L’Algérie et ses immigrés, décidément
Un de mes lecteurs, un vieil Algérien résidant en France, en attendant tout ce brouhaha politico-médiatique à propos de l’Algérie, me confia, la moustache tremblante :
Assieds-toi, car ça va être long, me dit-il avant de commencer.
- Je ne comprends plus les Français d’aujourd’hui. De mon temps, quand on parlait d’un Algérien, on lui demandait sympathiquement pourquoi il ne buvait pas d’alcool, pourquoi il égorgeait le mouton de l’Aïd ou pourquoi on lui coupait un bout du zizi.
- Il répondait fièrement : l’alcool, ce n’est pas bien pour la santé et ça fait faire des bêtises, on égorge le mouton en reconnaissance du sacrifice de notre ancêtre Abraham et le zizi, c’est une question d’hygiène, d’ailleurs du temps de Jésus, les chrétiens se coupaient aussi un bout du zizi.
- En politique, le grand Charles et ses collaborateurs avaient le sens des mots, ils respectaient poliment leurs adversaires, leurs positions face aux problèmes étaient justes et équilibrées.
- Cela m’écœure de voir ces charlatans politiciens d’aujourd’hui, prêts à vendre leur âme et leur honneur pour un avantage politique de leur parti, auquel, trop souvent, ses dirigeants adhèrent plus par intérêt et ascension personnels que par idéologie et leur flexibilité à aller d’un parti à l’autre le prouve bien d’ailleurs.
- Ce n’est pas seulement le bourreau de la guerre d’Algérie qui est devenu célèbre grâce à sa phrase « un détail de l’histoire » qui a fondé un parti d’extrême droite avec les partisans de l’Algérie française et les membres de l’OAS, une organisation criminelle en Algérie qui n’a épargné ni les Français ni les Algériens. Son parti excelle dans le racisme. Ses héritiers et leurs concurrents, encore plus virulents, sèment aujourd’hui la discorde entre les Français de souche ou d’adoption et propagent des idées sciemment trompeuses.
- Je vais vous faire un compte moi aussi, contrairement à ceux que claironnent ces partis de l’extrême droite, de la droite et alliés à propos de l’Algérie.
Mohamed, commença à me citer des chiffres aussi précis qu’un comptable, que je reprends ci-dessous :
875 MILLIONS € de remise consentie à la France sur la vente du gaz algérien chaque année.
Je déduis -140 MILLIONS de l’aide au développement que verse la France à l’Algérie.
Je déduis - 150 MILLIONS € pour payer les frais de soins d’environ 2 000 algériens par an qui se soignent en France.
ZÉRO FRAIS pour les RSA, les allocations et autres aides sociales, largement payés par les prélèvements sociaux sur les salaires des Algériens qui travaillent en France.
Il reste donc 585 MILLIONS € en faveur de la France, mais que l’Algérie perd chaque année.
Vous allez me dire, la France n’a qu’à acheter son gaz ailleurs, sauf qu’elle perdra les 875 millions € et payera encore plus cher son gaz alors que l’Algérie gagnera ces 875 millions et vendra son gaz à un prix plus favorable sur un marché porteur.
Citons maintenant les pressions préconisées contre l’Algérie aussi incongrues qu’insensées :
- Suppression des visas pour les Algériens :
Les Algériens ont des relations cordiales et apaisées avec l’Italie et l’Espagne qui leur délivre deux fois plus de visas Schengen leur permettant de visiter leurs familles en France. La France ne peut s’opposer au risque de contrevenir aux accords de l’Union européenne.
- Saisir les biens et avoirs des Algériens en France
D’abord, cette procédure est régie par le droit international. La France ne peut donc pas la faire à sa guise, même si l’Algérie peut à son tour saisir les biens et avoirs des 600 entreprises françaises implantées en Algérie.
- Suspendre les transferts d’argent des travailleurs algériens :
La France aura du mal à justifier cette décision au regard du droit international. D’autant plus que les salariés algériens rigoleraient sournoisement, car le reste de leur salaire, lorsqu’ils partent régulièrement au pays, est dépensé en cadeaux pour leur famille.
Comparativement, les Algériens transfèrent moins de 1 milliard € alors que les Marocains en sont à 11 milliards. De surcroît, comme dit l’adage « Les ennemis de nos ennemis sont nos amis », le Maroc étant injustement ennemi de l’Algérie, faire un sale coup à ses amis n’est pas saint.
- Les voyages sans visa des dirigeants algériens
Dérogation accordée aux dirigeants algériens en 2013 compensée par des avantages accordés par eux-mêmes à la France.
Cela est effectivement possible au risque d’envenimer encore plus les relations franco-algériennes, s’agissant de personnes décisionnaires dans la sphère du pouvoir.
- Un jeu de boomerang Franco-Algérien qui empeste les relations :
La France reproche à l’Algérie d’exploiter, pour des raisons de politique intérieure, l’histoire mémorielle de la colonisation. À son tour, l’Algérie critique la France d’instrumentaliser une algérophobie à des fins de politique intérieure. Elle cherche à minimiser la sympathie envers l’extrême droite, qui compte une importante communauté de Français d’Algérie, de harkis et de leur descendance, ainsi que des familles touchées de près ou de loin pendant la guerre d’Algérie, telles les familles du 1,5 million de soldats qui ont participé à la guerre de l’Indépendance algérienne de 1954 à 1962.
Édito : Massine TACIR, Écrivain Essayiste
Consulter les ouvrages de l’auteur : https://www.dzbiblio.com
Blog : https://www.yakaledire.com
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