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L’Amérique craint-elle d’affronter l’Iran  ?

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En pleine crise régionale et internationale, la question qui s’impose est la suivante  : Les Etats-Unis craignent-ils une confrontation militaire directe avec l’Iran, surtout au stade actuel  ?

Avant de répondre à cette question, nous devons nous pencher sur les motifs qui la sous-tendent. Le plus important est la forte divergence entre les déclarations des responsables américains. Par exemple, le Pentagone a affirmé que les Etats-Unis n’avaient pas trouvé d’ordre direct de l’Iran à ses agents d’attaquer les forces américaines au Moyen-Orient. Le porte-parole du Pentagone, le général de brigade Patrick Ryder, a déclaré aux journalistes  : «  Nous ne pensons pas nécessairement que l’Iran leur ait explicitement donné l’ordre de mener ce type d’attaques ». Lorsqu’on lui a demandé de préciser, Patrick Ryder a dit  : «  Nous n’avons pas vu d’ordre direct, par exemple, de la part du Guide suprême disant  : Allez-y et faites ceci ».

En revanche, le Pentagone, par l’intermédiaire du porte-parole de l’US Air Force, le général Pat Rader, a déclaré que les forces américaines en Irak avaient été attaquées à dix reprises entre le 17 et le 24 octobre, tandis que les forces en Syrie avaient été attaquées à trois reprises au cours de la même période. En conséquence, 20 soldats américains ont été blessés par des frappes de drones sur les bases américaines en Irak et en Syrie. Cela signifie que le Pentagone attend des preuves montrant des ordres clairs et directs de Khamenei pour des attaques contre des Américains. Mais il admet que de nombreuses attaques récentes ont tué des Américains, sans parler des attaques précédentes.

Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a reconnu l’existence de menaces contre les forces américaines au Moyen-Orient. Il a déclaré que ces menaces provenaient des partisans et des alliés de l’Iran dans la région. Il s’attend à ce qu’elles s’intensifient contre Washington. Le coordinateur de la communication stratégique de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré que les États-Unis pensaient que des groupes liés à l’Iran étaient à l’origine de la multiplication des attaques contre des cibles américaines au Moyen-Orient. Il a indiqué que les attaques de missiles et de drones contre des installations américaines en Irak et en Syrie étaient devenues plus fréquentes ces derniers temps. M. Kirby a confirmé que des «  groupes soutenus par l’Iran  » étaient à l’origine de ces attaques. Pour sa part, le Pentagone affirme que toutes les attaques contre les forces américaines portent les empreintes de l’Iran. Mais il n’y a pas de preuves pour l’instant. Je ne sais pas, en tant qu’observateur, quelles preuves les responsables américains recherchent. Mon étonnement ici, franchement, ne vise pas à condamner, mais à essayer de comprendre. L’histoire des Etats-Unis est remplie de guerres et d’opérations militaires contre des cibles spécifiques, parfois sans attendre des preuves confirmées, ou en citant des preuves non documentées. Par conséquent, la position américaine dans cette affaire devient confuse et discutable. Mais l’analyse de la scène permet d’apporter des réponses relativement convaincantes à ces questions. Il est évident que les Etats-Unis n’ont aucun doute sur le fait que ces groupes et milices sont soutenus par l’Iran.

Se référer ici à la déclaration d’un responsable américain à CNN selon laquelle il y a «  des lumières rouges qui clignotent partout ». Les responsables américains affirment qu’à ce stade, il semble que l’Iran encourage les groupes plutôt qu’il ne les dirige explicitement. John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité américain, a déclaré qu’il existait un lien très direct entre ces groupes et les Gardiens de la révolution iraniens. Un autre responsable américain a déclaré  : «  La route mène à l’Iran. L’Iran finance, arme, équipe et entraîne des milices et des forces supplétives dans toute la région ». Malgré ces condamnations, il semble qu’il faille attendre longtemps pour obtenir des preuves. Un autre fonctionnaire américain a expliqué cela en disant que la mesure dans laquelle ces groupes sont prêts à agir indépendamment de l’Iran est une lacune persistante dans le domaine du renseignement. Il a ajouté que l’objectif de l’Iran est de maintenir un certain niveau de dénégation plausible. Cela signifie simplement que les agences de renseignement américaines attendent des preuves qu’elles n’obtiendront pas, qu’elles ne veulent pas obtenir et qu’elles ne recherchent même pas pour l’instant. Après tout, l’existence de preuves signifie qu’il est nécessaire de répondre à la source de la menace confirmée afin de préserver la crédibilité des États-Unis et leur réputation internationale. Il ne fait aucun doute que l’échec des États-Unis à résoudre le problème de l’Ukraine les rend plus prudents dans leurs relations avec l’Iran sur le plan militaire.

L’état de polarisation et la lutte pour l’hégémonie et l’influence mondiale avec la Russie et la Chine ne peuvent tolérer un nouvel échec américain, qui cette fois pourrait être douloureux. C’est pourquoi, malgré tous les efforts et les assurances de soutien à Israël depuis le début de la crise actuelle, le président Joe Biden et les membres de son administration ont adopté des positions marquées par la confusion, le désarroi et les changements de points de vue. Leurs attitudes ont été façonnées par des calculs électoraux et par l’inquiétude extrême que suscite l’implication du Hezbollah dans le conflit actuel.

Biden se cache toujours derrière sa position très hésitante sur le traitement strict de l’Iran. Il est permis de penser que le seul cas qui obligerait la Maison Blanche à s’engager dans une confrontation militaire directe avec l’Iran serait celui où ce dernier interviendrait directement dans le conflit avec Israël. C’est très peu probable car l’Iran ne veut pas d’une telle guerre. Celle-ci pourrait détruire une grande partie de ses capacités militaires. Par conséquent, l’Iran se contente d’affaiblir les capacités de ses adversaires par l’intermédiaire de ses agents.

Les parties iranienne et américaine sont donc engagées dans un jeu dont elles connaissent bien les règles et les lignes rouges. Mais cela n’exclut pas la possibilité d’erreurs stratégiques ou d’appréciations erronées qui conduisent les deux parties à faire ce qu’elles redoutent.


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11 réactions à cet article    


  • Sirius Grincheux 2 novembre 2023 09:57

    «  Les Etats-Unis craignent-ils une confrontation militaire directe avec l’Iran, surtout au stade actuel  ? »

    avez-vous remarqué que depuis quelque temps, les Etats-Unis n’ont plus de confrontation directe avec personne, ils aident les gentils à se défendre contre les méchants : ça rapporte plus de voix

    c’est quand même formidable d’être à l’origine des plus grands conflits sans être impliqué directement et sans subir de dégats sur son propre territoire considéré comme un « sanctuaire »


    • Samy Levrai Samy Levrai 2 novembre 2023 10:02

      Tu vas l’avoir ta guerre tant demandée, petit homme en robe, ne la vois tu pas arriver ?

      Ton tout petit pays mais grosse base américaine sera même au première loge.

       Je trouve aberrent que tes multiples articles de propagande appelant toujours à la destruction de l’Iran et à la haine soit publiés systématiquement.


      • Seth 2 novembre 2023 12:13

        @Samy Levrai

        wiwi mais robe au pas il est « docteur » quand même, excusez du peu !

        Et puis il est arabe sunnite donc les perses chiites ne sont pas ses préférés. C’est pour cela que ses écrits sur ce sujet sont agaçants.


      • Samy Levrai Samy Levrai 2 novembre 2023 13:40

        @Seth
        Il n’a surtout pas plus de souveraineté que nous avec son pays arsenal américain et il croit qu’il est protégé alors qu’il est devenu une cible.
        Ne me dis pas qu’il ne sait pas ce qui se passe en Palestine (sunnite, d’ailleurs on voit l’artificialité des divisions religieuses...) !


      • Samy Levrai Samy Levrai 2 novembre 2023 13:43

        @Seth
        La robe plait souvent aux « pontes ».


      • Sirius Grincheux 3 novembre 2023 07:53

        @Samy Levrai

        et aux puntifs pontifiants, souverains ou pas, mais la robe des chefs est toujours blanche


      • LeMerou 3 novembre 2023 07:13

        @Dr. salem alketbi

        Bonjour

        « l’Amérique craint elle d’affronter l’Iran » ?

        C’est une très bonne question, il y a chez eux comme dans bien d’autres Pays des « va-t-en guerre », hormis le fait que ces derniers ne participent pas physiquement ou très peu, du moins pas sur le terrain, au front. Ils sont là et chez eux presque fanatiques disons le, gonflés de fierté de leur relatif succès lors de leur récentes interventions au Moyen Orient.

