Kerviel-S.G. : 3-0 - Abandonnez les poursuites Vite !
Soit, dans l’affaire J Kerviel, sa hiérachie ne savait pas, mais dans ce cas, pourquoi les traders et leurs PDG seraient-ils aussi bien payés s’ils ne maitrisent pas leur métier ? Soit ils savaient, mais dans ce cas, est-ce le moment de faire condamner un lampiste ? Croyez vous Messieurs les PDG de grandes banques qu’en ces temps de crise, alors que les français souffrent comme jamais, vous puissiez à la fois maintenir vos rémunérations bouleversantes, afficher sur la place publique les salaires de vos traders, et plaider que vous ne pouviez pas savoir (à la fois pour la crise, et pour l’affaire J-K) ? Faites profils bas maintenant. Abandonnez les poursuites contre J-K ou cette affaire tournera à votre procès ! Et provoquera un désordre social indescriptible. D’autant que J-K, malgré lui, incarne Robin des Bois !
L’actualité produit des télescopages parfois surprenants.
Dans le match qui semble opposer M Kerviel à son ancien employeur, merci à de grands médias - dont TF1, il faut le souligner - d’avoir pris le risque de braver un des plus gros annonceurs français en présentant cet ancien salarié comme une personne ordinaire tenant un discours sensé et crédible et non comme un apprenti sorcier irresponsable. Que nous apprend M Kerviel ? Non seulement il a obtenu pendant de nombreuses années des encouragement de ses supérieurs qui ne pouvaient ignorer ses méthodes de travail, mais en plus il n’a quasiment pas bénéficié des primes de résultat dont bénéficient ses collègues traders, la faute à son contrat de travail "mal négocié". 1-0 pour J-K, balle au centre.
Au même moment, hasard du calendrier, alors que le pouvoir d’achat et le moral des français prennent la gîte, on nous annonce justement que les grandes banques françaises ont décidé de remettre à plat le mode de rémunération de leurs traders, leurs intervenants sur les marchés financiers. Et c’est là que les français découvrent avec stupeur que des "cadres moyens" perçoivent depuis des années des bonus, en plus de leur fixe, qui se comptent en centaines de milliers d’euros voire en million d’euros. Est-ce le bon moment de mettre ce sujet sur la place publique et de citer de tels chiffres ? On peut comprendre que le commun des mortels, qui n’a jamais vu le commencement du début d’une telle somme, puisse se sentir floué par un système où la crise a été alimentée par une bulle financière, elle même le fruit d’une activité débridée sur les marchés, amplifiée par une corporation à côté de laquelle la SNCM, les NMPP ou Sud PTT n’auraient rien à envier au plan du ratio "bazar global pour la collectivité/nombre de personnes actives dans le club" (je propose d’appeler ce ratio le facteur J-K en hommage à M Kerviel). 2-0 pour J-K, balle au centre (non seulement J-K a surperformé par rapport à ses collègues, mais en plus il ne faisait pas parti du club des bien payés et c’était un bon petit soldat).
A quelques semaines près, il n’était question que de la formidable rémunération de dirigeants de grandes entreprises, et plus particulièrement la rémunération de PDG de grands groupes bancaires. Donc au moment ou nos conciyoyens se demandent comment limiter le superflu puis l’essentiel, on apprend que de grands dirigeants de groupes bancaires se font tirer l’oreille pour revoir à la baisse leur rémunération au delà du million d’euro. Rappelons que ce ne sont que des dirigeants nommés, et s’ils sont devenus actionnaires de leur entreprise, c’est plus le fruit d’un avantage en nature lié à leur fonction (les stocks options) que la conséquence d’un risque capitalistique encouru (or le capitalisme à la mode parachute doré, c’est moins risqué comme chacun sait). Donc, si je suppose que la crise que nous traversons est la conséquence d’une bulle financière, d’une bulle sur les matières premières et surtout de l’aveuglement de tous ceux qui ont cru que leurs édifices grimperaient jusqu’au ciel, banquiers y compris,aujourd’hui j’entends ces mêmes PDG de grandes banques qui affirment qu’ils ne pouvaient pas savoir pour la crise. Or comme ils utilisent la même défense pour se dédouaner de toute responsabilité dans la crise (nous ne savions pas, c’est la faute aux américains, il y avait des escrocs dans le lot et nous sommes nous aussi victimes) que ce que la SG utilise pour charger J-K, et comme je pense que J-K est un homme sensé et de bonne foi, je vais finir par croire que les grandes banques portent une part de responsabilité dans la crise. 3-0 pour J-K, balle au centre.
