chaque déplacement. Alors j’ai entrepris de taper le sol et de gratter à travers la bâche pour essayer de bousiller son opération d’accaparement du territoire. Plus de soucis cette nuit, et j’espère que ça ne reprendra pas la nuit prochaine.
La pluie commença alors que j’émergeais péniblement. J’ai donc patiemment attendu dans ma tente que ça s’arrête, et il était alors 11h passées…
Arrivé à l’accueil pour payer le camping, je me retrouve pour la première fois face à deux employées en même temps. « Je dois voir qui ? » Demandais-je innocemment. « Le plus beau sourire. » Répondit Aïsha, la recrue saisonnière. Carène (le cheffe) se tourna vers elle se demandant peut-être « croit-elle avoir un plus beau sourire que moi ? » Une chose est sûre c’est que Carène a de bien plus jolis yeux, ils sont grands aux reflets argentés, magnifiques et envoûtants.
Je me suis fait piquer à la jambe aujourd’hui, près du genoux. Et au bras près de l’intérieur du coude. Yves m’annonce que chez lui on dit des gens comme moi qui attirent la piqûres qu’ils ont du « sang sucré ». Ce n’est pas son cas. Il mange bien quelques glaces, mais c’est vrai que son régime alimentaire est totalement centré sur la bière et donc salé. Les effluves d’alcool émanant de lui mettent peut-être ko les pauvres insectes s’aventurant à proximité ?
Après la longue pluie matinale le ciel est à nouveau bleu. J’en ai profité pour aller faire des courses et ramener du dentifrice, du gel douche, une autre salade de riz, des carottes et des glaces en promotion.
Voilà les pompiers ou une ambulance, tout proche du camping. Ca n’a pas sonné très longtemps.
Il n’est même pas 15h et le « foodtruck » est déjà là. La soirée tarte flambée ne doit pourtant commencer qu’à 18h. Yves remarque qu’il n’est pas à l’horizontal, et que ce n’est pas pratique pour cuisiner. Il va étudier la situation et me faire un rapport avant de décider si oui ou non il va y manger ce soir.
Pour mon cas c’est un non catégorique : les 3 dernières fois que j’ai mangé des tartes flambées j’ai eu une intoxication alimentaire, une grosse boule de pétanque dans l’estomac. Je suis resté alité pendant au moins une journée entière avant de pouvoir à nouveau essayer de me mouvoir pour essayer de survivre.
Les agences de notations financières avertissent (menacent ?) la France. Alors sommes-nous en « démocratie » dans ce cas ? Lorsque la politique nationale est orientée de l’extérieur, c’est-à-dire par des intérêts contraires à ceux de la population, « la question elle est vite répondue » (qui a la ref ?). Tous ceux qui veulent rester dans le système économique actuel sont anti-démocrates. Et ça c’est juste factuel. Vous pouvez voter pour qui vous voulez, mais vous devez suivre la doxa économique, sinon vous serrez sévèrement punis.
Ah ces oiseaux, qu’est-ce qu’ils ont comme idée d’installer un nid au-dessus du parasol ? Il paraît qu’un oiseau est mort hier lorsqu’une employée a fermé ce parasol à cause de l’orage approchant.
Je me suis fait gruger avec les glaces. J’aurais du regarder le poids car elles sont minuscules. Heureusement qu’elles n’étaient pas chères.
Les petits jeux politicards continuent, où la question principale est une fois de plus celle des places et du pognon, mais certainement pas de l’avenir de la France et des français. Le système de partis est vraiment moisi.
Yves est passé en un éclair. Il n’a normalement plus droit de visiter sans payer, mais il a l’excuse de ses quelques sacs à récupérer. Quelqu’un lui a donné une boîte remplie de pâtes à la bolognaise (je crois), alors il en a profité pour les mettre au frigo ici, puisqu’il n’en a pas chez lui, pour le moment.
Pour une fois ce n’est pas Dag mais une petite grand-mère aux cheveux courts et blancs qui fait sonner le frigo pour avoir laissé la porte ouverte trop longtemps, en le remplissant jusqu’à la gueule de cannettes et de nourriture.
Dag a faim, il n’a rien mangé de toute la journée, et il est 17h. Il va quémander une tarte flambée en avance, et apparemment ça marche. Je lui ai suggéré de faire 50 % Emmental et 50 % Munster puisque c’est les deux choix possibles. Il propose de la partager puisqu’il ne mange pas beaucoup.
Aujourd’hui encore j’aide à allumer la télé. Hum ça sent bon… pas la télé, la tarte qui cuit au loin…
Dag revient les bras chargés d’une grande tarte déjà découpée en 8 parts. Il s’installe pour la déguster, mais vu qu’elle n’est pas si énorme que ça, je lui dit qu’il pourra tout manger. Et effectivement il l’a dévoré rapidement, ne laissant que quelques miettes tomber par-terre.
