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L’Afrique attendra 2147

Les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), définis par les pays membres de l’ONU en 2000, visent à réduire de moitié le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour dans le monde d’ici 2015. Le bilan à mi-chemin des OMD - qui vont de la baisse de la mortalité infantile à l’éducation primaire universelle, en passant par la lutte contre le VIH-sida, la tuberculose et le paludisme - est pour le moins nuancé : l’ONU estime qu’au rythme actuel l’Afrique sub-saharienne n’atteindra ces objectifs qu’en 2147, et en 2165 en ce qui concerne le sida[1]. L’Afrique risque donc de devoir attendre un siècle de plus pour sortir de la pauvreté.

Du 7 au 9 juillet prochain, les huit dirigeants les plus puissants de la planète se réuniront lors de leur sommet annuel, au Japon. Comme à leur habitude, ils débattront des grands enjeux de la planète, et leurs décisions ne manqueront pas d’améliorer - ou non - le sort de milliards d’individus. Conscients des obstacles au développement rencontrés par les pays du Sud, le G8 a promis, dès 2005, des milliards de dollars pour le renforcement des systèmes de santé dans les pays pauvres. L’intention et les déclarations sont louables, mais les beaux discours n’ont pas été suivis d’effets. C’est pourquoi cette année les organisations de la société civile - dont l’influence s’est fortement accrue depuis la conférence de l’OMC à Seattle en 1999 - les attendent au tournant, et leur demandent, dès à présent, de respecter leurs promesses en faveur de la santé.

Lors du Sommet du G8 en 2005, tenu à Gleneagles (Royaume-Uni), les puissants de la planète avaient promis « la mise en œuvre d’un programme complet de prévention, de traitement et de prise en charge du sida afin de parvenir [...] à un accès universel aux traitements [contre le sida] d’ici 2010 »[2]et une augmentation de l’aide au développement de 50 milliards de dollars d’ici 2010, dont la moitié pour l’Afrique. Ces engagements ont été réaffirmés lors du dernier sommet du G8, auquel Nicolas Sarkozy avait participé en juillet 2007 à Heiligendamm (Allemagne)[3]. Pour autant, moins de deux ans avant l’échéance, les pays du G8 n’ont toujours pas établi de programme précisant comment ils allaient respecter leurs promesses.

600 000 enfants naissent chaque année avec le sida et 2,5 millions de moins de 15 ans vivent aujourd’hui avec la maladie. Certes, l’épidémie touche la planète entière, mais ici encore, le Nord et le Sud ne luttent pas à armes égales face au sida. La France a réussi à généraliser les traitements qui limitent fortement la transmission du virus de la mère à l’enfant : 94 % des femmes enceintes séropositives bénéficient aujourd’hui d’une prophylaxie antirétrovirale, un traitement très efficace qui a permis de faire baisser le taux de transmission à moins de 2 %. Dans les pays en développement, moins d’une femme sur dix a accès à ce type de traitement et 85 % des enfants séropositifs n’ont pas accès aux traitements.

Dans ces conditions, comment les pays pauvres, en particulier africains, peuvent-ils espérer se développer ? A quoi bon construire des usines si les employés sont tous malades ? Un pays ne peut se développer que si sa population est elle-même en bonne santé et les milliards de dollars investis pour construire des routes ou financer des écoles ne sont que gaspillage quand les forces vives d’un pays s’affaiblissent de jour en jour.

Le G8, qui rassemble les huit pays les plus riches de la planète, représente les 2/3 de la richesse mondiale et seulement 13 % de la population. C’est dire l’influence décisive des décisions du G8, en particulier sur l’avenir de millions de personnes. La société civile se mobilise à l’occasion du prochain G8 et invite à signer une pétition demandant le respect des engagements passés, en particulier : la publication d’un échéancier précis concernant l’aide de 50 milliards de dollars d’ici 2010, un calendrier pour la mise en œuvre de l’accès universel aux traitements d’ici 2010, et l’engagement de consacrer au moins 10 % de l’aide française au secteur de la santé - elle n’y alloue actuellement que 4 %, une contribution bien maigre au regard des 11 % consacrés en moyenne par les autres pays riches. Les ONG ne demandent pas d’argent supplémentaire, mais bien celui déjà promis : comme le dit le dicton, « un tien vaut mieux que deux tu l’auras ».

Plus d’information sur la campagne Vision du monde sur le site www.g8action.org.

Active dans près de 100 pays, Vision du monde (World Vision France) est une ONG de développement centrée sur l’enfant, qui aide plus de 100 millions de personnes dans le monde à sortir de la pauvreté. Elle lance cette année une campagne de mobilisation dans les sept pays du G8 où elle est implantée. L’objectif de cette campagne est de pousser le G8 à respecter ses engagements en faveur de la santé des enfants dans les pays du Sud.


[1] OMS, Rapport sur la santé dans le monde, 2003.

[2] Déclaration Sommet du G8 de Gleneagles « Afrique, une occasion historique », 2005


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Stéphanie L


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