L’agonie de l’idéologie
Inutile de nager à contre-courant, le siècle des Lumières s’éteint, peu à peu. Période obscure de cette ère de communication, où la technologie permet à l’information de circuler si vite qu’elle affole les esprits et fait perdre les repères. Plus les idées volent, plus le monde devient uniforme !
La science des idées, à peine née, tend à disparaître. Petite piqûre de rappel, « l’idéologie possède actuellement (d’après le dictionnaire), différentes acceptions : un ensemble plus ou moins systématisé d’idées, d’opinions, de croyances, constituant une doctrine, qui influence le comportement individuel ou collectif, ou selon la définition marxiste de l’idéologie, la représentation de la « réalité », représentation propre à une classe sociale, ou péjorativement, un ensemble de spéculations, d’idées vagues, qui prône un idéal irréalisable. » Les champs de l’idéologie sont vastes, sociaux, politiques, éthiques, etc. « Le terme idéologie apparaît à la fin du XVIIIe siècle : il fut forgé en 1796 par Destutt de Tracy (Mémoire sur la faculté de penser), pour désigner l’étude des idées, de leur caractère, de leur origine et de leurs lois, ainsi que leurs rapports avec les signes qui les expriment. On employait, dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle l’expression sciences positives pour désigner l’apport que les sciences pouvaient apporter au progrès de l’esprit humain (Condorcet), afin de stigmatiser l’obscurantisme de l’époque. « Dans la continuation des Lumières, les idéologues, groupe animé par Destutt de Tracy, (Destutt de Tracy, Cabanis, Volney, Garat, Daunou) voulaient instaurer une science des idées, dissiper les mythes et l’obscurantisme. Dans la lignée du sensualisme de Condillac, qui cherchait déjà l’origine des idées, ils voulaient faire une analyse scientifique de la pensée. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Monarchie, république, la planète a adopté la démocratie, si l’on oublie les quelques pays totalitaires, et les dictatures. La Révolution industrielle a été accompagnée de révolutions des idées. Comment oublier le Front populaire, l’affranchissement des ouvriers, les débats sur leurs causes ? La période actuelle est celle de la mondialisation, de l’information, du commerce, et des idées. Que reste-t-il du communisme ? Rien, le bloc de l’Est s’est effondré, les rouges ont perdu leurs couleurs ; plus loin encore, la Chine est entrée dans ses propres contradictions. Au sein du même pays, certains travaillent comme des fourmis, d’autres se nourrissent du grand capital, les frontières s’ouvrent, dit-on. En un siècle le sang a énormément coulé, pour des idées, une notion du capital, de la solidarité, du partage. Idées obsolètes qui partent aux oubliettes, que reste-t-il des propos de Karl Marx ? Rien qu’un flot d’insultes, et l’interdiction de circuler aux Etats-Unis, la honte. L’ obscurantisme a créé sans le savoir le siècle des Lumières. Nous sommes les enfants de ses idées, et pourtant, l’impression générale me donne le sentiment d’un grand retour en arrière. Des exemples : l’affaire des caricatures, les propos du pape, et j’en passe...
Ne seraient-ce pas des méthodes obscures dont abusent les religieux au pouvoir ?
