L’Abbé Pierre et Coluche contre Rosa Parks ? La dictature des ragots
Nous vivons une époque pittoresque. Une époque où les mythes volent en éclats, où les certitudes sont ébranlées. Nous vivons dans un pays sans véritable gouvernement, avec une société divisée où le communautarisme est désormais la règle. Un pays où une parole de travers sur un réseau social peut vous mener au tribunal, où la censure ne se cache plus.
Quand ça va mal, les pouvoirs publics surveillent, répriment et abrutissent le peuple. Le pain et les jeux ne suffisent plus, alors il faut trouver autre chose. A défaut de gouverner, de mener une politique économique au service de toute la population, d'assurer le bien-être du plus grand nombre, les démagogues (politiques et médiatiques) encouragent les échappatoires : on appelle cela les questions sociétales.
Racisme, sexisme, homophobie, discriminations, harcèlement, victimisation... Nous sommes inondés chaque jour de faits divers où ces concepts - partant certes de revendications humanistes - sont mis à toutes les sauces pour éviter de parler des choses plus sérieuses, comme le faisait en leurs temps l'abbé Pierre et notre ami Coluche avec chômage et pauvreté. Si l'incivisme et le manque d'éducation conduisent à des comportements pervers et méprisants, les placer sur le même plan que les millions de français mal logés est disproportionné.
En Europe, nous n'étions pas habitué à cela. L'américanisation est passée par là, avec ses politiciens hors course pour cause d'adultère et de mains baladeuses. Aujourd'hui, un flirt trop poussé, des gestes mal interprêtés et des propos graveleux sont des crimes passibles de condamnation pénale. L'abbé Pierre n'y a pas échappé : une dénonciation (une journaliste LGBT qui passe son temps à cela), des médias qui ne demandent que cela, et voilà l'homme d'église qui a lutté toute sa vie pour le droit au logement des plus humbles traité comme un vulgaire criminel.
Constations deux choses. D'abord, il n'est plus là pour se défendre de ragots sans preuves (c'est quasiment toujours le cas dans ces affaires où manquent aussi des témoins). Ensuite, les faits reprochés ne sont pas des viols mais des attouchements (?). Cinq répertoriés. On est loin du palmarès d'un Gérard Miller, lui-aussi concerné par ces abus, mais préservé par la presse car athée, proche de Mélenchon et certainement franc-maçon. Quand il s'agit d'achever l'église catholique on peut compter sur Libération et Le Monde...
Si les faits sont avérés, ces péchés sont une faute pour l'abbé Pierre comme pour le commun des mortels. Abuser d'autrui est honteux. Cependant, l'oeuvre concrète au service de la collectivité n'est pas remise en cause, et ne justifie pas l'hystérie de certaines communes qui déboulonnent ses statues.
On attend à présent la suite. Coluche semble bien placé pour être mis au pilori, en attendant les autres. Peut-être va-t-on découvrir que Louis XIV était pédophile, ce qui entrainerait la destruction du château de Versailles ?
Disproportions, accusations sans preuves concrètes, volonté de dénigrer, on est bien loin des idéaux républicains. A contrario, nos pouvoirs publics mettent en avant des personnages plus porteurs des pseudo-valeurs à inculquer aux beaufs que nous sommes tous. Les rues, places et même station de RER à Paris au nom de "Rosa Parks" pullulent.
Encore un élément de notre américanisation, puisque cette dame résidait aux Etats-unis, à l'époque de la ségrégation. Elle n'a pas mis sa vie en jeu pour combattre le racisme, elle a juste refusé de céder sa place dans un bus où elle était entrée sans billet dans le compartiment des blancs. Beaucoup de gens ont trouvé cela très noble, au point de glorifier cette nouvelle Louise Michel. Disproportion, encore et encore, détournement des faits divers, décontextualisation de l'acte pour faire passer un message. D'ailleurs, les marées de jeunes des cités qui circulent sans titre dans nos transports en commun l'ont bien compris : se faire verbaliser par un contrôleur est un acte "raciste"... D'où l'agressivité et la violence qui découlent de ces tartufferies.
Vous l'aurez compris, je préfère l'homme d'église qui s'est battu pour loger les pauvres (y compris les gens de couleur !) à la pseudo-militante américaine dont l'histoire n'est pas la notre. Tiens, quelqu'un a pensé à enquêter sur les éventuels abus sexuels de Martin Luther King et de Malcolm X ?
Triste époque, où le politique se résume à défendre des communautés fermées qui se moquent de l'intérêt général en idéalisant leurs névroses : féministes, militants LGBT, anti-racistes, ligues de défense et des droits etc. L'abbé Pierre était plus qu'un simple militant, il a construit, agi concrètement avec sa fondation. Les ragots invérifiables n'indignent que les médiocres, ceux qui retirent ses statues en plaçant sur le même plan soupçon d'abus sexuel et crime contre l'humanité.
Reste la mémoire, la conscience qui pour le moment ne sont pas justiciables. La France n'est pas encore au niveau de l'ex-URSS mais les choses évoluent vite. Dans vingt ans, refuser de participer à un défilé contre le racisme et à la Gay pride, se revendiquer exclusivement hétérosexuel seront des attitudes jugées asociales. A nous d'être vigilants et de garder la tête sur les épaules, la raison plutôt que le soupçon, le militantisme constructif plutôt que la simple défiance.
Comme Lénine et Hitler avant lui, l'abbé Pierre passe à la trappe. Seule la nature du crime contre l'humanité a changé...
31 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON