L’Amazonie : un modèle de destruction de l’environnement
Jamanxim, située à environ mille kilomètres de Belem, dans l'État du Para, au sud-est du Brésil, est une réserve naturelle protégée et abrite de nombreuses espèces indigènes de plantes amazoniennes. En mai 2017, la chambre des députés du Brésil a approuvé un amendement qui modifie le statut légal de cette forêt d’état. Puis, dans la foulée, un vote du sénat a modifié les limites des zones de protection de l'environnement dans les États de Para et de Santa Catarina.
En 2006, la zone avait été délimitée par un décret présidentiel (le président était alors Luiz Inacio Lula da Silva). Malgré cela, l’ »exploitation » destructrice a continué ses méfaits. Les activités illégales d'exploitation forestière et minière menées par des bandes organisées et violentes et à la non-application de la réglementation environnementale se traduisent par des affrontements fréquents et violents. Selon des données fournies par l'agence fédérale de surveillance environnementale en 2016, 37,7% de la superficie de cette forêt étaient déjà déboisés.
La proposition votée par la Chambre des députés se traduira par la réalisation d’un tronçon de 3 067 km à travers la forêt d’état, et le quart de sa surface totale sera converti en « zone de protection de l'environnement », catégorie dans laquelle le niveau de « protection » est inférieur à celui d'une forêt d’état : par exemple, les terres forestières peuvent être utilisées pour l'agriculture ou l'élevage par des familles qui ont vivaient déjà dans la région avant sa création ou peuvent être utilisées de façon durable à des fins « scientifiques ».
Le but affiché de ce changement de catégorie est d'ouvrir cette zone à une nouvelle ligne de chemin de fer pour faciliter l’exportation du grain de l'état du Mato Grosso qui est enclavé vers le port de Miritituba, dans l'État de Para. Mais en fait, cette voie ferrée n'exige en tout et pour tout que 860 hectares de terres, et le puissant lobby agro-alimentaire brésilien utilise cette réalisation favorable au développement économique comme une opportunité pour régulariser l'occupation illégale des terres par les mafias locales pour cultiver du soja et élever du bétail.
Il faut s’attendre à ce que la modification de classification ait pour effet d’encourager par l’exemplarité de nouvelles opérations d'accaparement des terres et de déforestation dans toutes les réserves naturelles du pays. Déjà, en 2016, le taux de déforestation en Amazonie avait augmenté de 29% par rapport à l'année précédente.
Le président Michel Temer avait promis d'opposer son veto au projet s'il était adopté par le parlement, mais il a revu sa position sous la pression des grands propriétaires de l'Etat du Para. Pour faire bonne mesure, il a même adressé une proposition au Parlement en Juillet pour voter une nouvelle loi visant à déclassifier à nouveau 27 % des terres protégées de la réserve de Jamanxim.
On sait déjà que le principal problème environnemental du Brésil qui rejaillit sur la planète entière est la déforestation illégale. Des sociétés d'exploitation forestière établies dans la région coupent et vendent des milliers de troncs d'arbres protégés et les grands propriétaires terriens continuent à incendier de vastes zones forestières pour en faire de nouvelles terres agricoles. Les sociétés transnationales de l’industrie agro-alimentaire agissent en toute impunité, et le gouvernement brésilien qui encourage et soutient ce processus est complice de la dévastation.
La nouvelle proposition de loi représente un recul des efforts des gouvernements successifs du Brésil jusqu'à la présidence de Dilma Rousseff pour freiner la destruction des ressources naturelles. Selon un rapport publié en 2014 par WWF, le rythme d’utilisation des ressources de la terre est deux fois plus rapide que ses capacités de renouvellement ... Nous n'aurions devant nous que quelques années et non des décennies pour rétablir l'équilibre avant de transformer les systèmes naturels de la planète en cycles irréversibles qui provoqueront des catastrophes.
La cause fondamentale de cette catastrophe environnementale est le choix d’options « faciles » et immédiates de profits sans préoccupation des conséquences qu’elles provoquent. Les effets sont systémiques et concerne non seulement l’ensemble des activités humaines, mais aussi le devenir de la faune et de la flore.
Le Brésil, pays privilégié en termes de ressources naturelles, aurait pu servir d’exemple pour la protection de l’environnement, mais hélas, il constitue aujourd’hui un modèle de catastrophe écologique.
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