L’Amérique, la source de tous les maux ?
“Les américains ne devraient pas oublier que, de toutes les nations, dans l´histoire du monde, la leur est la plus juste, la plus tolérante, capable de s´autocritiquer et de s´améliorer continuellement. Elle est le meilleur modèle pour le monde.” David Rothkopf, économiste et journaliste, ancien sous-secrétaire d´État dans le gouvernement de Bill Clinton.
Présenter l´Amérique comme un modèle de vertu est vraiment risible. Voilà une nation qui, depuis des décennies, impose au monde son hégémonie économique, idéologique, militaire et monétaire et une politique d´ingérence et d´agression envers les autres peuples ; qui se permet un mode de vie plus dévorateur de recours naturels et plus destructeur de l´environnement que plusieurs centaines de peuples ensemble ; qui exige des autres nations le payement intégral de la facture de son gaspillage et de son égoïsme.
Depuis sa naissance, l´Amérique en s´appuyant politiquement sur des convictions religieuses où le meilleur et le pire de l´être humain se mélangent dans une mixture affligeante de niaiserie et de modernisme clinquant, se targue d´être un phare pour l´humanité et, pourtant, elle ne cessa jamais de se comporter comme une des nations le plus injustes, intolérantes et violentes du monde. Née en plein siècle des lumières, siècle de la connaissance et de toutes les espérances, elle persiste à se régir par un catéchisme où s´inscrivent les pires attaques à la raison, à l´intelligence et à la sagesse. Elle créa le système prédateur par excellence, s´agrandit en s´appropriant le monde et ses peuples par le mensonge, l´hypocrisie, l´exploitation, le racisme, la colonisation, le génocide.
La nation qui se nomme « véritable démocratie » possède tous les ingrédients d´un régime fasciste dans son corps politique : un parlementarisme dominé par des lobbys opportunistes, un présidentialisme à la botte du grand capital, une puissance militaire et policière coercitive, avec de clairs raffinements du totalitarisme et une économie de classe, oppressive et exploratrice. Tandis que partout dans le monde, des peuples avancés ou sous-developpés, se battent contre l´exploitation et l´oppression, les américains acceptent docilement le poids des inégalités et des injustices sociales, les mensonges et l´hypocrisie de ses gouvernants, la légalisation de la torture pour les « ennemis » de l´Amérique, les escroqueries de Wall Street et de la FED. Menacés dans leur intégrité, dans leur individualité, ils finirent par accepter que leurs opinions, projets, vie privée soient passés au crible, recueillis, informatisés et utilisés par des organismes de l´Etat.
Peu d´états, de par le monde, auront sacrifié si fréquemment leur jeunesse dans des guerres et conflits pour sauvegarder les privilèges de leurs puissantes élites. Quand on analyse la liste des faits de guerre des Etats-Unis, les destructions de villes, de territoires et les massacres des populations, commis à des milliers de kilomètres de leur pays, on ne comprend pas pourquoi leurs gouvernants ne furent jamais accusés de crimes contre l´humanité. François Mitterrand, ex-président de la république française, décédé en 1996, en se référant aux États-Unis, lors d'un entretien privé (Courrier International du 13 Avril 2000) dit ceci :"La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre contre les Etats-Unis. Une guerre permanente, économique, une guerre sans morts. [...] Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. Une guerre inconnue, une guerre permanente, sans morts, apparemment, et pourtant une guerre à mort."
Aujourd´hui, détrônée, économiquement, par la Chine, les États-Unis sont aux premières loges de l´hécatombe globale. Paradoxalement, la mondialisation avec ses règles de concurrence féroce se retourna contre son créateur. L´économie américaine ne fonctionne plus que grâce à la planche à billets ! L´industrie, l´âme de son développement économique, grande créatrice de postes de travail et de richesse le long du XXème siècle, fut attaquée, de plein fouet, par les délocalisations des multinationales.
