Kurosawa : le premier Nippon universel
8 ans après sa mort, Akira Kurosawa refait sa place dans l’actualité culturelle. Ses films sont, successivement réédités en DVD et écoulés avec un certain succès. Récemment, C’est « Rêves » qui a fait l’objet d’une réédition française, l’occasion pour moi de parler de ce grand génie universel du Cinéma.
Akira Kurosawa est un des plus grands cinéastes de l’histoire du Cinéma mondial.
Malgré le temps qui passe (Il est mort il y a 8 ans, et ses chefs d’œuvre les plus célèbres datent des années 50), ses films gardent une justesse et une force inouïes
Si vous ne le connaissez pas, courrez vite le découvrir ! Mais je vous préviens : ses films sont en Japonais, majoritairement en noir et blanc et ils durent souvent 3 heures et plus. Mais quelle source de bonheur pour des cinéphiles ! Kurosawa est tout sauf ce qu’on imagine. Nous sommes loin des films lents, snobs, abscons ou expérimentaux que certains milieux autorisés se plaisent à encenser surtout s’ils viennent d’Extrême-Orient
Non ! Le cinéma de Kurosawa est toujours frais, simple, vivant et très moderne
Ce qui frappe dans ses films, c’est une qualité esthétique à vous couper le souffle : chaque plan est splendide de sorte que si vous vous amusez à appuyer sur la touche pause de votre télécommande au hasard du film, les yeux fermés à n’importe quel moment, chaque image est belle, digne de figurer dans une exposition photographique ! Chaque détail est léché, la lumière est toujours belle, les jeux de cadrages sont sobres, mais ils soulignent à la perfection le jeu des acteurs tout en valorisant des décors grandioses, et le son intervient au bon moment pour envelopper vos sensations et les amener là où elles doivent être pour vous surprendre, vous émouvoir, vous faire rire ou pleurer : il y a chez Kurosawa une capacité à exploiter chaque dimension du cinéma, totalement et toujours, comme s’il n’y en avait qu’une seule, tout en créant une composition d’ensemble d’une grande beauté et d’une harmonie saisissante.
Il faut dire que Kurosawa a hérité de son père une intime connaissance du théâtre Nô, de ses principes esthétiques, de ses mises en scènes très codifiées et de son riche patrimoine de personnages, d’idées, d’images et de sons.
Son professeur favori lui a inculqué l’amour de la peinture et Akira Kurosawa a d’abord été peintre d’où cette dimension picturale si travaillée chez lui. Il a d’ailleurs toujours dessiné ses propres storyboard et nombre de ses films contiennent des références à ses premières peintures (Dodeskaden notamment).
Puis son frère aîné lui a fait découvrir le cinéma muet qui a toujours eu sur lui une influence considérable : il a veillé à toujours composer ces mises en scènes de sorte qu’elles soient compréhensibles immédiatement dans l’entremise du son, bien après la mort du Cinéma muet, d’où cette simplicité et cette force qui font passer les bons films du cinéma d’aujourd’hui pour de vulgaires téléfilms bâclés. N’allez jamais au Cinéma après un bon Kurosawa ! C’est contre-productif.
Ce Kurosawa, follement exigeant et tellement doué, a influencé les plus grands (John Sturges, Sergio Leone, George Lucas, Steven Spielberg, Martin Scorsese), qui lui ont rendu de nombreux hommages : Palme d’or à Cannes, Lion d’Or à Venise et Oscar à Hollywood.
Profondément enraciné dans les traditions immémoriales du Japon, Akira Kurosawa, issu d’une famille de samouraïs extrêmement conservatrice, a produit une oeuvre humaniste et universelle qui touche des générations de cinéphiles dans le monde entier.
Et c’est aussi cela, la mondialisation, la chance que nous avons dans le monde d’aujourd’hui : nos rêves, nos connaissances et nos idées, nous pouvons les puiser partout dans le monde avec une facilité autrement plus grande que celle de nos parents...
Kurosawa a adapté au cinéma "l’idiot" de Dostoïevski, puis "Macbeth" et le "Roi Lear" de Shakespeare , s’est inspiré des Western de John Ford, a produit des films en URSS (Dersou Ouzala) et aux Etats-unis ("Kagemusha" et "Rêves"), et c’est en puisant ces énergies là où elles se trouvaient, qu’il a revitalisé la culture théâtrale et picturale Japonaise, en écrivant une de ces plus belles pages.
Il y a 30 ans, les personnages universels, références culturelles partagées par l’essentiel de l’humanité, étaient essentiellement européens. Demain, ils seront aussi Indiens, Chinois, Marocains et Brésiliens pour le plus grand bien de tous !
Mes conseils de film pour découvrir Kurosawa (dans l’ordre que je préconise) :
1. Les 7 samouraïs
2. Sanjuro
3. Barberousse
4. Dersou ouzala
5. Le château de l’araignée (Mc Beth)
6. La forteresse cachée (qui a inspiré "La guerre des étoiles")
7. Le chien enragé
8. Les salauds dorment en paix
9. Entre le ciel et l’enfer
10. Dodeskaden
11. Ran
12. Rhapsodie en août (avec Richard Gere !)
13. Rêves
Bonne découverte !
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