L’agression azerbaïdjanaise contre l’Artsakh / dernières nouvelles du front
Au 35ème jour de la guerre d'Artsakh, les Arméniens sont déçus de la passivité de la « communauté internationale » qui n’est évoqué que pour justifier ce que le fort souhaite imposer.
De plus en plus de pays, y compris européens qui se revendiquent champions des droits de l’homme et des libertés, prennent des postures incompréhensibles, c’est-à-dire de distance égale entre les pays impliqués dans le conflit ; cela revient à mettre l’agresseur et l’agressé au même niveau, avec une même responsabilité…Cela interroge réellement, surtout, je le répète, en ce qui concerne certains pays européens.
Aujourd’hui, on est passé d'une guerre à une sale guerre de la part des Azéris (qui avaient imaginé en finir avec l'Artsakh en 5 jours) soutenus en cela par la Turquie : décapitations, mutilations, bombardement de la population civile, destruction des hôpitaux, destruction d'églises, utilisation de bombes à sous munition causant des blessures horribles aussi bien chez les militaires que civils arméniens. Cela ne suffisait pas. Les sbires d’Aliev et d’Erdogan ont lancé leur dernière trouvaille : l'utilisation de bombes à phosphore pour incendier les forêts de l'Artsakh où se cachent des villageois dont les maisons ont été détruits par les Azéris et les mercenaires djihadistes importés de Syrie[1].
Il y a actuellement 60 000 réfugiés (sur une population de 150 000) fuyant vers l'Arménie (femmes, enfants, vieillards...). Aujourd'hui les Arméniens (au total 3 millions) se battent contre les deux nations turques (90 millions) dont l'une est membre et 2ème armée de l'OTAN. Ça interroge également…
L’Artsakh, terre arménienne depuis des millénaires, mérite de vivre séparé de l’Azerbaïdjan car tout rattachement à ce dernier aboutira sans aucun doute à un nettoyage ethnique / génocide. La population de l’Artsakh n’a pas été amenée là où elle vit artificiellement ou pour des raisons stratégiques ou géopolitiques ; elle était là, sur ses terres ancestrales.
Je l’ai écrit plusieurs fois : les Occidentaux ne regardent que leurs intérêts à court terme, à très court terme et l’Union européenne est un navire sans gouvernail et sans boussole.
Et pendant ce temps, les Arméniens se font massacrés dans l’indifférence totale…
Afin de compléter ce bref papier, je mets à disposition l’analyse d’Henry Cuny, Président d’honneur de l’Institut Tchobanian, sur l’approche juridique du conflit du Haut-Karabakh.
Sous le titre : « Regard de juriste sur le conflit du Haut-Karabakh[2] », Henri Cunny, dit : « Depuis la fin de l’Union Soviétique, l’opposition de deux principes du droit international, celui de l’intégrité territoriale des États et celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, brandis ad nauseam l’un contre l’autre, ont coûté des dizaines de milliers de morts tant du côté arménien que du côté azerbaïdjanais. On sait hélas que l’un comme l’autre souffrent de nombreuses exceptions de par le monde, tant du fait de l’artificialité de certaines frontières (notamment celles issues du machiavélisme de Staline) que de l’oppression de nombreuses minorités dans les pays qui ignorent la démocratie.
Peut-être la problématique réduite à ces deux termes est-elle mal posée : elle est en tout cas aujourd’hui dépassée. Un dirigeant qui revendique comme sien un territoire endosse automatiquement comme sienne la population qui y vit. C’est donc, si l’on s’en tient à sa rhétorique, contre une partie de sa propre population qu’il utilise les armes les plus sophistiquées – pour certaines, telles les bombes à sous-munitions, interdites par le droit international – pour tuer et détruire vies, infrastructures, habitat. De ce point de vue, chaque frappe en terre karabakhtsie mine la position de son auteur, transformant la guerre en nettoyage ethnique. Quand, de surcroît, on confie à une puissance extérieure – dont à ce jour une trentaine de parlements nationaux dans le monde ont reconnu que l’histoire avait été entachée par un génocide – la direction des opérations et qui fait appel elle-même à des jihadistes professionnels du crime, on voit s’avancer le spectre d’une répétition de l’histoire : Archag Tchobanian avait déjà, en son temps, dénoncé le silence coupable des grandes puissances…
Les arguties juridiques ne sont plus de mise aujourd’hui. Depuis le début des années 90, les Nations Unies ont reconnu l’existence du devoir d’assistance humanitaire. Le Conseil de Sécurité, où siègent les trois pays coprésidents du Groupe de Minsk et auquel il revient de constater l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression, doit décider, sans plus tarder, des mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales.
Les problèmes géopolitiques posés par ce conflit dépassent de loin l’étendue des terres montagneuses du Haut-Karabakh, pareille à celle d’un département français. Ils impactent, outre ses acteurs, nombre de pays environnants mais aussi, quoique de façon dérobée, le vivre ensemble pacifique entre chrétiens et musulmans qui tient tant à cœur à notre pays. »
Je pense que ces arguments doivent au moins nourrir la réflexion. Ce que l’on appelle la « communauté internationale » n’est en réalité qu’un euphémisme pour cacher la vérité : le plus fort impose et fait valider par la suite son acte ; le reste n’est que littérature…
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