L’accord algéro-français de 1968 remis en cause par la droite. Le vrai du faux...
Dans le contexte de droitisation et de fascisation d'une partie de l'opinion publique européenne comme en témoignent les résultats électoraux en Hollande, en Italie et en Hongrie, la droite classique libérale main dans la main avec le Rassemblement National veulent briser l'accord du 27 décembre 1968 signé par Basdevant représentant la France du général de Gaulle et Bouteflika représentant l'Algérie de Boumediène. Emmanuel Macron a rappelé la hiérarchie constitutionnelle plaçant le président comme chef de la diplomatie et non l'assemblée qui elle-même a fini par voter contre la remise en cause de l'accord...
Que prévoit l'accord ?
L'accord a été signé 6 ans après les accords d'Evian, il est aujourd'hui vu comme un avantage pour les Algériens mais constituait à l'époque une restriction. En effet, les accords d'Evian prévoyaient une liberté de circulation pour les Algériens vers la France et inversement. Contrairement aux idées reçues, l'ancien Boumediène était contre l'émigration des Algériens vers la France et a établi l'autorisation de sortie limitant de fait la circulation des personnes. Il l'a fait pour éviter que la jeune nation ne se vide de ses forces vives.
Le texte accorde des avantages pour les Algériens établis en France pour l'accès à la résidence (notamment sur les conditions de ressources) et non à l'obtention du visa à ce qui est raconté. Les Algériens sont avantagés par rapport aux ressortissants des pays non-communautaires européens. En réalité, Emmanuel Macron a réduit drastiquement les visas pour les Algériens par rapport aux quinquennats Hollande et Sarkozy. Nous sommes passés à 410.000 à 45.000 visas entre 2017-2022, une division par neuf ! La raison principale est le refus par l'Algérie de rapatrier ses citoyens indésirables ayant fait l'objet d'OQTF (Obligation de quitter le territoire Français).
Contrairement à ce qui est raconté par les conservateurs Français, les accords entre l'Algérie et la France accordent également des avantages aux Français dans une logique de réciprocité.
L'enjeu politique
Au-delà des débats juridiques sur lesquels il y aurait à dire et à redire, il existe plusieurs enjeux de part et d'autres de la méditerrannée. La droite et l'extrême-droite ont désigné l' "islamisme" comme bouc-émissaire (sans nier les problèmes liés à ce phénomène) et tout ce qui s'en rapprocherait de près ou de loin devrait être montré du doigt. La logique du conflit de civilisation et de la guerre ethno-confessionnelle pousse à une hostilité systématique, d'où le rassemblement autour de ce thème. L'enjeu de la surrenchère est surtout électoral et profite aux plus radicaux.
Du côté Algérien, l'accord de 1968 est un acquis pour les citoyens limités dans leur liberté de circulation, entre la frontière marocaine qui est fermée et les pays frontaliers à feu et à sang. Les liens entre l'Algérie et la France, diaspora et mariages mixtes, verront leurs situations encore plus compliquées si cet accord était mis en cause. Les relations entre l'Algérie et la France seraient encore plus dégradées si cette dernière rompait unilatéralement l'accord. Dans un contexte de crise mondiale multidimensionnelle, l'intérêt commun des deux pays serait le renforcement de la coopération économique, sécuritaire et culturelle puisque les liens sont irréversibles et les extrêmistes des deux côtés devraient réflechir à deux fois sur les retombées d'une éventuelle cassure.
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