L’Affaire Branlo
Tout le monde se souvient de l'irruption d'une vidéo diffusée par un artiste russe qui a fait l'effet d'une bombe dans la campagne municipale de la Capitale. Scandale stoppé par le virus. Ce petit livre (L'Affaire Branlo), assez jouissif, sur le mode d'une parodie raconte par le menu cette drôle d'histoire.
Il est beaucoup plus simple pour moi de vous présenter ici deux extraits. Le premier est la description des protagonistes et l'autre l'introducion de ce roman. Ils vous donneront, mieux que je ne pourrais le faire, l'ambiance générale du pamphlet. Autant vous dire que tout le monde en prend pour son grade. Quant à l'auteur, il semble qu'il puisse être du sérail politique, en tout cas très bien informé des dessous de cette affaire. Comme il connaît la capacité de nuissance de certains des personnages de cette farce, il préfère éviter d'en subir. Il sait que les familles ne sont pas épargnées (comme vous le verrez dans le livre) aussi a-t-il choisi de préserver la sienne en ne se dévoilant pas. Le monde politique est cruel. Quelques innocents y laissent des plumes.
Premier extrait :
Voici sans ordre ni alphabétique ni d’entrée en scène, en vrac en quelque sorte comme chez Lidl, une partie des divers personnages de cette farce moderne.
Branlo
Un de nos héros, Hidalgo genre Rastignac, qui a un certain rapport avec la vérité, vit dans la soie, un peu comme Talleyrand sous Napoléon sans en avoir l’entregent peut-être l’entre-jambe ?, mais avec une autre puissance de feu grâce à Internet. Il semble que l’agit-prop soit son mode d’existence, ce qui fait un peu marque de lessive. Ah, au fait, il est venu à mes oreilles attentives cette amusante anecdote. Alors que le premier mot d’un nourrisson est soit maman soit papa, Branlo prononça : moi. Depuis lors, tous ceux qui l’ont côtoyé et n’ont pas été éblouis par la huitième merveille du monde (bien qu’il ait braillé comme tout un chacun à sa venue sur terre) sans même se passer le mot, l’ont surnommé MMI, petit nom qui lui reste accroché au paletot comme l’arapède à son rocher : Me, Myself and I.
Salace,
Ce nom fait un tantinet anglais, n’est-il pas ? Il est un vidéaste amateur qui n’a pas apprécié que ses œuvres fussent diffusées en public. De la contemplation satisfaite et arrogante du monde du haut du piédestal d’où il s’admirait (s’y étant placé lui-même, faut-il le rappeler, ne se sous-estimant pas) et, par ailleurs, manquant quelque peu de courage dans l’autre fameuse affaire dite de la pelleteuse (à laquelle a assisté Branlo), il est tombé en plein dans l’œil du cyclone, emportant avec lui, par générosité sans doute, son entourage. Il a résolu le fameux dilemme shakespearien : teub or not teub ? That is the question. Il a tranché : ça a été teub. Un autre de nos héros.
Castagnette
Pour lui c’est le vertige du vide, celui qui se situe juste entre ses deux oreilles, qui nous saisit, lui qui a la propension à parler plus vite que Lucky Luke ne tire. C’est si rapide qu’il n’a même pas d’ombre. Elle n’a pas le temps de s’épandre, si bien que Méphisto n’a pas tenté de la lui acheter. Il a pour lui au moins ça : un superbe déhanchement sur les pistes de danse.
Jupiter
Ah ça, il éclaire le paysage de ses foudres. Certes il a de la répartie, juste sur le fond, souvent, mais détestable dans la forme car il manque une liaison ferroviaire entre la machine qui s’échauffe dans sa boîte crânienne et la pompe qui s’active sous ses côtes.
Madurito
Attention, là c’est du lourd. Vous avez la symbiose de l’holographie et du Sacré. Un talent oratoire au service du chaos et de la haine en quelque sorte
BuzzBuzz
Non mais oui. Allez, en avant marche !
