Journal d’un BAC+5 SDF #77 (Trump s’est fait tirer dessus !)
Dimanche 14 Juillet 2024
Je me permets d’admirer le ciel étoilé pour un fois. Il y a même un truc lumineux qui se déplace là haut, un avion ou un satellite, je n’en sais rien, on va donc dire un OVNI. Bah oui, techniquement, tout ce qui est un « objet volant non identifié » est classable ainsi, il n’est pas question de petits hommes verts… Nuit habituelle, toujours pénible. Le matin trop chaud me force à évacuer la tente avant de fondre.
Arrivant à la terrasse je vois David en train de prendre son petit déjeuner, un café chaud et des tartines beurrées. On discute pas mal, j’installe mes affaires et puis le drame… Un enfant renverse son gobelet de chocolat chaud. Il en a mis partout, y compris sur les murs.
Ensuite David raconte qu’il s’est inscrit sur le site AmieZ (anagrame d’aimez) pour se faire des ami(e)s dans le coin. Apparemment c’est une plutôt un site de rencontres et il s’est fait draguer. Le courant semblait bien passer avec une dame, mais le soucis c’est qu’il raconte en détails tous ses déboires et qu’elle est… thérapeute. Ah oui, et c’est là que j’ai dit en plaisantant, « on n’emmène jamais de travail à domicile ! » David ne l’a pas mal pris du tout, il a aussi rigolé.
Quand il aura de l’argent il envisage de se faire tatouer un funambule à l’envers qui se retient par un orteil, ou bien un phénix à queue de mustang (là je n’ai pas trop compris), comme symboles de son existence. Je lui suggèr plutôt d se faire imprimer un t-shirt, comme ça il n’y pas de problème si jamais on veut changer d’avis. En plus David connaît quelqu’un qui fait ça, en plus du design.
Aïsha m’offre un croissant (le boulanger leur en a apporté plus que nécessaire pour les réservations). Hum, il est super croustillant, délicieux. Ce n’est pas un produit industriel dégoulinant, mais le produit d’un véritable artisan.
Un oisillon qui n’arrive pas pleinement à voler s’est retrouvé dans la salle commune, je ne sais pas trop comment. C’était lui que j’entendais piailler depuis quelques minutes. Je me suis rendu compte de sa présence lorsqu’il a sautillé à quelques mètres de moi en me regardant.
Toujours est-il qu’en essayant de l’approcher pour le faire sortir il s’est réfugié derrière un meuble, hors de portée. Après quelques minutes j’ai tout de même réussi à l’attraper délicatement et le faire sortir, David (au tél) a eu la chance de le voir avant que je le relâche. Ne reste qu’à lui de se montrer capable de survivre dans la nature maintenant. L’oiseau, pas David !
« Du poulet et des carottes, ah et des pommes de terre rissolées, ça l’fait bien ! » C’est ainsi qu’un garçon fait sa commande pour le repas de midi approchant. Ca donne faim. Vivement que je puisse cuisiner à nouveau, ça me manque tellement.
David est toujours accroché à son téléphone, discutant en marchant depuis plus d’une heure maintenant. Il entre dans la salle commune et parle de sujets sensibles. Apparemment il aurait reçu des coups de martinet avec des fils électriques de la part de son père. Sa mère à 55 ans l’aurait embrassé sur la bouche à trois reprise lors d’une réunion de famille, alors que sa copine était là. Ca fait 21 jours qu’il est au camping et qu’il n’a pas pris une seule goutte d’alcool et qu’il n’en ressent pas le besoin. Il est au bord des larmes, encore à parler de son ex, avec qui il n’a toujours pas pu discuter une dernière fois en face à face. Il parle de vive voix, tout le monde peut connaître sa vie intime et ses soucis maintenant. Il continue de parler en se déplaçant à travers tout le camping.
Maintenant c’est Dag qui arrive, la version muette de Dag. Il se prépare un grand verre d’eau fraîche au bicarbonate de soude. Il le touille tout en manipulant son téléphone. Il écrabouille sans pitié sa bouteille désormais vide. David revient en un éclair, salut Dag, se sert d’une boisson fruité du frigo et part tout souriant, « ma vie c’est une Montagne Russe » en embrassant sa main.
Bordel, peu avant midi Dag revient pour mettre une belle bouteille de bière au frigo… Ce n’est pas une bonne idée. L’air un peu gêné il ressort en me saluant de la main.
Je viens d’apprendre la tentative d’assassinat de Trump en plein meeting ! Et dans la foulé avec quelle légèreté cette information est traitée dans certains mé(r)dias. Meuh non, il n’y a jamais de deux poids, deux mesures. Qu’on l’aime ou pas, n’est pas la question, d’autant plus qu’en théorie ce n’est pas « notre » (futur ?) président, la description des faits devrait rester neutre.
Yves débarque tranquillement peu après midi. Je pense immédiatement à lui passer l’adresse du restaurant où travaille actuellement l’homme qu’il recherche.
Son vélo commence à fatiguer, surtout au niveau d’une de ses pédales qui menace de se détacher.
