Judi Rever et Paul Kagamé : « Le premier qui dit la vérité ..... » (2/... ?)
« Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté »[1].
Dans ma précédente livraison[2] j’avais exprimé mes sentiments devant la levée de boucliers qu’avait provoquée la décision de certaines autorités néerlandophones du monde académique belge de prévoir des « lectures », à propos du livre : « In Praise of Blood. The Crimes of the Rwandan Patriotic Front [3] » de Judi Rever en présence de l’auteur. J’appréciais la légitimé, au vu du Droit (entre autre belge), d’exercer la liberté de s’exprimer comme le faisaient les pétitionnaires du 8-9 ou 10 octobre 2019[4], avec un « soupçon de réserve toutefois [5] » ..... En effet, je me posais la question de savoir comment ces « pétitionnaires » pouvaient encore rester « bystanders » devant ce livre, comme l’était restée la communauté internationale, amie du peuple rwandais, devant les prodromes du Génocide de 1994 ? Comment et pourquoi les pétitionnaires du 8-9 ou 10 octobre n’ont-ils pas fait usage de leur droit pour obtenir en référé, auprès des juridictions ad hoc, l’interdiction des prises de paroles de Judi Rever ? Car en effet, si on lit bien cette « pétition - lettre ouverte » il y a de graves accusations de négationnisme à l’encontre de Judi Rever ; accusations constituant en fait la mise en évidence des menaces, précises, exactes et complètes de planification d’un nouveau génocide et d’exhortation implicite à sa commission ..... Car le négationnisme n’est-il pas une des prémices de tous les génocides ? Le « never again », le « plus jamais ça » sans réaction au « ça », ne serait-ce que lettre morte ? Ne pas actionner les leviers de la Justice, ne serait-ce pas, en fait, une sorte de complicité passive, une attitude d’abstentionisme ou même incitation à un néo-génocide par omission ? « Attitude de passivité » que les pétitionnaires, justement, se font un devoir de dénoncer (à propos de la France, entre autre). Dès lors, comment et pourquoi la Justice (belge et/ou internationale, par exemple la CPI) n’a-t-elle pas été saisie et laisse-t-elle la propagande génocidaire se développer aussi librement sans réaction, sans mise à l’index, sans inculpation pour enfreinte aux lois mémorielles internationales ......... ? Une simple « lettre ouverte – pétition » ne serait-elle pas une réponse inappropriée et sans commune mesure avec le préjudice que causeraient, les écrits de Judi Reve, à toutes les victimes passées, présentes et à venir des génocides » [6] ? La « retenue » des « signataires » ne serait-elle pas l’aveu de leur crainte de prendre le risque d’aboutir à l’ouverture d’une Boîte de Pandorre[7] à propos du régime actuel de Kigali depuis « avant, pendant et après » le Génocide des Tutsis du Rwanda de 1994. Des vérités n’émergeraient-elles pas au grand jour s’il fallait aller au bout de la logique anti-négationniste ?
Car à bien relire la « pétition-lettre ouverte » on se rend compte que les signataires semblent bien vouloir faire porter à Judi Rever la responsabilité d’un arithmétique macabre selon laquelle : 1 génocide des Tutsis par des Hutus + 1 génocide des Hutus par des Tutsi = aucun génocide du tout.
Or cet assertion simpliste est fausse ..... Judi Rever a toujours reconnu la réalité du génocide des Tutsis par les Hutus en 1994. Et vouloir l’empêcher de parler est significatif de ce que dire la vérité, rien que la vérité et toute la vérité, fait peut-être peur à un certaines personnes qui, face à l’évidence, devraient, honnêtement et logiquement, en arriver à « brûler ce qu’ils ont adoré et adorer ce qu’ils ont brûlé »[8].
Ne faut-il pas tirer sur le messager pour éviter que l’analyse du message ne « prouve » la vérité du message ? Et c‘est bien le cas, selon moi, de Judi Rever, de son livre et de l’initiatives des « pétitionnaires ».
Le contenu du message des pétitionnaires est, pour moi, fallacieux. Mais justement parce qu’il est calomnieux, il nécessite de rappeler certaines questions qui se posaient depuis très longtemps.
Puisqu’il est le compatriote de Judi Rever, il faut examiner en premier lieu le cas du Général Roméo Dallaire, chef militaire de la Minuar[9], qui écrivait dans son livre « J’ai serré la main du Diable [10] » en 2003 : « .... Kagamé ne semblait pas faire grand-chose pour remédier à cela (les pillages). Qui, au juste, avait tiré ses ficelles[11] tout au cours de la campagne. Je plongeai dans des pensées sinistres, me demandant si la campagne et le génocide n'avaient pas été orchestrés pour un retour du Rwanda au statut quo d'avant 1959 époque à laquelle les Tutsi dirigeaient tout. Les extrémistes hutus avaient-ils été plus dupes que je ne l'avais moi-même été. Dix ans plus tard je ne peux toujours pas éluder cette troublante question, surtout à la lueur des événements qui, depuis, ont lieu dans la région ». Il ne s’agit pas ici de tirer sur le messager qu’est Dallaire en tant que pétitionnaire...Mais bien de rappeler que Judi Rever avait sollicité Dallaire pour une entrevue. Celui-ci l’a tout simplement renvoyée à son livre . Elle n’a donc pas pu discuter avec lui de cette « lancinante question » .... alors que les pétitionnaires (dont Dallaire) déplorent le manque d’ouverture de ceux qui ont organisé les « lectures », objet de leurs « récriminations ». Il faut savoir que Dallaire suite à une entrevue récente avec un journaliste néerlandophone, déclare : « J’ai 20 ans de thérapie derrière le dos et je prends encore journellement neufs pilules différentes ».
