K comme... kabyle
Un événement politique est survenu ce samedi 28 avril 2007 en plein centre de Paris, à la place de la Bastille exactement. Les nombreux passants et touristes de cette belle journée de week-end ensoleillée ont dû être surpris par le rassemblement d’une centaine de personnes, la présence de drapeaux inconnus (! ?) , une musique assez entraînante et une langue aux sonorités familières/exotiques diffusées par de puissantes enceintes.
La langue c’est du kabyle, effectivement on peut l’entendre à Paris et en France car le berbère, dont le kabyle est une forme, est la première langue étrangère non européenne parlée en France. Le rassemblement (autorisé par la préfecture) à été initié par le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie. Ce mouvement crée en 2002 est une association de droit français, loi 1901. Le mot d’ordre de ce rassemblement du 28 avril 2007 tel qu’exprimé par ses organisateurs était, et je les cite :
« 1) donner de la visibilité à la communauté kabyle de France. Qui reste un modèle d’intégration dans la société française.
2) Interpeller les candidats restés en lice au 2e tour des présidentielles françaises sur leur vision de la Kabylie et de ses droits légitimes, et surtout pour les exhorter à ne pas se taire face aux crimes commis contre la Kabylie...
3) Rejeter les élections législatives algériennes du 17 mai 2007 pour réaffirmer notre volonté d’aller de l’avant.
4) Enfin c’est l’intégration de notre communauté en France qui mérite plus d’égards et d’attention de la part des autorités françaises. »
Le Mak est un mouvement politique non reconnu en Algérie et dont les membres et les militants sont poursuivis et persécutés dans ce pays. Le mouvement a pu imposer une marche à Tizi- Ouzou la capitale de la Kabylie quelques jours auparavant, le 19 avril.
Il est intéressant de noter que la plus grande partie des Kabyles de France ont la nationalité française. Ces Kabyles sont naturellement intéressés par ce qui se passe en Kabylie et par les relations que peut entretenir la France avec le régime algérien surtout vis-à-vis de cette question kabyle : prés de 200 morts avec des munitions de guerres, des milliers de blessés et des centaines d’handicapés à vie, c’est le bilan de la dernière répression brutale des manifestations kabyles par le régime algérien en 2002. Cela continue de manière moins spectaculaire avec son lot d’intimidations et d’emprisonnements jusqu’au prochain grand massacre comme s’y est habitué ce régime de manière régulière depuis l’indépendance du pays.
Les Franco-Kabyles de manière particulière ont un intérêt légitime à s’inquiéter du devenir de la Kabylie comme l’est l’intérêt des Français de culture juive pour Israël et comme l’est l’intérêt des Français d’origine espagnole pour l’Espagne pour ne prendre que deux exemples....
L’Autonomie kabyle, quel est ce projet ? Les valeurs et les motivations sont explicitées dans un texte disponible sur le site internet du mouvement. L’autonomie, en passant, se dit « Timanit I Tmurt n yeqvayliyen » en kabyle. Quelques extraits, (source) :
"Considérant l’identité et la forte personnalité du peuple kabyle façonnées et affirmées au fil des siècles à travers une langue et une culture de la grande famille amazigh, une organisation sociopolitique à nulle autre pareille et un attachement séculaire aux valeurs de liberté, de respect d’autrui et de solidarité avec les autres. Considérant l’exclusion de la kabylité dans la définition de l’algérianité et les discriminations officielles, en tout genre, frappant les Kabyles depuis l’indépendance nationale. Considérant le divorce politique consommé entre la Kabylie et le pouvoir algérien du fait du recours de ce dernier à la répression permanente contre elle, depuis quarante ans, sachant que chaque autonomie régionale existante de par le monde est le produit de l’histoire de son peuple. Considérant les expériences catalane, flamande, écossaise, galloise, sarde, québécoise et en attendant un état fédéral, en tant que région, en tant que peuple et en tant que nation, la Kabylie doit disposer de son autonomie régionale. "
Le porte- parole du mouvement n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit de Ferhat Mehenni, un vétéran du militantisme et de la culture berbère amazigh, un militant qui a connu les sinistres prisons algériennes. Ferhat à été un des membres fondateurs du parti politique algérien le RCD dont il a démissionné C’est aussi un chanteur et un artiste qu’apprécie la communauté kabyle-berbère. En visitant les sites communautaires kabyles et surtout celui du MAK, on peut en apprendre plus sur le projet autonomiste des Kabyles, les exactions du régime algérien en Kabylie et la volonté de ces Kabyles d’inscrire leur autonomie -indépendance dans un projet laïque et démocratique.
- MAK
- MAK 28 avril 2007 Bastille
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