La Reine des abeilles
Eh bien, elle est reine. Il semble qu’elle ignore que la Capitale n’est pas sa propriété et que ses paroissiens n’ont pas à être pris en otage de ses lubies ni de la réception en pleine campagne électorale d’un ex-embastillé pour corruption, ayant mis en faillite son pays et dont l’idéologie d’extrême gauche n’a rien à faire devant le parvis d’une mairie. La Reine des abeilles n’est pas la secrétaire générale d’un parti et n’a pas loué une salle avec ses deniers et autorisation de la préfecture. Elle a la détestable habitude de trafiquer les chiffres et les faits, de s’attribuer tous les mérites quand il peut y en avoir mais d’accuser tous les autres des problèmes de la Capitale dont elle est pourtant à l’initiative. Remarquez, elle n’est pas la seule et ce n’est guère original.
Natacha
L’éternelle étudiante slavophile qui peut correspondre à cette célèbre phrase : j’ai glissé, chef. Elle dit être tombée amoureuse du suivant de notre liste, on peut surtout penser qu’elle est tombée. On la verrait bien dans une des aventures d’OSS 117, autrement dit de - et vous excuserez j’espère mon accès ponctuel et accidentel de dyslexie - Bénisseur de la Bithe. Ou alors d’un roman de madame de Lafayette. Méfiez-vous, Natacha n’est peut-être pas celle qu’elle voudrait que vous croyiez quelle fût.
исполнитель
Son corps est de l’art (qui ressemble à du cochon, mais cachectique le cochon). S’il donne celui-ci à la science (non à Descartes, quoi que ce serait un lieu à son image) je suppose que les scientifiques seraient fort intéressés à l’étude de son cerveau, sans doute bien conservé grâce à la vodka.
Jeanne du Paquebot
Elle est la fille de son père avec qui elle a quelques différends mais contre lequel elle perd régulièrement ses procès (tout comme ce fut le cas avant dans la défense du parti du Paquebot). Elle est poursuivie (elle et ses satellites, amis, associés, subordonnés, organisations diverses) dans plus d’affaires que d’épisodes de Plus belle la vie. Elle est comme le coq gaulois, plus ses pattes s’enfoncent dans son propre fumier plus elle chante fort.
Doko-Sha
Même si l’on est né avec la bosse des maths, lorsque l’on se jette dans un autre monde, où les feux de la rampe éblouissent un tantinet, il peut ne rester que les bosses. Il a la particularité de s’habiller avec les nippes d’un lointain aïeul, qui fut peintre et se déplaçait en calèche.
Datée
Son point fort n’est pas vraiment la présence comme élue (quelques minutes à la mairie en six ans), mais le verbe haut, la langue acérée et une certaine facilité à toucher des honoraires à rendre jaloux Bezos (j’exagère) et réclamer partout des avantages en nature (chauffeur, voiture etc.).
Maréchal sur son perchoir
Peut-être aime-t-il les rillettes, ce dont on est sûr c’est qu’il assure dans l’immobilier. Il est de bon conseil, surtout pour ses proches.
Rufian
Avec sa chemise blanche à l’Assemblée il se prend pour Pirate des Caraïbes. Heureusement qu’il n’en a pas le sabre car couper des têtes le démange sacrément (sacré est une marque déposée de son parti). Tiens je lui propose un slogan à ajouter à nuit debout : jour couché. Ça ne veut rien dire ?, c’est possible, mais c’est beau.
Quelques autres comme Ali Baba et ses coffres, ses passeports, la famille Balconnaud et ses misérables logements HLM, quelques savants de la poule et de l’œuf, etc. Je crois bien que, malgré ces descriptions peu avantageuses certains seront marris de ne pas faire partie de cette galerie.
et
Le Vengeur masqué
Ça c’est moi. Je peux me mettre dans le lot car je balance pas mal de saloperies. Je me suis dit : puisque d’autres l’ont fait et ont reçu pour cela gloire et honneur (de notre intelligentsia capitalienne), parfois succès littéraire, pourquoi non moi ? Qui suis-je donc ? Un traitre du sérail qui, aigri et vindicatif, se venge pour ne pas avoir eu une part du gâteau ? Dans ce cas je suis bien renseigné et je ne fais qu’œuvre (salutaire) de témoignage. Ce serait un bon point, non ? Augias, le roi ingrat et de mauvaise foi, a de grandes écuries. De toutes façons c’est moi qui tient la plume (comme dans Au clair de la lune pour ceux qui savent de quoi il s’agit) et s’il y a eu, a et aura des dégâts collatéraux, je ne suis qu’un observateur : le thermomètre n’est pas le responsable de la température ni de ses conséquences. Les responsables sont ceux qui ont mis le feux sous la marmite d’huile et l’ont renversée, et ceux qui ont mis l’huile dedans et le bois dessous. Outre toutes les ramifications, responsabilités connexes et annexes, manipulations, amplification, deux responsables sont connus : исполнитель et Salace. Et bien sûr, deus ex machina : Branlo. Et Natacha, alors ?
