Kosovo (5) un étonnant et écœurant cynisme
Un trafic immonde s’est donc développé depuis une bonne trentaine d’années maintenant, mais ce qu’on découvre avec effroi, c’est que ce n’est pas dû à la seule responsabilité de mafieux. Car un Etat est en cause, dont les services administratifs remboursaient tout simplement ces sinistres opérations de prélèvement sur des sujets démunis, que l’opération se soit passée sur le territoire israélien ou ailleurs. Et cela, l’ensemble de la communauté médicale du monde entier le savait : on comprend aujourd’hui beaucoup mieux le silence de Dick Marty lors de la présentation de son rapport. Israël y est particulièrement visé, mais comme parler d’Israël en dénonçant son action c’est passer pour de l’antisémitisme, obligatoirement, il s’est bien gardé de citer l’état hébreu comme responsable d’une situation de fait, reposant sur une croyance religieuse. C’est à la fois désolant et déprimant : cela fait plus de trente ans au moins aujourd’hui que des médecins, pour contourner une pensée religieuse rétrograde qui s’est immiscée dans tout l’Etat désormais, ont abandonné toute question d’éthique, à en aller voler sur des cadavres ou même des êtres vivants, comme nous allons le découvrir ici-même, des organes nécessaires à la survie de leurs patients juifs. C’est plus que scandaleux : c’est une horreur sans nom. Nous avons retrouvé des israéliens qui ont osé dénoncer cette horreur, ou plus exactement des israéliennes.
Finalement, le problème des dons d'organe pour les juifs, et le fait de penser être sur la corde raide en acceptant ce que Dieu n'a pas créé, ce sont des juifs honnêtes qui en parlent le mieux, et y condamnent leurs propres concitoyens, ceux qui ont eu recours à ces diverses manipulations juridiques pour pouvoir se faire soigner avec un rein d'origine douteuse, à savoir arraché à un vivant sans le sou. Ou à un mort de fraîche date, tant dans certains pays les morts continuent à remplir régulièrement les morgues. Un texte exceptionnel a été rédigé sur le site www.alliancefr.com, dont je vais vous proposer aujourd'hui de larges extraits, tant il éclaire ce qui a pu être dit dans les épisodes précédents. Il été rédigé par des gens d'honneur, qui ne supportent pas ce qui se passe depuis des années dans leur propre pays. Alliance est aussi vigilant, dénonçant par exemple en ce moment l'ignoble campagne d'Hervé Ryssen sur la "mafia juive" comme au temps de Vichy. Le site s'interroge sur les soutiens dont pourrait disposer l'individu dans le pays : à lire ici-même certains commentaires venus de suisse, on n'en doute pas un instant... des affiches complaisamment reprises, hélas, dans les pires sites d'extrême droite existants en France ; qui fait la promo ouvertement de Rivarol, le principal soutien à la candidature FN de Bruno Gollnisch le lamentable réactionnaire xénophobe : tout se tient donc !
"Alliance" est un site internet plutôt ouvert d'esprit, donc, auteur d'excellents dossiers tels que "la femme en israël" par exemple, mais ce n'est pas vraiment un hasard. Le site a fêté ses 13 ans le 21 janvier 2010 au centre communautaire juif Rachi de la rue Broca. C'est celui qui héberge "Les amis du CRIF", aux positions loin d'être d'une ouverture d'esprit, à s'en prendre par exemple en ce moment à Stéphane Essel : "que ses lointaines origines juives (remontant à ses arrière-grands-parents paternels) ne le protègent en rien du soupçon d’antisémitisme, alimenté par sa négation de la légitimité d’Israël, l’accusation qu’il lance contre l’État juif de procéder à « la destruction progressive » du peuple palestinien, sa dénonciation d’un « lobby » transnational avec ses « agents » disséminés partout dans le monde, sa participation à des manifestations « antisionistes » violentes aux côtés d’islamistes, son ironie douteuse sur les roquettes qui frappent les habitants de certains villages israéliens et ses efforts équivoques pour présenter l’un des chefs du Hamas, Ismaïl Haniyeh, comme un « modéré » avec lequel il faudrait « négocier »", dixiit le CRIF ! " Pour le CRIF, c'est bien connu, critiquer l'état d'israël, au bord du fascisme, c'est être bien entendu "antisémite" ! Eternelle accusation facile, utilisée à satiété par le CRIF, qui mélange défense d'un fascisme larvé et antisémitisme.
