Jusqu’où ira Elon Musk ?
"Jusqu’où ira Elon Musk ? Jusqu'où ira l'homme le plus riche du monde, et nouveau patron du réseau social Twitter, qu’il vient de racheter au nom de la liberté d’expression ? Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? La liberté d’expression à la sauce Elon Musk est-elle synonyme de liberté de parole ou de tapis rouge pour les contenus complotistes ou d’extrême droite ? Faut-il avoir peur de la toute puissance d’Elon Musk et d’une poignée de multimilliardaires qui ont tendance à se substituer aux États ?
Elon Musk, première fortune mondiale, s'invite un peu partout, que ce soit en Ukraine avec ses satellites, ou son plan de paix qu'il fait voter par des internautes, il s'invite aussi à Taïwan, il parle de la lune, de Mars qu'il veut coloniser, bref un homme d'une puissance folle, qui cherche à influencer le cours de l'histoire...
Escroc ou génie ?
En rachetant Twitter pour 44 milliards de dollars, l’homme le plus riche du monde devient aussi le plus influent de la planète… et prépare une petite révolution sur le réseau social.
230 millions d'utilisateurs dans le monde...
Patron de Tesla, le leader mondial de la voiture électrique, dirigeant de l'agence de tourisme spatial Space X, avec laquelle il veut conquérir Mars, Elon Musk est un magnat de la tech ultra influent. Il côtoie les plus grands dirigeants du monde... Donald Trump est un de ses plus fervents admirateurs.
Musk n'hésite pas à s'improviser diplomate : en Ukraine, il a offert son réseau d'accès à internet par satellite pour aider l'armée de Kiev à communiquer, puis il a conseillé aux Ukrainiens de faire la paix avec la Russie autour d'un plan qu'il a lui-même écrit. Il y a quelques jours, il a provoqué un nouveau tollé en voulant résoudre le conflit entre la Chine et Taïwan... une liberté d'expression qu'il revendique et promeut à travers le monde entier.
En rachetant Twitter, il va être l'arbitre de la liberté d'expression.
Qui est cet homme ? Un fou ? Un génie ?
Selon l'économiste Daniel Cohen, il est fou, il a appelé son fils du nom d'une voiture XA 12, l'état de Californie ayant interdit de mettre des numéros dans les prénoms, il a transformé 12 en lettres romaines. Ce n'est pas quelqu'un de tout à fait raisonnable. Il expliquait en 2017 qu'il serait sur la lune en 2022, il explique même aux Ukrainiens ce qu'ils doivent faire pour signer un traité de paix avec la Russie.
Il vit dans un monde de science-fiction, il s'est fabriqué un monde à lui, il l'habite, ça lui permet de ne pas voir que certaines choses ne sont pas possibles.
Par exemple, pour la fabrication de la Tesla, il a rêvé d'une usine de montage où il n'y ait pas un seul humain, il a lancé sa chaîne de montage en 2016, en 2018, il n'y avait toujours pas une seule bagnole qui sortait de sa chaîne de montage... il a été obligé de se résoudre à mettre des humains. Et son commentaire à la fin a été : "On sous estime les humains..."
Elon Musk se sent investi d'une mission : il parle de maximiser la vie des humains, il se pose en sauveur de l'humanité.
Selon Nathan Devers, romancier, la clef de l'argent n'est pas la bonne, ces géants de la tech n'ont pas un mode de vie où ils donnent l'impression d'être à la recherche de plaisirs absolus. Le fond de l'affaire, c'est que ces gens-là sont fondamentalement des religieux. Il s'agit de refaçonner l'humanité. Musk est habité d'une mystique de la technologie et d'une forme de messianisme dont il est lui-même le Messie sécularisé.
Mais, en fait, selon Julia Cagé, économiste, il n'a pas pour projet de transporter 6 milliards d'êtres humains sur Mars, il veut sauver ses semblables, c'est à dire une toute petite partie de l'humanité, des milliardaires comme lui. Il dit qu'il veut décarboner l'économie et il envoie des touristes dans l'espace !
