Justice
Ancien procureur de la Couronne pour l’Angleterre et le pays de Galles, actuel procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan est un humaniste et un homme de conviction. C’est sans doute la raison pour laquelle ce « barrister » anglais a réussi, en si peu de temps, de concocter un acte d’accusation contre le président russe, Vladimir Poutine, et d’émettre un mandat d’arrêt international pour « crime de guerre pour la déportation illégale d’enfants d’Ukraine vers la Russie », avec le soutien financier de l’Organisation du traité de l’Atlantique du Nord (OTAN), il convient d’ajouter. (1)
Dans ce contexte, il convient également d’ajouter, pour la petite histoire, que le frère de Karim Khan, Imran Ahmad, député conservateur à la Chambre des communes, fut condamné par une Cour anglaise, le 11 avril 2022, à 18 mois de prison ferme, pour détournement de mineurs.(2) Il va sans dire que le procureur de la Cour pénale internationale n’est pas responsable des actes de son frère, néanmoins on aurait pu attendre de sa part, non pas qu’il prenne ses distances avec celui-ci, mais qu’il condamne ses actes.
Ainsi, dans le système juridique censément le plus parfait au monde, celui des Etats-Unis, partie prenante dans cette affaire, bien que n’ayant jamais ratifié le Traité de Rome (3) et ne reconnaissant la Cour pénale de la Haye que quand cela l’arrange (4) 98 % des affaires pénales sont réglées « à l’amiable » par ce qu’on appelle des « plea bargains » une sorte de marchandage de souk entre le procureur et la défense, à condition que l’accusé plaide coupable.
Ainsi, en 2008, le financier Jeffrey Epstein fut condamné par une cour de Floride à treize mois de semi- détention pour prostitution de mineurs, suite à une telle « négociation » entre le Procureur des Etats-Unis pour le district de la Floride du Sud de l’époque, Alexander Acosta, ancien Secrétaire au Travail des Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump et Alan Dershowitz, avocat et professeur de droit à l’Université de Harvard, également impliqué dans cette affaire, dont les tenants et aboutissants sont gardés secrets à ce jour.
Toujours est-il, le vénérable « Wall Street Journal » (5), nous apprend ces jours-ci que l’actuel directeur de la CIA, William Burns, avait rencontré Jeffrey Epstein à plusieurs reprises, bien après sa conviction, pendant qu’il occupait le poste de Secrétaire d’Etat adjoint.
Kathryn Ruemmler ancienne conseillère du président Barack Obama, consultante de chez Goldman Sachs et co-présidente du « Comité pour les risques de réputation » de la banque a, pour sa part, de nombreux dîners d’affaires avec le financier à son actif et l’avait introduit auprès d’Ariane de Rothschild, l’actuel CEO de la banque privée genevoise Edmond Rothschild Group.
Joshua Cooper Ramo, Vice-président du cabinet de conseil « Kissinger Associates », fondé et dirigé par l’ancien Conseiller à la sécurité nationale et ancien Secrétaire d’Etat, Henry Kissinger, également ancien membre de la direction de Starbucks et FedEx était un fidèle « client ».
Compte également parmi les intimes l’intellectuel et oracle du « Massachusetts Institute of Technology » MIT, Noam Chomsky, qui avait rencontré Jeffrey Epstein à plusieurs reprises, bien après sa conviction, avec son épouse et le metteur en scène Woody Allen dans le manoir newyorkais du financier, vendu entre temps, en mars 2021, pour 51 millions USD au financier Michael Daffey, ancien directeur de Goldman Sachs. Suite aux questions posées par le Wall Street Journal, le sage rétorquait : « It’s none of your business. »
Toujours est-il. Ce fut le 28 février 2022, quatre jours après l’invasion russe en Ukraine, que le procureur Khan annonça son intention d’ouvrir une enquête sur « la situation en Ukraine » et deux jours plus tard l’ambassade britannique à la Haye délivra à la Cour pénale une requête, signée par 40 diplomates américains et britanniques, lui emboitant le pas. Le même jour, le sénateur américain Graham introduisit une résolution au Sénat accusant Vladimir Poutine « et les membres du régime russe » d’acte de guerre et violation des droits humains. »
Fort de ce soutien, Khan entama sa première tournée promotionnelle en Ukraine le 3 mars 2023 où il déclara que « Il va sans dire que le procureur de la Cour pénale internationale doit, indépendamment du fait qu’il a de la sympathie pour ses amis ukrainiens, rester objectif et ne doit pas prendre parti dans les hostilités. » Fin de citation
Pourtant, lors de sa quatrième visite en Ukraine, il assista à une conférence organisée par le président ukrainien Volodyyr Zelensky, où il conversait intensément avec le procureur général des Etats-Unis Merrick Garland,
En outre il se trouve que l’acte d’accusation de la Cour pénale internationale est largement inspirée par les travaux du « Yale Humanitarian Research Lab » (LAB), rattaché à l’université de Yale et soutenu par le Département d’Etat et d’autres partenaires, ayant pour but de « documenter des violations du droit international et crimes de guerre commis par la Russie et ses forces alliées en Ukraine ». (site web Yale HRL)
Un reporter du site d’information « Grayzone », Jeremy Loffredo, a pu interviewer le responsable du projet HRL, Nathaniel Raymond, après avoir visité quelques-uns de ces « camps de détention d’enfants ukrainiens en Russie » qui se sont en fait avéré être des centres culturels pour jeunes musiciens ukrainiens, pour lui poser quelques questions. Il s’avère également que celui-ci n’a jamais mis les pieds en Russie et admet à demi-mot qu’il s’agit en réalité d’une « opération teddy-bear » et avoir « subi des pressions de la part du National Intelligence Council NIC ».
Au mois d’août prochain, le président russe Vladimir Poutine doit se rendre en Afrique du Sud pour participer au sommet de la conférence diplomatique BRICS. Il se trouve que l’Afrique du Sud fait partie des pays ayant ratifié le Statut de Rome.
A ce dilemme Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud répond. « Mon party ANC (African National Congress) au pouvoir dans ce pays a pris la décision qu’il est temps que l’Afrique du Sud se retire du Traité de Rome parce que nous ne sommes plus en accord avec la manière dont ICC a l’habitude de régler ce genre de problème. Ceci après que le président russe Vladimir Poutine a été accusé de crimes de guerre pendant que des leaders occidentaux comme George W. Bush, Barack Obama et Tony Blair sont en liberté. » Fin de citation
- Le président américain Bill Clinton signa le Statut de Rome, tout en refusant de soumettre le texte au Sénat pour ratification, évoquant des « revendications US non satisfaites ». Dito son successeur George W. Bush, qui considérait même la signature de son prédécesseur nul et non avenu, et le Congrès américain allait même plus loin, en inscrivant dans la loi, le 2 août 2002, le « American Servicemembers Protection Act » appelé le « Hague Invasion Act », une loi qui autorise le président américain d’utiliser tous le moyens pour rapatrier de force les membres des forces armées américaines, éventuellement accusés de crime de guerre et détenu par la Cour pénale internationale. Quand, en 2019 la procureure en chef de la Cour pénale internationale Fatou Bensoud annonçait une investigation contre l’état d’Israël, le Secrétaire d’état américain Mike Pompeo fustigeait une « instrumentalisation politique » de la part de la Cour et quand la procureure déclara avoir l’intention de mener une investigation similaire pour des crimes de guerre commis par le Talibans et les Etats-Unis en Afghanistan, le ministre ordonnait des sanctions contre la juge et révoqua son visa d’entrée sur le territoire américain.
- Jeffrey Epstein’s Private Calendar : CIA Director William Burns, Goldman Sachs’s Top Lawyer, Noam Chomsky - WSJ
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