        L’envie d’en découdre ! Pourquoi ? avec qui ? Qu’importe, toutefois leur fausse binarité axiale « bien-mal » est toujours très fortement ou uniquement assujettie à leur intérêt économique. substituant un instant le « In god we trust » en « In god we struggle ». Leur sainte Croisade en fait......

        L’Iran n’est pas l’Irak, loin de là, Je suis convaincu, qu’une intervention Américaine en Iran serait perçue dans le monde Arabe, comme presque une « guerre de religion ».

        Je ne parle pas des dirigeants de leur monde, car ils sont désormais affables et asservis à l’argent, mais à leur peuple.

        Après il y a ce que nous savons, ce qui nous est dit, narré médiatiquement et la réalité. Sachant qu’Il y a beaucoup plus de « va-t-en guerre » sur les plateaux médiatiques que dans les états majors.

        Si militairement les U.S sont numériquement supérieur et technologiquement plus avancé, nul doute, que de cible traditionnelle, ils deviennent prioritaire, et que les résultats de leur intervention se porte chez eux, dans leur sanctuaire, de colosse aux pieds d’argile.

        Je pense que cela serait le pas de trop, non pas pour eux, mais pour le monde. Un ancien général avisé avait écrit que la troisième guerre mondiale, ne pouvait débuter qu’au moyen Orient.

        Les braises d’un partage suivi du comportement de l’état d’Israël couvant toujours, alors si en plus il y a une intervention des U.S. cela serait selon moi, la goutte d’eau qui ferait déborder le vase.

        Sans compter que leur suffisance, commence à agacer deux autres grandes puissances, qui tapies dans l’ombre n’attendent que de mettre un terme à l’hégémonie U.S.

        Donc « l’Amérique craint elle d’affronter l’Iran » ? Je répondrais Oui, bien sûr, non pas pour ce qu’ils sont, mais pour ce que cela pourrait provoquer, surtout chez eux, ou pour tous leurs intérêts dans le monde. Mais méfions nous, tout de même, une bonne guerre chez les autres, à des effets positifs sur l’économie, enrichissant encore plus certains. Avant le chute...


        • titi titi 3 novembre 2023 09:47

          @L’auteur

          Ce n’est pas la bonne question.

          La question c’est : pour quels motifs les USA affronteraient ils l’Iran ?

          Le fait que depuis le développement des pétroles non conventionnels, les USA se foutent du moyen orient. Et à fortiori de l’Iran.


          • agent ananas agent ananas 3 novembre 2023 11:22

            Il y a un élément que beaucoup négligent : L’Iran dispose d’un atout stratégique considérable qui est le détroit d’Ormuz.

            Si l’Iran est attaqué, il lui serra facile de bloquer cet étroit détroit par lequel près de 40% des approvisionnements mondiaux d’hydrocarbures transitent.

            Si cela était le cas, alors l’économie mondiale serait détruite, ce que ne veulent certainement pas les maîtres de Wall Street et de la City !


            • raymond 4 novembre 2023 17:10

              @agent ananas
              blocage d’Ormuz, il y a déjà eu le cas dans les années 80 mais sans résultat


            • agent ananas agent ananas 4 novembre 2023 21:25

              @raymond
              Inexact.
              En 1984 durant la guerre Iran-Irak seuls les pétroliers transportant le brut irakien furent empêchés de naviguer étant la proie des missiles iraniens.
              En 1988 il y a eu une bataille navale entre l’Iran et les US (Operation Praying Mantis) qui visait essentiellement les plate-formes de forage iraniennes.
              Mais dans les deux cas le détroit d’Ormuz ne fût pas fermé, l’Iran ayant besoin de commercialiser ses hydrocarbures.
              Aujourd’hui une bonne partie des hydrocarbures iraniennes sont acheminées par pipeline vers le port de Gwadar au Pakistan près de la frontière afin de contourner le détroit d’Ormuz. Bref, seuls l’Arabie Saoudite, l’Irak, le Qatar et les Émirats seront les grands perdants d’un éventuel blocage du détroit.
              Aujourd’hui l’Iran dispose aussi d’un arsenal bien plus sophistiqué qu’il n’avait pendant les années 80.

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