Cette nuit sa femme l’a appelé paniquée, son capteur de glycémie affichait « LO » et ne savait pas ce que ça voulait dire. La notice sinon ? Perdue quelque part j’imagine. Le médecin ? Pas pensé j’imagine ? Je regarde sur internet, ça veut probablement signifier « hypoglycémie sévère possible ». Heureusement que Yves lui a apporté quelques trucs à manger. En échange sa femme lui a refilé des pots de « saucisses knacky » et quelques autres trucs. Ca lui donne la chiasse donc il n’en mange plus. Pas étonnant, elle ne les conserve même pas au frigo, mais à température ambiante… Qu’est-ce qui peut bien lui passer par la tête ? Si je comprends bien il n’a encor erien mangé de la journée. Avec ce que j’ai dans le frigo je peux lui donner 2 petits pains.
Carène, la cheffe redoutée par Yves, est là aujourd’hui, mais ça se passe bien pour lui, il n’est pas foutu dehors alors qu’il regarde la télé tranquillement « Walker Texas Ranger », rien que ça.
Je m’absente un cours moment et à mon retour ni Yves ni son vélo n’est encore là. Dag est en sueur, il a mal au ventre, il ne va pas bien du tout.
La machine refuse à nouveau de servir un café. Pour d’autres boissons ça fonctionne. Une femme cycliste prend un chocolat à la place et va le boire sur la terrasse. Plusieurs minutes plus tard, alors qu’elle étudie une carte, son GPS lui annonce fièrement « Vous êtes arrivé ! ». Elle remballe ses affaires en maugréant puis s’en va.
Dag s’apprête à boire quelque chose de chaud ! C’est une première. La seule fois que je l’ai vu utiliser la bouilloire c’était pour nettoyer un verre incrusté de cire.
… Je me suis avancé trop vite. En fait il utilise l’eau bouillante pour désinfecter son jerrican, ou alors il transporte l’eau ainsi pour faire un peu de ménage.
Ca faisait longtemps, une mouche vient « jouer » avec moi.
Il n’est pas censé pleuvoir aujourd’hui, pourtant le ciel est tout blanc, il y a un petit vent frais et humide… c’est souvent ce qui précède la pluie. Les nuages grossissent en plus.
Dans les douches, alors que je me brossais les dents, un garçon sort pour rejoindre son père qui attendait dehors et, en me voyant, il lui demande « j’aimerais bien aussi me brosser les dents », et le papa lui répond « en camping, c’est un peu difficile ».
Voilà voilà, encore une fois j’ai un trou de mémoire. J’avais quelque chose à raconter mais sans moyen de prendre des notes, j’ai tout oublié, le vide absolu. Oui, je sais, pour les râleurs, ça ne change pas de d’habitude…
Ca m’est arrivé parfois en plein Partiels durant mes études. Le pire moment c’était en examen d’Analyse (une des subdivisions des maths avec l’Algèbre), où j’étais parvenu premier de ma promo la fois d’avant, et face à l’un des exercices je me suis retrouvé totalement démuni, impossible de me souvenir quoi faire. Heureusement que pour les trois autres exos je n’ai pas eu ce soucis.
Pour les noms aussi j’ai ce problème encore maintenant. J’ai beaucoup de mal à m’en souvenir. Quand je regarde un film ou lis un livre, j’oublie instantanément le nom des personnages, mais en suivant l’histoire j’arrive à saisir de qui on parle à un moment donné. Par contre ne me demandez surtout qui à fait quoi à quel moment, bien que je peux tout à fait m’en souvenir visuellement. C’est parfois compliqué lorsque je reprends la lecture d’un livre dont je ne me souviens même plus trop de l’histoire, mais ça je pense que c’est pour tout le monde pareil.
Yves arrive 10 minutes après le coup d’envoi. Il dit être fatigué, pourtant il a l’air en forme. Il baille tellement que je lui demande pourquoi il s’inflige ça plutôt que de dormir. Il approuve et fini par partir, avec la promesse de revenir demain.
Deux enfants essayent de se connecter au Wifi avec leur console de jeu. Je leur fait un peu de place qu’ils puissent s’asseoir et leur explique la procédure affichée sur la fenêtre : il faut le nom et le mail du parent qui a fait l’inscription au camping. Malgré leurs grands espoirs la connexion n’a jamais pu être effectuée.
David rentre peu avant 23h, il a l’air d’avoir eu une bonne journée et plutôt chargé. Il a besoin d’une nuit de sommeil réparatrice avant de retourner au travail demain matin.
Concernant le foot, il y a pas mal de monde qui a regardé au début, enfin je devrais plutôt dire présents. Parce qu’en fait beaucoup ne sont là que pour internet. A la mi-temps la moitié s’en est déjà allé.
Je vais divulgâcher le score, alors ne continuez que si ça vous est égal. Avec une semaine de délais ça ne devrait surprendre personne. Perso j’étais partagé. D’un coté, historiquement les anglais n’ont pas arrêté de nous faire de sales coups, si bien qu’on appelle l’Angleterre la « Perfide Albion ». De l’autre, leur peuple a au moins quitté cette néfaste (dés)Union Européenne et j’espère que notre peuple finira par s’en inspirer pour en sortir aussi avant qu’elle ne dissolve notre France bien aimée dans le marécage technocratique anti-démocratique.
Euh, au fait c’est qui qui a gagné finalement ? Il faut en plus que je cherche… Ah ça y est, c’est les Espagnoles.
Une énième semaine commence bientôt, j’espère qu’elle sera bonne pour vous tous. D’ici là, passez une douce nuit revigorante.
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