Ah, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait qu’une fâcheuse et regrettable coïncidence. J’aurais pourtant aimé que l’on mît un bandeau en travers de la couverture : tiré d’une histoire vraie, qui permet de faire du buzz et vendre plus, même si souvent le contenu n’a qu’un lointain rapport avec les faits, un peu comme les traductions du XVIIIè où elles étaient plus un hommage à l’auteur qu’au texte original.
Deuxième extrait :
Il était une fois …
Il y a une semaine environ, j’ai retrouvé, dans un tiroir fermant mal, une série de vieux carnets dans lesquels, comme un tabellion laborieux, je notais tout. Au crépuscule de ma vie, je me suis dit qu’il fallait que je raconte ce que je savais sur cette farce qui a eu lieu il y a si longtemps. J’ai écrit vite, jours et nuits, car j’ai senti l’urgence, la grande faucheuse se penchait sur mon épaule. Elle a eu la sagesse de me laisser apposer, la main tremblante, ce matin, le point final au bas de la dernière page et d’écrire ce préambule. J’ai rassemblé ce matériel, comme disent les sachants, car j’avais mes entrées dans ce monde-là, non que j’étais important, mais, au contraire, j’étais si insignifiant que personne ne me voyait. Par exemple, j’entrais dans une pièce et un des illustres présents me tendait quelques feuilles et me disait sans s’abaisser à jeter un regard sur moi : « tiens, fais-moi une copie ! » J’en faisais deux. Dès que je le pouvais, je sortais mon carnet en moleskine noire et, les chiffrant avec un code tout personnel, savant et efficace, je prenais des notes.
Ces temps-ci ma mémoire me fait défaut, aussi, tout ce qui est dans ce qui suit, pourrait-il ne pas refléter la totale véracité des faits, même si mes carnets m’ont été d’un grand secours. J’ai eu, également, des informations de première main, et de seconde main, et des bruits de couloir et des bruits d’alcôve. La presse m’a aidé (je ne peux citer de noms). Il a bien fallu qu’entre tous ces points épars je trace des lignes afin d’en obtenir un dessin, fruit du dessein du destin. Que c’est beau ! J’ai été obligé, par le fait, de reconstituer des dialogues, des scènes, des réflexions intimes qui sont, peut-être ou sans doute (qui ne doute pas ?) quelque peu éloignés de la stricte vérité. Et si (par malheur ?) j’étais parfois brutal, de mauvaise foi, injuste, ce ne serait, ma foi (sic), que la loi du genre … et Audiard m’approuverait. On a tous nos petits défauts.
C’était il a bien longtemps, mes jambes étaient encore solides, dans les années 20 - il n’y avait plus de chapeaux en ce siècle-ci mais bien des cloches - aux alentours des élections municipales, peu avant le début de la campagne. Croyez-vous en l’ironie du calendrier ? Le jour de la saint Valentin, nous étions un 14 février (tiens donc), Salace fait une déclaration solennelle dans laquelle il annonce ne plus être candidat comme tête de liste pour la mairie de la Capitale. Coup de tonnerre (qui n’est pas venu du foudre tenu haut dans la main de Jupiter). C’est le début de l’affaire Branlo. Des obscurs comme moi savaient pourtant que tout cela avait d’autres origines, d’autres implications. Voici l’histoire :
Je vais faire le batteleur de foire, mais pour 6,5 € pour le livre papier ou 5 € en électronique, cela en vaut la peine.
L'Affaire Branlo par Le Vengeur masqué, 96 pages aux éditions des Sans-Voix
Amazon (6,5 €)* : https://www.amazon.fr/dp/B08BWBV6VF
* Tout prix supérieur est de la revente
iBook (4,99 €) : https://books.apple.com/us/book/id1520179902
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