Pour Alliance, c'est tout autre chose il semble. "C'était le premier magazine féminin fait par des femmes pour des femmes juive sur le net" affirme toujours sa page Facebook. Est-ce ce particularisme qui en fait son ouverture d'esprit ? Sans nul doute : si vous évoquez le cas d'enfants martyrs, les femmes tendront logiquement l'oreille (à part les cas particuliers qui préfèrent chez nous venir pleurer sur les soldats de Tsahal que sur les corps déchiquetés d'enfants palestiniens). Leur cœur les tourne directement vers plus de mansuétude, et à elles, on ne peut chanter de rengaines militaristes et velléitaires : au final ce seront aussi leurs enfants qui se feront tuer. En France, récemment, une mère de militaire qui est allé se battre a tenu un blog durant le service de son... enfant. Bouleversant de vérité, il évoquait surtout la stupidité totale de ce conflit.
Ça commence, donc, par la constatation amère comme quoi le don d'organe ne décolle pas en Israël ; avec comme cause principale... l'influence désastreuse de la religion. "En Israël, la situation n'a évidemment pas évolué en un an. Elle a même empiré. Rappellons les faits. Israël est le pays avec le plus petit nombre de donneurs de tous les pays développés. Cette situation a aboutit à une pénurie d'organes qui cause une attente de quatre ans en moyenne aux patients nécessitant d'urgence une transplantation d'organes. Sur le plan international, cette pénurie risque d'entraîner la radiation d'Israël de la banque internationale d'organes fonctionnant actuellement en Europe, car concrétement, Israël reçoit volontiers des organes étrangers, mais n'en donne jamais". Premier point, celui que nous avions aussi évoqué, le second étant la raison principale constatée : "le Docteur Halévy, directeur du centre de transplantations reinales et cardiaques en Israël explique que c'est toujours la superstition sans fondement de l'intégrité corporelle nécessaire à la résurrection qui cause cette pénurie. Il serait grand temps que tous les poskims de halakha se lèvent et organisent une campagne pour le don d'organes, car la situation a aujourd'hui abouti à un ignoble traffic d'organes, et nous n'en sommes plus à tenter de sauver des vies, mais à empêcher qu'on en mette d'autres en danger". Ce texte ayant été écrit avant la campagne visant les orthodoxes dont je vous ai parlé ici-même. Le point soulevé par Alliance est bien fondamental : c'est bien en raison d'une religion que tout a démarré ; il y a donc plusieurs années, quand les greffes sont apparues, à savoir quand elles ont pu être réalisées de manière régulière et répétitives, dans les années 80 donc.
Mais nos bloggueuses censées évoquent aussi un autre problème, inhérent au rôle de l'état hébreu depuis des années : "l'Etat d'Israël, par l'intermédiaire de la sécurité sociale israèlienne et des assurances médicales des "kopatrolim", n'a trouvé comme alternative aux quatre années d'attente pour une greffe d'organes que de permettre un remboursement partiel de toute greffe d'organes opérée à l'étranger sur un citoyen israëlien, ne pouvant offrir de solution d'urgences aux malades en phase très avancée de dégradeation physique par dysfonctionnement d'un rein ou d'un coeur." On en devine vite la suite : "cette solution alternative, qui choisit de "fermer les yeux" sur le lieu et les modalités des greffes à l'étranger, ouvrit la porte à des traffiquants, et permit la mise en place d'un réseau que nous allons décrire, dans l'espoir que ces phénomènes pousseront les poskims à réagir." A la base du trafic, une législation surréaliste dictée par des considérations religieuses : on est très loin de la médecine seule ! Une législation permettant d'être remboursé d'une opération, quelle que soit sa nature ?
A l'époque, des femmes israéliennes étaient donc déjà alertées. Et plutôt bien renseignées : là où la spécialiste américaine Nancy Scheper-Hughes, parlait de "Mr D" comme un des principaux trafiquants, dans son tout premier rapport, chez Alliance on n'avait pas hésité à en donner le nom véritable et à en décrire les méthodes infâmes."M. Kobi Dayan tient une agence très particulière à Tel Aviv. Présentez vous en annonçant que votre mari ou votre épouse est très malade du rein, et que le système hospitalier lui demande quatre ans d'attente, période que son état ne lui permettra pas de supporter. M. Dayan vous offre alors la possibilité de tout organiser pour que vous ayiez une greffe de rein pour lui/elle dans un délai de 3 à 4 mois. Il vous annonce que le coût total de l'opération s'élèvera à 50 000 dollars. La plupart des clients de M. Kobi Dayan ne posent pas plus de questions et s'iscrivent. Tout paraît honnête jusque là. Il est naturel de penser qu'une opération engage des frais médicaux, et ces frais sont les frais ordinaires d'une transplantation d'organe tout à fait légale dans une clinique américaine (si l'on ne prend pas en compte l'hospitalisation qui s'ensuit). Trompés plus ou moins consciemment, les clients de M. Kobi Dayan (nous ne citons que lui, mais de nombreuses filières existent), signent donc les papiers nécessaires, et payent l'avance nécessaire au lancement de l'opération." Voilà donc qui était notre fameux Mr D : Kobi Dayan. Interrogé en 2001 sur la BBC par notre enquêtrice à propos d'un jeune moldave charcuté, Serguei Timus, envoyé à Istanbul où il espérait trouver un travail et où il s'est retrouvé sur une table d'opération sans qu'il ne le souhaite, notre chirurgien israélien avait répondu plutôt maladroitement que "nous travaillons uniquement avec des cadavres et nous allons le faire en Europe. Ça prend entre trois et quatre mois".... Dayan, à la tête déjà d'un réseau organisé de longue date de greffes de reins, qui opère des moldaves sans leur assentiment et qui avoue travailler en priorité à partir de cadavres, alors que pour des transplantations ces fameux reins doivent être très vite collectés ? Avouez qu'il y a d'étranges coïncidences.