Il faut savoir aussi que Dallaire lui-même a reconnu, devant une commission militaire canadienne[12] enquêtant sur les « méfaits » de la Méfloquine[13], à propos de ses aptitudes à commander la Minuar :
“La Méfloquine est un vieux truc et elle affecte notre capacité à fonctionner ».
(Dans son cas, les effets secondaires étaient si sévères qu’il a dû demander à son assistant de contrôler ses actions - Traduction personnelle – Sic « Commons veterans affairs committee » - Canada). Il a ajouté lors de cette audition :
“J’étais depuis un an sous Méfloquine. Après environ 5 mois sous cette médication , j’ai écrit au Quartier Général de la Défense Nationale et je disais que cette chose affectait mon habilité à penser. Cette chose m’arrache (m’éclate) l’estomac ( ?). Cette chose affecte ma mémoire, et je veux m’en débarrasser » ….. « J’ai alors reçu en retour un message – c’était l’un des messages en retour le plus rapide que je n’ai jamais reçus – qui, essentiellement, m’ordonnait de la continuer, si non, je passerais en cour martiale pour mutilation volontaire »(Traduction personnelle). (Mars 2017)
Si on peut comprendre que le livre qu’il a écrit n’est qu’une psychothérapie adaptée à son cas, sa participation à la « lettre ouverte-pétition » de ce 08-09 et 10/11 semble dépasser le cadre des initiatives qui pourraient lui permettre de sortir de son handicap et assumer la réalité.
A ce propos il faut lire l’article de Yves Engler, journaliste canadien anglophone qui à propos de Dallaire pose la question ; « Is Roméo Dallaire a genocide denier ? » ce 06/06/2019 dans : https://dissidentvoice.org/2019/06/romeo-dallaire-denies-canadian-genocide-and-distorts-rwandas/ sous le titre : « Roméo Dallaire denies Canadian Genocide and distorts Rwanda’s » et ce, bien avant l’initiative d’octobre 2019 de certaines autorités néerlandophones du monde académique belge !!!
Il faut également noter l’étrange coïncidence. Alors que le livre en anglais de Judi Rever « The Praise of Blood » de mars 2018 est paru en néerlandais sous le titre « De waarheid over Rwanda. Het regime van Paul Kagame [14] » en octobre de la même année, le livre de Dallaire « Shake Hands with the devil » de 2003 semble avoir été également édité en néerlandais sous le titre « Oog in oog met de deuivel »[15] en .... octobre 2019 !!!! 16 ans après !!!!!
Avant d’en terminer avec Judi Rever et Dallaire, je conseille vivement de regarder la vidéo : « Escadrons de la mort rwandais au Canada » dont les références sont reprises ci-dessous/
https://www.youtube.com/watch?v=cahM-sP3j-0
ou
ou
https://www.youtube.com/watch?v=62_3noAEYjc
A côté d’entrevues avec Judi Rever, bien entendu, il y a les interventions de Cyrie Makuze, (veuve Sendashonga), Lewis Mudge (Human Rwight Watch), Meryam Haddad (Avocate), Guy Raspaille (ex-Président du Comité de Contrôle des Renseignements belges), Marie-Eve Desrosiers (Professeur Adjointe Université d’Ottawa), François Audet (spécialiste de l’Aide Humanitaire) ....
On peut y « entendre » aussi Kagamé reconnaître par trois fois implicitement les assassinats de Seth Sendashionga , Patrick Karegeya, Théoneste Lizindé, Félicien Gatabazi ..... Ce qui rappelle sa réaction lors de la célèbre entrevue avec le journaliste de la BBC, Stephen Sackur, le 7 décembre 2006 [16] et sa reconnaissance implicite de son rôle dans l’assassinat d’Habyarimana....Il s’agit d’un chef d’œuvre l’ubengwe[17], qui est à la culture de l’oralité ce que sont les arts martiaux à la culture physique.
Alors ? Qui a peur de Judi Rever .... ?
[1] Guy Béart
[2] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/judi-rever-et-paul-kagame-le-218870
2 Errata . Il faut lire, ligne 2 : « L’exercice des libertés .... est garanti » et non « sont garanties » et 3iéme paragraphe, troisième ligne « Johan » ou lieu de « Serge »
[3] ISBN 978—345-81209-4 Random House Canada - 2018
[5] Georges Brassens : « Mourir pour des idées »
[6] Yves Engler Cfr plus loin
[7] ww.linternaute.fr/expression/langue-francaise/80/la-boite-de-pandore/
[8] https://www.liberte-algerie.com/chronique-ramadhanesque/courbe-la-tete-fier-sicambre-adore-ce-que-tu-as-brule-brule-ce-que-tu-as-adore-saint-remi-archeveque-de-reims-437-533-249549
[9] Chef Militaire de la Mission des Nations Unies au Rwanda – (12/93 – 07/94)
[10] Editions « Libre expression » – ISBN 2-7648-007-X – Traduction de « Shake Hands with the Devil” P 588 – premier alinéa -14ième ligne et suivantes.
[11] « Ficelles » de Kagamé .... marionnette de qui ?
[12] https://www.theglobeandmail.com/news/politics/dallaire-testifies-mefloquine-drug-impaired-his-thought-process/article34235648/
[13] Prophylaxie antipaludique aux effets collatéraux dévastateurs : hallucinations, délires, schizophrénie, tendances suicidaires, etc...que certains ont mis sur le « dos » de PTSD (pour Posttraumatic stress disorder).
[14] Amsterdam University Press « La vérité sur le Rwanda. Le régime de Paul Kagamé »
[15] Uitgeverij Omniboek « Les yeux dans les yeux avec le Diable »
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