Journal d’un BAC+5 SDF #78 (Bon courage et bonne chance Dag !)
Lundi 15 Juillet 2024
Déjà la 78è nuit au camping. On pouvait apercevoir les étoiles, ce qui reste un spectacle rare depuis que je suis arrivé ici. Protch ! Oh ça faisait longtemps que je n’avais pas écrasé un escargot.
Je suis couché à peine après minuit et on pouvait entendre sur la route des véhicules à pleine vitesse les klaxons tonitruants. Etait-ce pour fêter la fin de l’Euro 2024 ou bien le 14 Juillet ?
Réveil tôt avant la vague de chaleur du petit matin. Les oiseaux semblent adorer ma tente, je les entends se poser et décoller de son toit, de nuit mais surtout de jour.
Pas de Dag en vue dans la salle commune, je parts donc faire mes courses. Le connaissant il partira sans dire un au revoir, sans laisser de message non plus. Il y a un magnifique Soleil, mais il ne fait pas trop chaud, pour le moment. Aujourd’hui il y a pas moins de 5 tartes au citron dans le rayon, alors ça ne se refuse pas. D’autant plus que la tarte aux pommes que j’affectionne n’a pas été préparée aujourd’hui, il n’y en a aucune.
Quelqu’un d’autre que moi s’est installé avec son ordinateur portable. Pendant ce temps une grand-mère sur la terrasse écoute de l’allemand sur son téléphone.
Le réparateur de la machine est là. Il y avait un problème avec le café. Après une dizaine de minutes il semble avoir réglé le problème. Il n’a pas eu besoin de vider le bac de mare de café visiblement, alors que c’était indiqué sur l’écran (enfin, je crois, il me semble que quelqu’un avait lu ça il y a quelques jours).
« Il y a des p’tits cochons ! » s’exclama l’employée du camping qui prend connaissance des restes de traces de chocolat renversé par un petit garçon hier. Elle doit s’occuper de l’accueil et n’a donc pas le temps de faire le grand nettoyage. Un coup de balais est amplement suffisant.
Un client ou quelqu’un des ateliers municipaux discute à l’accueil. Il a eu une infection par son chat (non vacciné) ou quelque chose comme ça. Ca saignait et il ne pouvait plus sortir de chez lui pendant des semaines. Pour quelqu’un comme lui qui passait d’habitude ses journée à l’extérieur c’était l’enfer.
Finalement l’employée trouve tout de même le temps de passer la serpillière. Me voilà prisonnier, entre le mur et le sol glissant. Je ne sais pas si je vais m’en sortir.
Je lui demande pour Dag et elle m’annonce qu’il n’a pas encore rendu les clés du Pod, donc à priori il est encore là. Ceci dit il serait capable de l’oublier et de partie avec.
Je me souviens que la première fois que je suis allé dans un Hôtel tout seul, la première journée je suis parti avec la clé de ma chambre.
Maieuh… Je souhaite bon appétit à l’employée du camping et elle m’a juste répondu pas merci, sans me le souhaiter en retour. Snif…
Aie rien ne va plus. Frère et sœur jouaient sur leur téléphone/console quand leurs parents les prévient qu’ils vont partir dans cinq minutes. La fille arrête son activité pour se préparer alors que son frère continue de jouer. Dix minute plus tard le père revient et lui confisque sa console, résultant en des « chouinailleries » de son fils, sur le bord des larmes.
« Tu veux passer l’après-midi tout seul au camping ? Tu te feras à manger et tu ira à la piscine ? Alors cesse tes gamineries. »
Vous souvenez-vous de « The Legend of Zelda : A Link to the Past » sur Super Nintendo ? Eh bien étant membre d’une famille nombreuse, les règles étaient plutôt strictes pour que tout fonctionne correctement. Le soir, après le dîner je me ruais à l’étage avec mon frère pour jouer un cours moment aux jeux vidéos. Et la première fois que je suis arrivé à battre le dernier Boss et que je pu admirer la fin de ce sublime jeu, devinez ce qu’il s’était passé ? L’heure était dépassée et malgré des explication orales, ma mère n’a rien voulue savoir et a coupé le courant de l’étage, éteignant brutalement la télé et la console… Vous imaginez un peu ? En plus le lendemain je me suis fait troller à l’école par un plus grand qui avait eu vent de cette histoire alors que j’en discutais avec mes mais, et m’a fait croire qu’il était probable que la sauvegarde soit dorénavant corrompue et inutilisable… Wouhaaa le stress toute la journée jusqu’à mon retour à la maison où, heureusement tout s’est bien passé.
