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L’accord d’Abraham et l’Iran  : l’évidence même

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La relance de l’accord sur le nucléaire iranien met à mal l’accord de paix d’Abraham entre les EAU et Israël. Cette conclusion est colportée par certains experts occidentaux qui pensent que tout accord américain avec l’Iran conduirait à la dissolution de l’accord de paix entre les EAU et d’autres États du Golfe et arabes qui ont signé des accords de paix il y a environ deux ans.

Cette affirmation attire l’attention, mérite d’être discutée et nous y voyons l’occasion de clarifier certaines questions et certains points qui font défaut dans certains cercles de recherche occidentaux, notamment en ce qui concerne la compréhension des conditions préalables et des motifs qui ont conduit les EAU à signer l’accord de paix d’Abraham avec Israël.

Et ce, sans exclure l’hypothèse que la commercialisation de cette perception vise à maximiser la pression sur l’administration Biden afin de la dissuader des efforts de relance de l’accord nucléaire et de la mettre en garde contre les conséquences possibles. C’est un objectif compréhensible. Mais nous devons vérifier sa véracité afin qu’il ne devienne pas une réalité perpétuée.

La base de l’hypothèse précédente est que la position des EAU spécifiquement sur la normalisation des relations avec Israël est fondée sur l’hypothèse qu’ils veulent construire une alliance défensive qui les protégera d’une éventuelle menace iranienne. Du point de vue de mon chercheur, ce n’est pas du tout le cas.

Plusieurs raisons expliquent cela, la première étant le fait que les EAU ne sont pas en guerre contre l’Iran. Il est vrai que l’Iran occupe trois îles émiraties, à savoir la Grande Tunb, la Petite Tunb et Abu Musa. Les EAU ont adopté une position qui rejette le projet expansionniste sectaire iranien.

Ils s’inquiètent de l’ingérence de l’Iran dans les affaires des pays de la région et de la menace que représente le programme nucléaire iranien. Elle est également très préoccupée par le traitement des nombreuses failles, des problèmes et des aspects négatifs que recèle l’accord nucléaire depuis sa signature en 2015.

Mais rien de tout cela ne change le fait qu’il existe des canaux diplomatiques de communication avec la partie iranienne que les deux parties s’efforcent de maintenir, malgré les flux et reflux des relations au niveau officiel. Tout le monde note qu’après l’accord de paix avec Israël, les EAU ont renvoyé leur ambassadeur à Téhéran. Il y a des visites et des contacts officiels mutuels.

Tout le monde sait aussi que la diplomatie émiratie s’est récemment orientée vers une approche «  zéro problème  » qui dégèle la glace, construit des ponts et crée des canaux de communication avec tout le monde au Moyen-Orient. Cela fait partie de la vision stratégique déclarée de se concentrer sur le développement et la construction économique, loin de la dialectique du désaccord.

Il est donc incohérent de lier la relance ou la non-reprise de l’accord nucléaire d’une part et la paix croissante entre les EAU et Israël d’autre part. Les deux voies parallèles ne se rejoignent pas. Le deuxième chemin ne s’est pas construit sur le premier.

Au contraire, la paix avec Israël a été motivée par les intérêts communs exprimés dans la coopération existante et les échanges commerciaux et technologiques croissants, ainsi que par le calme entre les deux pays, indépendamment de ce qui se passe avec les efforts pour relancer l’accord nucléaire signé avec l’Iran ou l’escalade des tensions, au moins au niveau du discours politique entre l’Iran et Israël.

Tout simplement, l’accord d’Abraham n’était pas une réponse aux EAU ou à d’autres pays se sentant menacés par l’Iran. Cette menace n’est ni nouvelle ni passagère.

Elle existe en fait depuis l’émergence de la révolution iranienne et l’état de provocation dans lequel le régime scande des slogans d’«  exportation de la révolution  » et s’immisce d’une manière ou d’une autre dans les affaires des pays de la région, ainsi qu’une longue liste de pratiques iraniennes qui constituent une menace majeure pour la sécurité et la stabilité de la région du Golfe.

La coopération économique, commerciale, d’investissement, scientifique et industrielle qui a marqué l’atmosphère pacifique entre les Émirats arabes unis et Israël depuis sa création il y a plus de deux ans est la véritable raison de la paix et rien d’autre.

Ainsi, ce lien forcé entre l’accord de paix d’Abraham et l’accord sur le nucléaire iranien est directement informé par la propagande iranienne, qui parle d’alliances militaires qui n’existent que dans l’imagination de ses propagandistes. Les efforts pour relancer l’accord sur le nucléaire iranien sont sans doute cliniquement morts.

Mais personne ne veut proclamer l’échec pour éviter toute responsabilité. L’affirmation selon laquelle le reste de la région ne veut pas normaliser ses relations avec Israël par peur de l’Iran est complètement fausse. Il existe des équilibres et des calculs précis qui déterminent les positions des autres pays du Golfe et des pays arabes.

Ce calcul n’a absolument rien à voir avec l’Iran. Nous devons donc examiner les politiques et les intérêts des pays du CCG d’un point de vue bien éloigné de la notion de dépendance à l’égard d’un parti régional.

Chacun peut voir comment ces pays formulent leurs politiques et gèrent leurs relations internationales avec un sens de la proportion et en fonction de leurs intérêts stratégiques. La première chose à comprendre est que ces pays ne sont pas soumis aux diktats du parti régional et ne craignent pas ses foudres.

L’une des motivations de cette évolution est que les pays du CCG ont compris que les États-Unis ne sont plus le genre de partenaire qui donne la priorité aux engagements existants et agit en fonction de ses propres intérêts, que ce soit sur la question de l’Iran ou autre.

Par conséquent, ces pays ont recherché leurs intérêts stratégiques, qui ne sont pas nécessairement des intérêts militaires ou de sécurité, à l’est et à l’ouest, ainsi qu’auprès de leur voisin israélien. Le retour attendu de la coopération est difficile à mettre de côté. En conclusion, lier l’accord nucléaire à l’accord d’Abraham ne repose sur aucune base factuelle.


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