Nous vivons dans un pays formidable. Mais un pays qui a la Gueule de bois, encore sous le coup de la très récente crise qui est aujourd’hui tellement évidente, là où personne n’en pipait mot il y a six mois. Cette crise donc crée des tensions, de la précarité, de la détresse, et ceux qui ont encore un job se demandent s’ils ne vont pas le perdre dans quelques mois. Comment tous ces gens respectables doivent-ils réagir quand on leur parle des salaires des PDG des grandes banques, ou de leurs salariés de haut vol ?
Notre pays formidable a mis a son fronton l’égalité. Egalité devant la loi peut-être, mais égalité quand même. Comment les français doivent-ils réagir quand ils voient de tels écarts de traitement entre ceux qui ont contribué à ce bazar et ce que leur réserve le quotidien ? Lorsque l’affaire entre J-K et son ancien employeur fera la Une de l’actualité, et que seront ressasés à l’envie tous ces chiffres, toutes ces rémunérations hallucinantes, toutes ces sommes évaporées en quelques heures, quand le lampiste sera montré du doigt par ses pairs et ses supérieurs, comment vont réagir les français ? Ne pensez vous pas que les franges les plus extrêmes de notre démocratie ne pourrait en profiter pour désigner les vrais coupables au sond de la carmagnole ?
Amis lecteurs, je ne veux pas vous faire pleurer. j’ai une petite boîte, je m’en sors malgré les grèves des postes. Je ne vous demande pas de croire que je suis scandalisé devant cet étalage de rémunérations scandaleuses - vous ne me croiriez pas mais c’est pourtant la vérité.
Je ne vous dirais pas que les banquiers sont responsables de la crise que nous traversons, mais il faut reconnaître :
- qu’ils étaient mieux placés que quiconque pour anticiper la catastrophe
- qu’ils ont été aveugles trop longtemps
- surtout qu’ils ont failli dans leur obligation de conseil (voyez la catastrophe qu’encourrent les collectivités locales aujourd’hui grâce à tous les produits toxiques que leurs banquiers leur ont distribué !).
Ma demande ? Abandonnez SVP toute poursuite contre J-K s’il en est encore temps. Peu importe qui a raison, qui a tort, l’opinion va penser que sa hiérarchie savait. Si c’est le lampiste qui paye, ce sera encore un argument de plus pour susciter l’incompréhension des français. Et si les banquiers plaident l’incompétence, pourquoi de telles rémunérations ? Voulez-vous vraiment attiser le feu de tous ceux qui, en ces temps de crise, soufflent sur les braises pour suciter le désordre. Vous savez combien ça gagne, un cheminot après 25 ans de carrière ? Et le prix de la baguette et le coût d’un ticket de métro, à votre avis, c’est combien ?
Ma deuxième demande ? Que le Medef et les dirigeants des grandes banques ne prennent plus position publiquement sur ce sujets des rémunérations disproportionnées, sinon pour accepter une amputation brutale de leur propre rémunération. Réhabiliter l’entreprise, c’est notre rôle à tous. Vous ne nous aidez pas dans cette tâche.
Au passage, je comprends et j’applaudis que le Président de la République demande des comptes à ces PDG. Il est d’abord le gardien des institutions.
Comment voulez-vous demander à des fonctionnaires, des employés, des ouvriers, d’accomplir leur part de l’effort collectif si quelques golfeurs chevronnés continuent à affirmer leur incompétence au tribunal (pour J-K, ils ne savaient pas) et expliquer que leur rémunération ne regarde que leur conseil d’aministration et leurs actionnaires ! Messieurs les PDG des grandes banques, la crise vous a-t-elle rendus fous ?
La crise que nous subirons en 2009 n’aura pas connu d’équivalent sur les 100 dernières années. Des collectivités locales pourraient se retrouver en cessation de paiement, des industriels dans l’obligation de faire appel à l’état encore et encore, des pays voisins dans une situation apocalyptique. Nos finances publiques seront sans doute plus dégradées que jamais depuis la guerre. Tout le monde devra brutalement se serrer la ceinture. Y compris les mieux lotis.
Vous partagez mon analyse ? Parlez-en à votre banquier ou contactez son ancien employeur pour lui faire part de ma demande.
PS : je ne fais partie d’aucun comité de soutien de J-K.
P.S : Merci encore à TF1 d’avoir diffusé le dimanche soir l’interview de J-K. Le prédécesseur de M Paolini ne nous avait pas habitué à ce genre de familiarités avec les annonceurs.
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