Derrière les masques et les rideaux de fumée, résumer le fond de la « négociation » sociale des 10 et 11 janvier n'est pas si compliqué. Le patronat du CAC40 veut jeter dans les poubelles de l'histoire les luttes sociales qui ont crée et alimenté le code du travail. Et les décisions jurisprudentielles qui ont été rendues dans un Etat de droit.
Y aurait-il encore aujourd'hui un négociateur qui croirait à des propositions de « sécurisation de l’emploi » venant du MEDEF, qui concerneraient quelqu'un d'autre que les seules entreprises ?
De quelle sécurisation bénéficierait le salarié en une pratique d'un CDI lié à un projet qui de facto le transforme en CDD ?
Imaginez la vie dans cet enfer où l'employeur - après le succès des ruptures conventionnelles pour son seul bien - aura le pouvoir discrétionnaire de casser le contrat de travail au motif que le salarié aura refusé une baisse de salaire ou un changement de poste ou d'horaires, ce qui fondait auparavant le licenciement économique.
Le Medef, pour parfaire la destruction des règles actuelles, demande l'immunité juridique. Moins de pouvoir des délégués du personnel, pas de motivation de ruptures pour motif économique, plus de justifications à donner donc plus de préjudice à réparer.
En résumé, s'asseoir sur toutes les procédures en cours et tout formalisme, rendre indiscutable le pouvoir de décision du citoyen chef d'entreprise par le citoyen salarié.
Pour ce faire, et dissuader le salarié de se plaindre, accroître le coût de saisine des conseils de prud'hommes avant de les assécher définitivement.
En attendant ce jour bénit, le Medef propose aussi des « barèmes plafond » d'indemnités dont le caractère comptable prime sur toute notion de préjudice.
C'est l'autorisation de ne plus avoir à se justifier qui est exigée des syndicats ouvriers, en échange de quelques concessions marginales et du mirage de négociations par entreprise qui prévaudront sur la Loi.
Le fil rouge de la position du Medef est simple à énoncer : c'est par une précarisation institutionnelle qu'il veut sécuriser l'opacité de ses décisions dans l'entreprise, qui ne serait plus contrôlée ni par l'administration ni par la Justice.
Le reste est du pipeau.
Léon