Il est censé pleuvoir à 18h, juste au lancement officiel de la vente de tartes flambées. D’ailleurs pourquoi appeler ça tarte flambée sachant qu’elle n’est pas flambée du tout ?
« Pourquoi cette haine du pince-oreille ? » … se questionne un commentateur. Mais il n’y a aucune haine. Ce sont eux qui viennent me faire c****, c’est tout. Personne ne rentre dans mon antre sans ma permission. Sinon, à leur risques et périls.
Braouuuuum ! Ca grogne, la haut dans les ciel nuageux. Il y a de fortes malchances qu’il pleuve encore une fois, pour changer.
Vous vous souvenez du job à Lentilly dont j’avais parlé ? Eh bien comme raconté hier ou avant-hier, l’agence de recrutement m’a annoncé qu’ils ne recrutaient plus, en gros qu’ils avaient assez de chaire fraîche à exploiter. Aujourd’hui je reçois pas moins de deux offres de logement pour… Lentilly ! C’est du trollage légendaire ça. Pour couronner le tout il y a de nouvelles annonces à Lentilly même.
Je pensais qu’il y avait peu de mangeurs de tartes flambées, mais ils arrivent pour la plupart lors de la dernière heure.
J’ai eu quelques piqûres additionnelles, et gratuitement ! Mais seules deux gonflent un peu.
Je suis tout seul dans la salle commune pendant que les gens mangent dehors, mais une employée du camping vient me prévenir de la descente imminente des portes de l’enfer. C’est bien gentil à elle.
Encore du foot ce soir, Pays-Bas contre Angleterre.
Le télé semble avoir planté, alors pendant qu’ils tentent de la relancer ils regardent le match sur un téléphone.
P***** elles me démangent ces foutues piqûres.
Les enfants s’amusent avec des bruits de klaxons et de sirènes.
On m’appelle en plus pour prendre des photos. Trois en plus, rien de moins. Avec mon tarif pro de photographe, de nuit en plus, ils ont tiré la gueule quand j’ai montré la facture. Le pire c’est qu’ils ne voulaient pas payer ! Alors j’ai appelé les gendarmes qui m’ont donné raison, une fois arrivés. Entre temps j’ai du faire une démonstration de judo avec les râleurs. Pour finir les deux grands gaillards qui voulaient le plus jouer aux malins ont terminé en garde à vue. Bon j’avoue avoir ajouté quelques actes à la scène, à vous de deviner lesquelles.
Yves qui était censé passer pour manger, au moins récupérer sa boîte de nouilles à la viande, n’est pas venu, ou alors c’était lorsque je me suis lavé les dents. Il sera sans doute là demain.
Il dure ce fichu match, il est bientôt 23h et plein de gens regardent et d’autres, encore plus nombreux squattent la terrasse pour bavarder.
22h52 Une méga averse particulièrement soudaine, c’est la panique chez les gens. En plus les moustiques ont décidé de piquer d’autres personnes, sans épargner les enfants. David y a échappé jusqu’à présent.
Me voilà avec un sein sur le bras et un autre plus petit sur la jambe.
L’averse est finie même pas dix après son début et les fêtards ont déjà quitté les lieux. Mais peu après la pluie reprend à un débit plus faible.
Lorsqu’on est plus que les deux, David revient vers moi pour discuter des derniers évènements avec son ex. Il a finalement reçu une réponse claire et nette qu’elle ne veut plus entendre parler de lui. Il va demain récupérer ses dernières affaires en son absence et finir d’encaisser tout ça. Son intérim continue, donc pas question de déménager tout de suite. Apparemment il aurait perçu trop d’indemnités de prime d’activité et doit en rembourser. Il fait plein de sport, des sorties variées (sans alcool) et a contacté une association pour l’aider à vaincre son problème.
De mon coté ça me gave ne serait-ce que de penser à regagner ma tente en sandalette alors que le sol est trempé. J’ai le moral dans la plante des pieds, j’ai envie de tout envoyer bazarder. Mais en même temps mon coté cartésien me stoppe, sachant pertinemment que ça ne servira à rien. Du genre une crise de nerfs qui vous mène à briser un objet (dans le meilleur des cas) et le regretter immédiatement.
Ces derniers jours j’ai découvert quelques petites maisons perdues dans la campagne, pas trop chères. Là au moins je n’aurais pas de problème de propriétaire qui ne veut pas me louer. Mais comme d’habitude il faut attendre une réponse, qui souvent ne vient pas. Quelle intérêt de mettre une annonce si on ne s’en occupe pas au juste ? Peut-être qu’elles sont fausses, pour augmenter les stats du site et générer plus d’argent en publicité ou je ne sais quoi…
Bon assez de vilaines pensées, demain (euh en fait tout à l’heure serait plus jute) sera sans doute meilleur pour tout le monde.
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