Déjà, à l'époque, en effet, sept ans donc avant l'affaire du Kosovo et la découverte de tout le réseau, c'est déjà le docteur Yusuf Sonmez qui avait déjà été reconnu par un jeune homme charcuté ! "La police d'Istanbul nous ont dit qu'elle croit qu'il travaille encore dans la ville, malgré qu'il ait été exposé en public. Retour en Moldavie, Serghei témoigne du fait. Il avait eu son rein volé après pourtant que les autorités médicales aient dénoncé le médecin. En montrant une photo de Sonmez, le jeune moldave le reconnaît aussitôt : Oui, oui, c'est le Dr Yusuf. Je le connais. Il a réalisé le premier examen médical avant que mon rein ne soit volé. Et après l'opération, il a été la première personne que j'ai vu. C'est lui !" Sept ans que l'on a affaire au même individu ! Et le même réseau ! Sur le net, il étale toujours son CV... sur lequel on peut encore lire "1986 : réalise une “Transplantation Unit” à l'Istanbul Medical Faculty et commence des transplantations de reins à partir de donneurs décédés". Et un peu plus loin : "1993 la première transplantation de rein dans un hôpital privé à partir d'un donneur vivant". Avec même l'afficahge d'un "score" effarant : 1986-2006 plus de 2350 transplantations rhénales, (dont 91 à partir de cadavres). Lesquels, de "cadavres" ?
En tout cas, le jour de la confrontation, le docteur Halevy a bien dû le reconnaître, dès 2001, comme le notre notre spécialiste patentée : "Il n'est guère étonnant que des centaines d'Israéliens ont créé une ligne de "production" de reins qui a débuté dans les villages de Moldavie, où les hommes d'aujourd'hui se promènent avec un seul rein. Yonatan Halévy est titulaire de la directeur du Centre national de transplantation d'Israël. Vous ne pouvez pas nier que des fonds publics ont été utilisés en Israël pour financer des opérations à l'étranger de transplantation de rein illégales..." ce à quoi l'intéressé répond : "Eh bien, indirectement, je ne le nie pas, je le condamne. Je ne le nie pas, mais les caisses d'assurance maladie font face à un candidat à l'inscription qui dit : Je n'ai aucune chance, dans un avenir proche, d'obtenir une greffe en Israël. Payez moi au moins ce que vous auriez payé si mon hôpital en Israël avait réalisé la transplantation. Et ils lui donnent l'argent. D'une manière indirecte, c'est de l'argent public qui peut être considéré comme ayant servi a de l'achat d'organes". Incroyable réponse : il y a neuf ans déjà aujourd'hui, un praticien israélien révélait que l'Etat hébreu remboursait les opérations illégales sans jamais donc les contrôler ! C'est incroyable !
Et il n'était pas le seul à l'avouer ! Un autre spécialiste, interrogé, avait dit de même : ainsi le docteur Michael Friedlander, grand spécialiste des reins travaillant au Centre Hospitalier Universitaire Hadassa en israël : "Je ne condamne pas. Je n'ai pas à condamner, c'est une décision appartenant au patient", affirmait-il avec un degré de cynisme rarement atteint en rejetant entièrement la responsabilité sur les malades ! On comprend mieux, avec ce déni véritable, que ce genre d'opérations a donc pu même avoir lieu sur le territoire israélien lui-même ! Et là, une autre horreur resurgit : si des chirurgiens en 2001 avait déjà abandonné toute notion d'éthique médicale, jusqu'où auraient-ils pu aller ? La phrase de Kobi Dayan affirmant qu'il ne travaillait qu'avec des cadavres, sur le territoire israélien, dans un pays où les israéliens n'étaient pas disposés à donner un organe sonne atrocement : où pouvait-on trouver, sur le territoire, des cadavres "frais" non israéliens ? On a parlé de rumeur, sur les corps des palestiniens rendus à leur famille avec des organes en moins. Difficile, à la lecture de ce qu'on vient de lire de parler de rumeur seulement. On pourrait ne pas y croire s'il y avait eu au bout du scalpel des médecins respectueux d'un éthique qui leur faisait visiblement défaut !
