Jusqu’ici, tout va bien
Les pilotes connaissent tous l’histoire horrible de cet avion qui s’est écrasé avec ses passagers lors d’un vol en montagne parce qu’il s’était engagé dans une vallée fermée trop étroite pour un demi-tour. L’enregistrement des voix à l’intérieur de la cabine témoigne de la bonne humeur de passagers qui ne prirent conscience de la funeste erreur du pilote que tout à la fin du vol, et de leur vie. Ses derniers mots furent : « je m’excuse ».
Cette tragédie présente de fortes similitude avec ce que vivent actuellement les français. L’avion France continue de voler mais son destin est scellé depuis bien longtemps. Avec un endettement qui atteint 120% du PIB, un déficit public de 9% qui est probablement le pire d’Europe, la France a ruiné pour plusieurs générations toute capacité de rebond. Les Français ont dilapidé leur capital de confiance en empruntant outrageusement non pas pour préparer le futur de leur descendance, mais pour financer l’extravagant train de vie d’une frange privilégiée de la population. Cette extravagance se retrouve également dans la balance des paiements déficitaire de 70 milliards d’euros chaque année : les Français consomment plus qu’ils produisent.
Alors évidemment, cela ne peut pas durer éternellement. La confiance s’érode et cette érosion aura des conséquences inévitable sur la notation de la France et donc sur ses taux d’intérêts d’emprunt. Et lorsque les taux remonteront, le gouvernement devra faire des choix qui seront forcément douloureux, l’exemple de la Grèce est de ce point de vue assez éclairant. Ceux qui s'indignent de la perte de souveraineté du pays devraient déjà faire leur deuil des joyaux de l’économie nationale qui finiront inévitablement dans le portefeuille des rapaces qui exigeront des mesures d’ajustement structurelle contre un rééchelonnage de la dette. Au nombre de ses mesures, il faut sans doute anticiper les mesures sociales habituelles telles qu’une amputation des retraites, une réduction de l’accès au soin, la privatisation du système de protection sociale, le démantèlement des ports, aéroports, gares, autoroutes, routes, de l’administration qui sera confiée à des sociétés privées, de l’enseignement, de la défense… Bien sûr, le tarrissement de certaines aides créera de la misère, de la faim, du froid, des larmes, des maladies ; sans doute même assistera-t-on à des confrontations pour l'accès aux ressources. Les communautés présentes sur le territoire vont se resserrer pour survivre. Les personnes isolées pourraient devenir des proies faciles...
Poussés par le désespoir, certains français se révolteront, comme les grecs, mais ces révoltes seront réprimées dans le sang et la douleur car s’il est un budget qui n’a pas diminué, c’est évidemment celui des munitions destinées au maintien de l’ordre. Alors dans ce contexte, l’élection présidentielle n’a probablement pas une grande importance puisque la France appartient d'ores et déjà à ses créanciers. Reste à savoir à quel moment ils se manifesteront. La dégradation de la note de la France sera le signal de l’halali. A ce moment là, il y a fort à parier que les responsables de ce désastre ne s’excuseront pas ; peut-être même partiront-ils loin d’ici, la caisse sous le bras.
55 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON