Kat, enfant au Cambodge dans les années ’70
La tête trop petite pour son casque, Kat est debout avec dans les mains un fusil presque aussi grand que lui. Il a à peine dix ans et il a été enrôlé depuis peu pour résister à l'invasion.
Les Khmers rouges les ont réquisitionnés, lui et d'autres enfants du même âge. Ils les ont habillés avec ce qui convenait le moins mal à leur taille. L'instruction militaire a été rudimentaire. Et le voilà sur le champ de bataille face à des Vietnamiens adultes qui lui semblent très grands. Il a peur. Il a faim.
Depuis 1975 les dirigeants du Cambodge sont impitoyables. Ils ont renommé le pays « Kampuchéa démocratique », et, en communistes radicaux, ils ont éliminé tous ceux qui étaient plus ou moins capitalistes ou religieux. Combien de morts ? 1,7 million ? Soit 20 % de la population. Peut-être davantage.
Le 17 avril 1975, les troupes des Khmers rouges étaient entrées dans Phnom Penh, treize jours avant la chute de Saïgon. Dans de nombreux endroits du pays, les Khmers rouges ont été d'abord bien accueillis par la population locale, qui se sont réjouies de l'arrêt des combats et du retour à la paix.
Cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Khmers_rouges
Khmers et Viets sont frères ennemis. Avec plus de trois fois plus de bombes que sur le Japon pendant la deuxième guerre mondiale, les Américains avaient pilonné la piste Ho Chi Minh que les Nordistes de Hanoï utilisaient pour convoyer les armes vers les Sudistes de Saïgon. Et de surenchères de transport en surenchères de bombardement, la piste s'élargissait pour passer de plus en plus sur le Cambodge, poussant les civils dans les bras des seuls opposants à l'Ouest.
L'entraide entre les deux clans communistes s'étaient renforcée sans supprimer la méfiance et la concurrence, l'un soutenu par Moscou, l'autre par Pékin. La Chine et l'Union Soviétique était séparées par le fleuve Amour qui portait si mal son nom.
A la chute des capitales indochinoises, les Occidentaux étaient partis et les deux voisins s'étaient haïs et même combattus.
Une brève incursion vietnamienne sur le territoire cambodgien a lieu entre le 31 décembre 1977 et le 6 janvier 1978 : lors de leur retrait, 300 000 Cambodgiens en profitent pour quitter le pays dans le sillage des troupes vietnamiennes.
En 1978, l'hostilité entre le Cambodge et le Viêt Nam atteint son paroxysme : aux appels à la haine raciale contre les Khmers et les métis succèdent, au Cambodge, les exécutions systématiques des gens « à l'esprit vietnamien dans un corps khmer ». Environ 200 000 personnes semblent avoir trouvé la mort durant l'année 1978 dans des massacres [...]. De leur côté, les Vietnamiens se préparent à engager les hostilités et établissent également des camps d'entraînement pour les réfugiés khmers.
Le 7 janvier 1979, les premiers blindés vietnamiens pénètrent dans Phnom Penh désertée par ses défenseurs. Quatre jours plus tard, le régime pro-vietnamien de la République populaire du Kampuchéa est proclamé, avec Heng Samrin comme président et le jeune Hun Sen comme ministre des affaires étrangères.
Malgré la peur de la domination vietnamienne traditionnellement ancrée dans les esprits cambodgiens, l'armée de Hanoï est aidée par les nombreuses défections de militaires khmers rouges, et accueillie avec soulagement par la population.
Cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Khmers_rouges
Kat est debout. Va-t-il tirer quand ses chefs vont le lui demander ? Dans un instant ?
Il a beau être dégourdi, ce n'est pas un tireur d'élite, et là-bas, ils sont grands, ils sont forts, ils sont aguerris.
A côté de lui, ce ne sont pas les autres enfants qui le rassurent. Et cette faim, qui ferait oublier la peur.
Les Vietnamiens sont les ennemis héréditaires des Cambodgiens qui leur reprochent d'avoir envahis jadis leur pays, la Cochinchine, à l'époque de notre Henri 4 ou de notre Louis 13.
Mais ils ne sont pas venus en colons mais pour renverser le régime maoïste et retourner dans leurs pénates. Ils connaissent le prix de la guerre et veulent éviter de payer encore.
Kat n'a cure de ses ennemis héréditaires. Il est d'origine chinoise.
Il entend venir vers lui le son d'un haut-parleur. Ce n'est pas de la propagande. C'est une offre. Qu'ils déposent leurs armes et qu'ils viennent, ils auront à manger.
Kat n'est pas le dernier à laisser tomber le fusil et à courir.
De l'armée des enfants ils ne restent que des armes à terre.
Et bientôt les voilà enfin nourris.
Il lui faut retrouver ses parents et quitter le pays qui n'est pas encore totalement libéré.
...
Il retrouve toute sa famille et ensemble ils fuient dans la jungle en suivant un passeur. Les patrouilles khmers terrorisent encore et accentuent les périls de la jungle. Aucun bruit n'est toléré. Une mère a été abandonnée en route parce que son bébé pleurait. Trop risqué pour le groupe.
Kat a des consignes. S'il se retrouve seul, il sait qu'il doit se rendre à Saïgon chez tel cousin, et à défaut, à Hong Kong chez un autre cousin.
Voilà ce que Kat m'a raconté un soir devant un repas bien français. Et il a ajouté ..., mais est-ce que la suite vous intéresse ?
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