Vous allez me dire, ce n'est qu'une rumeur, puisqu'on a pas pu le prouver : on n'a il est vrai que les photos de corps autopsiés recousus à la va-vite le long de la cage thoracique, où à qui il manque les yeux (pour les greffes de cornée) : parlons donc des vivants alors, et de ce jeune moldave parti chercher du travail et qui s'est réveillé avec une grande cicatrice sur le côté et le dos. Suivons donc plutôt la démarche d'un des ces charcutiers prétendus médecins : "dans le délai annoncé, l'intermédiaire israèlien recontacte la famille concernée, et propose un voyage pour la Turquie, ou pour la Moldavie, où s'effectuera l'opération. Mike Levinski, citoyen israëlien, fût le pionnier de la filière d'organes moldave. En Moldavie, un certain Docteur Amishrav, qui refuse toute interview et tout communiqué, opère très rapidement les clients israèliens... Et quelques heures après des opérations bénignes, de l'apendicite, ou autre, de jeunes Moldave, comme Serghei Thimus, se réveillent avec des cicatrices mal placées, et on leur annonce qu'il a fallu leur enlever un rein qui ne fonctionnait pas bien, ou bien, comme dans le cas de Serghei, on refuse de commenter, et une radio future lui révèlera que son chirurgien de confiance lui a tout simplement volé un rein..." On est bien là dans une horreur et un scandale sans nom, perpétré par des individus dont on a les noms et qui avaient pignon sur rue en Israël !
Selon la rapporteuse du rapport du Conseil de l’Europe de juin 2003 (le premier, donc, quatre ans avant celui qu'a "découvert" Kouchner, Mme Vermot-Mangold," le trafic d’organes - à l’instar de la traite des êtres humains et du trafic de drogue - est déterminé par la demande. Les pays d’Europe orientale ne peuvent assumer, à eux seuls, la responsabilité de la lutte contre ce type de criminalité. Les tendances récentes dans certains pays d’Europe occidentale en faveur de lois laxistes, autorisant plus facilement le don d’organes par des donneurs vivants non apparentés aux receveurs, et donc d’abus, soulèvent de graves inquiétudes (...) Cette situation soulève plusieurs questions d’ordre éthique : convient-il que les pauvres pourvoient à la santé des riches ? La pauvreté peut-elle être soulagée au prix de la santé humaine ? La pauvreté peut-elle compromettre la dignité humaine et la santé ? »
Le bilan que dressait Alliance était désolant et surtout écœurant."Et pendant qu'un Israëlien retourne soigné et rassuré en Israël, un jeune Moldave souhaite que ce crime soit un jour révélé au receveur dans son horreur, et pèse sur sa conscience... Un nouvel esclavage s'est mis en place, un marché monstrueux, conséquence inéluctable d'une pénurie due aux superstitions, et des disparités de richesse entre le monde industrialisé et les pays pauvres". Le site terminant par la question fondamentale pour la communauté au premier plan du problème : " le judaïsme peut-il accepter cela ?" à laquelle nous répondrons, hélas oui, car ses exemples donnés en 2001 se sont poursuivis, puisqu'à la clinique Medicus on opérait toujours des reins en 2008, ce qui a été prouvé désormais, et qu'on y aussi travaillé en 1999, en plein conflit du Kosovo, où là les prétendants aux greffes étaient nombreux et "gratuits", en qualité de prisonniers de l'UCK, abattus seulement après avoir subi les tests préliminaires aux opérations de greffe, notamment des prises de sang.
Les suppositions de Carla del Ponte n'en sont plus et le rapport de Marty démontre que le système a bien fonctionné de la sorte. Avec comme origine au problème... une religion particulière, et son attitude face à la greffe d'organes, et un Etat qui devient théocratique, à se laisser par le bout du nez par cette religion : un israël laïc à vécu. Ce n'est plus q'un rêve, et un pays soumis à une religion ne peut avoir de réelle politique : il ne peut plus faire que dans le cynique. La religion l'a emporté. D'un côté, comme de l'autre, on ne peut aujourd'hui qu'en constater les terribles ravages.
PS : poskims de halakha : la halakha étant le corpus complet des lois juives (soit 613 commandements ou mitzvot) et les poskims (ou poseks) les personnalités savantes qui peuvent prendre des décisions en application de ses lois.
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