12h30 Dag débarque ! Le Dag muet bien entendu. Il remballe ses dernières affaires du frigo et du congélateur puis vérifie son téléphone. Je l’accompagne ensuite jusqu’à sa voiture. Il vérifie le niveau d’huile et doit en rajouter tout plein. Et puis « maintenant je pars » furent ses derniers mots, on se salut en agitant la main et sa vieille petite voiture (qui roule pour de vrai, bien qu’on puisse en douter en la regardant) disparu lentement dans le lointain…
Bon courage et bonne chance Dag !
Il fait une chaleur à crever maintenant. Quelle idée de prendre la route cette heure-ci.
Je rejoins ma tente le temps d’un coup de téléphone, afin d’après à peu près au calme. Et devinez quoi ? Bah il a commencé à pleuvoir alors que j’étais dedans, et je me suis fait mouiller en regagnant la salle commune.
Le coup de tél était pour un logement. Il est cher, éloigné et en plus au cœur d’une cité… Ca donne envie rien que d’en parler, n’est-ce pas ? Et lorsque je demande des informations, je n’ai qu’un « allez donc visiter ». Mouais… On va voir…
Je ne comprends pas trop ces gens là, on dirait qu’ils sont payés à la visite, et non pas pour une location.
Le premier vendeur (de confitures artisanales) est en avance, il est déjà prêt à 17h20, avec un magnifique stand. Petit à petit d’autres artisans arrivent. Ils ont l’air aussi nombreux que les visiteurs.
La météo n’était pas particulièrement pessimiste, toutefois on a eu droit à plein de pluie dès 19h30, juste quand les artisans remballaient leurs affaires.
J’en ai marre des olives. Je ne mange que ça depuis plusieurs jours, alors ce soir je me permets d’ouvrir ma salade de carottes au citron. En plus j’ai droit à une part de tarte au citron en dessert, avec une glace en prime.
C’est soirée jeux de société, la première que je vois depuis mon arrivée. Deux personnes jouent au « jeu de Tock » sur un plateau des « petits chevaux » (plus facilement transportable). Ca a l’air intéressant comme jeu. Pas totalement aléatoire comme ce dernier, il y a un système de cartes et de capacité spéciales à utiliser avec parcimonie. Mais à mon avis ajouter en plus une petite part d’aléatoire avec des dés, ça pourrait vraiment épicer le jeu.
Une très jolie rouquine aux cheveux ondulés y joue avec un homme bien plus âgé, et elle perd très souvent.
Et vous, connaissez-vous ce jeu et y jouez-vous régulièrement ?
Il y a des gens qui utilisent comme sonnerie celle des très vieux téléphones mécaniques, avec le cadran à tourner ou la manivelle à actionner. C’est vraiment horrible pour les oreilles. C’est un allemand qui l’utilise, ça ne m’étonne même pas.
David va se coucher tôt, à 22h. Mais l’important c’est qu’il a l’air content. En rentrant du travail il est reparti faire un peu de jogging et s’est fait saucer par la pluie. Ensuite il a voulu que je le prenne en photo torse nu sous la pluie…
David est au lit, Dag est parti pour de bon, Daniel ne travaille pas ici cette nuit et Yves n’est pas venu aujourd’hui. Ca fait comme un vide.
Deux jeunes allemandes accros à leur téléphone parlent sans cesse ensemble en chuchotant. Ce sont les seules à faire ça.
En tout cas ça fait plaisir des soirées comme ça, où tout le monde joue, sans même la télé d’allumée.
22h23 Me voilà tout seul dans la salle commune. Mais il y a encore des gens sur la terrasse.
Ca n’a que duré le temps que j’écrive ces deux phrases. Les deux enfants qui jouaient avec leurs parents à des jeux de société ce soir sont de retour à regarder leur tél.
L’un d’eux écoute en boucle une musique bizarre de 4 notes jouées en double. C’est de la torture auditive, sérieusement. A cela s’est ajouté un long coup de micro-onde pour réchauffer des bouts de pains de quelqu’un sur la terrasse.
V’la autre chose, j’ai mal numéroté mes deux derniers journaux, donc je les ai édité juste pour changer ce petit détail. Eh oui, j’arrive à ma 79è nuit ici, pas une de moins !
Quand j’y pense, je vais à nouveau devoir marcher dans la nuit noire sur de l’herbe bien mouillée, avec plein d’escargots partout… Ca risque de craquer sous les pieds. En plus le son est plutôt addictif. Ah, je me souviens d’une de mes colonies (forcées) de « vacances », avec de jeunes urbains qui n’avaient jamais vu la nature… Ben quoi qu’on fait quand on connaît pas ? Ben on balance les escargots contre les murs, pour voir si ça colle j’imagine…
Penser à ça avant d’aller essayer de dormir n’est pas cool, mais je n’ai pas choisi. Allez, faites de beaux rêves pleins de croustillants mais sans escargots !
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