Karachi et Tibéhirine : deux affaires parallèles ?
Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines français du monastère cistercien de Tibéhirine, situé à une centaine de kilomètres au sud d’Alger, sont enlevés par une vingtaine d’hommes armés. Le Groupe Islamique Armé annonce deux mois plus tard leur exécution. Or le 25 juin 2009, le général François Buchwalter, attaché militaire à l’ambassade de France en Algérie en 1996, a déclaré à un juge que, selon ses informations, les moines de Tibéhirine n’avaient pas été tués par des islamistes mais par l’armée algérienne.
Le 8 mai 2002, juste après la réélection de Jacques Chirac, quatorze personne dont onze français employés par la Direction des constructions navales (DCN) trouvent la mort à Karachi suite à un attentat. La nébuleuse Al-Qaïda est immédiatement accusée du crime. Or les juges chargés de l’affaire privilégient désormais la piste de l’armée pakistanaise.
Le drame de Tibéhirine ressort opportunément des oubliettes de l’histoire juste après la révélation du Karachigate. Sarkozy a déclaré que le secret défense serait levé dans les deux cas. Il se murmure que, dans le premier cas, le massacre serait lié à une bavure de l’armée algérienne qui aurait tué les moines par erreur lors d’une opération héliportée contre des islamistes. Après s’être rendus compte de leur crime, les militaires algériens auraient décapité les moines pour faire croire à une opération terroriste. L’état français avec Chirac à sa tête, mis au courant par Buchwalter, aurait étouffé l’affaire.
L’attentat de Karachi serait du à une volonté du gouvernement pakistanais de punir la France suite à un non-versement de commissions promises en 1994 lors de la vente au Pakistan de trois sous-marins Agosta. Ces commissions devaient été suivies de rétro-commissions, destinées à financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. A l’époque, le bel Edouard était premier ministre et son ministre du Budget s’appelait Nicolas Sarkozy. Dès son élection au sommet de l’état, Chirac aurait fait bloquer ces commissions. Charles Millon, ministre de la défense à l’époque a confirmé cet état de fait.
Dans les deux cas de figure, les crimes ont été imputés aux islamistes. Dans les deux cas, il semble bien que nous soyons en présence d’affaires d’état plus complexes dans lesquelles des noms de très gros bonnets de la politique hexagonale apparaissent peu ou prou. Tibéhirine est-il la réponse sarkozyste aux embarras de Karachi ? Y a-t-il eu une volonté de mouiller Chirac ? Assiste-t-on en direct live à un nouvel épisode du combat des chefs ?
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