Parfois, quand je me promène, je regarde, j’observe, et la tendance est à l’uniformité. Uniformité vestimentaire, et de pensée, de son et d’évolution de la langue, que l’on soit citadin, ou un terrien des provinces. Les codes sont les mêmes, l’art publicitaire a gagné, ses enfants de lumières se battent pour un crocodile, une larme, une panthère, quel mystère ? Un siècle auparavant, les enfants de Zola n’avaient pas bonne mine, leur gueule était noire, ce n’était pas l’immigration des idées, ce n’était pas le rêve américain, l’école abandonnée, ils trimaient à en perdre la vie. Aujourd’hui, l’enfant est roi, préservé, or cette génération perd le Nord, consommateurs effrénés, sans le culte de l’effort. L’idéologie à l’agonie, j’ai ce sentiment que la solidarité plie sous les coups égoïstes de l’individu. Marx parlait de capital mort, financier. Des montagnes de chiffres qui perdent leur sens, si l’on oublie d’y apposer la douleur des noms, de ces travailleurs qui perdent leur honneur, les jours de délocalisation, ou de compression, de réduction des charges salariales, au coeur d’entreprises saines, et bénéficiaires. Idéologie du monde capital, tout est fait pour la croissance et le profit, ce qui ne constitue pas un mal en soi, si l’on n’omet point le respect des mains et des têtes qui y travaillent, en ne considérant pas seulement l’accroissement des masses financières. D’où la naissance du monde libéral : « Pour les libéraux classiques, le système ne doit pas être jugé (seulement) en termes d’utilitarisme, mais (surtout) d’un point de vue moral : il appartient aux entreprises et aux actionnaires de déterminer ce qu’ils font de leur capital de départ. Les libéraux ne nient pas les rapports de forces économiques, mais ils nient que l’on puisse les équilibrer ou les résoudre : on peut selon eux seulement les déplacer avec une perte due à la prise en compte de critères moins pertinents du point de vue de l’allocation optimale des ressources, et sans garantir de « justice sociale ». Toute notion d’arbitrage est alors considérée comme un leurre. Et l’opposition dans leur courant de pensée : « Les interventionnistes de gauche et de droite jugent le système à ses résultats sociaux. Selon eux, le capitalisme produit des rapports entre riches et pauvres toujours plus déséquilibrés en termes de pouvoir et d’inégalités économiques, et une sclérose sociale qui nuit à l’économie générale. Il appartient alors au pouvoir politique de rétablir à la fois l’équilibre et les conditions de la prospérité générale et de développement. Selon leur sensibilité à l’un ou l’autre aspect et leur appréciation globale de la situation, les utilitaristes préconiseront un arbitrage politique variable. »
Ce qui m’amuse quand je regroupe les idéologies, ce sont les extrêmes, ainsi deux groupes d’hommes, bien distincts, vont être capables d’ insultes, voire de crime, pour des idées qui ont un point commun, la liberté ! Le courant anarchiste, souvent associé au chaos, adopte cette doctrine : « L’anarchisme non-violent : mouvement dont le but est la construction d’une société non-violente. Les moyens utilisés pour arriver à cette fin sont en adéquation avec celle-ci : écoute et respect de toutes les personnes présentes dans la société, choix de non-utilisation de la violence, respect de l’éthique (la fin ne justifie jamais les moyens), place importante faite à l’empathie et à la compassion, acceptation inconditionnelle de l’autre. Apolitique, profondément humaniste, il vise à rassembler les hommes pour construire une société où chacun est poussé à se réaliser (la société est au service de l’individu) et en même temps incite l’individu à collaborer, à contribuer au bien-être de tous les acteurs de la société (l’individu est au service de la société). » Ce courant est souvent assimilé à sa branche armée, et fait peur. L’humanisme, le respect font peur ?
Évidemment, la fonction de l’Etat est
admise par tout le monde. Le domaine international a peu de chance d’exister,
le monde capital est en pleine forme, car l’arrogance de l’argent renvoie à la puissance, à un désir, où à un paradis pour
certains. Le mot de la fin est utopie, et son explication première,
celle qui vient du livre Utopia : le
sens d’utopie est donc, approximativement, "sans lieu",
"qui ne se trouve nulle part". Cependant, dans l’en-tête
de l’édition de Bâle
de 1518 d’Utopia,
Thomas More utilise, exceptionnellement, le terme d’Eutopia
pour désigner le lieu imaginaire qu’il a conçu. Ce
second néologisme ne repose plus sur le suffixe privatif u
mais sur le suffixe eu, que l’on retrouve dans euphorie
et qui signifie bon. Eutopie signifie donc "le
bon lieu".
L’idéologie est née pour vaincre l’obscurantisme, mais les Lumières n’ont pas vaincu : « L’obscurantisme élabore ses méthodes propres pour combattre la diffusion du savoir.
-
le contrôle du milieu, par exemple, l’alliance avec un pouvoir dictatorial lui permettent la censure, la fatwa, le meurtre (les assassinats d’intellectuels en Algérie pendant la guerre civile)
-
le discrédit de l’intelligence, de l’étude et de l’érudition non par la critique rationnelle mais par la critique essentialiste
-
l’argument d’autorité élaboré par ses clercs organiques, selon un savoir canonique. »
Notre pays la France, s’est séparé de l’Eglise. Sa démocratie est libre, et son état laïque, sa culture est le fruit de ce siècle des lumières. Or les idées traversent les frontières, la violence morale existe, et pousse certains vers des voies extrêmes, vers des chemins obscurs, vers des lieux où des avions déviants, des bombes tentent de tuer Satan. Des lieux si loin de mon utopie, ce lieu que l’on imagine en musique...
(sources : Wikipédia, encyclopédie universelle)
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