Le monde de Musk, c'est une toute petite élite qui sera sur Mars qui regardera de très haut la planète avec des gens qui sont en train de mourir de faim et qui serviront à fabriquer les fusées qui enverront quelques milliardaires supplémentaires sur Mars. C'est, en fait, un libertarien, il est contre l'état parce qu'il pense que les milliardaires peuvent se substituer à l'état. Il pense que l'état est nul, inefficace, corrompu et que, lui, milliardaire n'a pas besoin de payer d'impôts, puisqu'il va prendre les bonnes décisions pour l'ensemble de la planète.
Musk, Trump et Kanye West se positionnent comme des gourous avec une influence très forte sur une partie des opinions publiques, selon Asma Mhalla, spécialiste des enjeux du numérique.
Musk est en train de faire toute une campagne pour rassurer les annonceurs... Toutes ces plateformes du numérique tiennent grâce à nos désirs, nos failles égotiques, au fait que nous tous nous voulions y être.
Musk est une espèce de troll en chef, il pointe aussi les failles de notre système, maître en technologie, il est un capteur de données, données personnelles, industrielles, militaires, enfin, c'est un maître en techno politique.
Selon Daniel Cohen, Musk est antisystème, il est profondément anti syndicat, il interdit la syndicalisation dans ses entreprises, il est profondément libéral. Il croit jusqu'à la bêtise à la puissance de la technologie, il est dans un monde qu'il se fabrique lui-même.
Musk a racheté Twitter, c'est donc un de ces milliardaires qui mettent la main sur de grands médias.
Qu'un seul milliardaire possède un média aussi influent, c'est un problème pour le fonctionnement de la démocratie. Ainsi, Musk est dans une situation de dépendance par rapport au pouvoir Chinois, car la plupart de ses bagnoles sont fabriquées en Chine, la plupart de ses voitures sont vendues en Chine. Ce n'est pas du tout un être indépendant, éthéré. Selon lui, Taïwan doit accepter un statut à la Hong Kong.
La promesse des réseaux sociaux, c'est une promesse de démocratie et d'émancipation. Le résultat est complètement opposé à cette promesse d'émancipation.
On attendait une agora planétaire et on a le contraire : des fake news, des post vérités. On est dans une jungle sans médiateurs. Pour se faire entendre, il faut parler plus fort que les autres, appeler à haïr, c'est ça la grammaire des réseaux sociaux.
Pour Nathan Devers, la liberté séparée de la responsabilité, c'est un problème majeur. Des gens qui insultent sur Twitter ne diraient jamais ces insultes dans la rue, ils n'iraient jamais insulter un inconnu : ils auraient peur de se faire frapper ou de se faire insulter en retour.
Musk, lui, veut une liberté d'expression totale. Qu'est-ce que cela veut dire la liberté pour Elon Musk ?
Quelques jours après l'annonce du rachat de Twitter, il a relayé une fake news à propos de l'agression du mari de Nancy Pelosi, un article de blog assez obscur selon lequel Paul Pelosi avait fait appel aux services d'un prostitué et ce serait lui qui l'aurait agressé. C'est totalement faux.
Quelques heures plus tard, il finit par supprimer le tweet qui avait été liké des millions de fois entre temps. Si le chef en personne relaie des fausses nouvelles, c'est tout de même un gros problème.
De plus, dans les heures qui ont suivi le rachat de Twitter, on a noté une énorme augmentation des contenus de haine."
Après le rachat de Twitter, Elon Musk a licencié environ 50% du personnel : c'est raide ! On imagine le désarroi de tous ces employés qui ont été congédiés...
"Le processus de licenciement en cours est une farce et une honte. Des sbires de Tesla prennent des décisions sur des gens dont ils ne savent rien à part le nombre de lignes de codes produites. C'est complètement absurde", a tweeté dimanche Taylor Leese, le directeur d'une équipe d'ingénieurs qui dit avoir été mis à la porte.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2022/11/jusqu-ou-ira-elon-musk.html
Sources :
Vidéo :
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