Les symptômes de la maladie américaine effraient : appauvrissement en constante progression avec une impressionnante liste de inégalités, presque aussi dramatiques que celles qui touchent les peuples sous-développés ; excès d´endettement ; déficits incontrôlables ; infrastructures essentielles, autoroutes et établissement scolaires dégradés ; secteurs de l´éducation en chute libre (plus de 40 millions de citoyens ne savent pas lire un journal ni consulter un manuel d´instructions, selon un rapport du Human Developement Project, 2008). L´Amérique est, actuellement, entre toutes les nations riches, celle dont le système de redistribution de la richesse nationale, est le plus inégal. Les récentes statistiques sur les inégalités entre les classes montrent une concentration, sans précédent, de richesse et de revenus au sommet de la pyramide sociale. Pendant les deux mandats de George W. Bush, le fossé entre les classes moyennes et les riches ne cessa de se creuser, ces derniers réussirent à augmenter leur patrimoine en 700 milliards de dollars. 400 oligarques possèdent, ensemble, plus de richesse que les 150 millions de citoyens de la base de la pyramide. Les rémunérations moyennes des dirigeants et cadres supérieurs des 200 plus grandes entreprises chiffrent des valeurs aberrantes. Un cabinet d´études californien, l´Equilar, spécialiste en salaires de PDG d´entreprises de communication, internet, informatique et médias, confirme que ceux-ci touchent des salaires de plusieurs dizaines de millions de dollars
L´enseignement supérieur de haut-niveau n´attire plus les meilleurs cerveaux du monde ; les moyens disponibles pour le financement des activités en I&D perdirent leur efficacité ; la Chine et l´Inde, dans la course à l´innovation technologique, gagnèrent les premières places en quantité et qualité de diplômes supérieurs en science et ingénierie ; le marché global d´une main-d’œuvre qualifiée en services de bureautique, gestion, consulterie diagnostic médical, conception de systèmes informatiques, traduction, est en train de précipiter dans le chômage, une grand partie des universitaires diplômés.
Le secteur bancaire, contrairement aux idées reçues n´aura pas résisté à la progression de grandes banques étrangères. Il n´occupe plus les premiers places du podium mondial. L´industrie de le Défense est l´unique secteur où les États-Unis sauvent la première place mondiale. Mais sortie de deux guerres impopulaires, la puissance militaire américaine est peu crédible. Le budget de la Défense (4,8% de son PIB) représente 45% de la totalité des dépenses militaires globales.
Les classes moyennes de l´Amérique ne peuvent pas grande chose, face au pouvoir des élites politiques et privées. Celles-ci sont en train de programmer, méthodiquement, une véritable razzia sur les richesses de la nation, sans la moindre réaction des citoyens. Par la faute de l´Amérique et de ses politiques économiques et financières – n´oublions pas que ce sont ses gouvernements néolibéraux qui imposèrent la mondialisation – l´occident connait sa plus grande régression économique depuis 1930.
Pour tenter d´arrêter la débâcle du système bancaire américain, suite à la crise des subprimes, les administrations Bush et Obama, au lieu de nationaliser les banques en faillite et de punir les banquiers criminels, préférèrent se mettre sous la houlette de Wall Street. Un des épisodes les plus sordides de cette crise révéla le pouvoir du conglomérat bancaire et financier qui dirige Wall Street. Pour la première fois, dans son histoire, la FED fut soumise à un audit, grâce auquel on découvrit que le gouvernement américain, sous la supervision de cette institution, concéda, entre décembre 2007 et juillet 2010, à des banques et entreprises, américains et étrangers, de la Corée du Sud à l´Écosse, 16 mille milliards de dollars en prêts à des taux d´intérêts ridiculement bas ; cet argent, sorti de la poche des contribuables américains, censé apporter une aide à la reprises de l´économie, en augmentant les prêts aux particuliers et aux PME, fut utilisé par les banquiers pour se rembourser entre eux leurs prêts, acheter des bons du trésor américain et prendre, au passage, une partie substantielle de cette manne en bonus. Ce ne fut pas la première fois, ni, certainement la dernière que le système bancaire américain fut sauvé de justesse grâce à l´argent des contribuables. Mais la démesure de cette intervention de l´État pour sauver ses banques, révéla au monde, la place que la Banque Globale dirigée par Wall Street occupe au sein de l’administration américaine. Pour épargner leurs grosses banques et leurs multinationales de la faillite, Bush et Obama n´hésitèrent à plonger des millions d´américains et d´européens dans le chômage, la pauvreté et la marginalisation.
Encore aujourd´hui, cinq ans après le début de la crise, la Fed sous le prétexte d´aider l´économie américaine, continue d´imprimer des dollars en quantité record. Ben Bernanke, son guru se déclare prêt à faire marcher la planche à billets, infiniment. Son objectif : permettre au gouvernement « d´acheter des quantités illimitées de titres du Trésor », pour résoudre, dans un délai maximum de cinq ans, le problème de la dette colossal des États-Unis. Le plan de Bernanke est ingénieux et Obama peut se sentir tranquille : les américains finiront par croire que l´époque des vaches maigres est finie, et que les occasions de consommer et d´investir, comme avant, sont revenues ! Malheureusement pour le peuple américain, cet argent imprimé profite, dans sa totalité aux grands riches, à tous ceux qui pataugeant dans les eaux peu claires de la politique ou du pouvoir financier. Les milliards de dollars ainsi distribués, presque gratuitement, atterrissent dans les coffres des banques, des paradis fiscaux, abreuvent copieusement les marchés et la spéculation. Même les multinationales américaines profitèrent de l´occasion : rachat de leurs propres actions et fusions-acquisitions au mépris d´une inévitable déconnexion entre les valeurs boursières et l´économie réelle. Pourtant, un jour, la valeur des obligations du Trésor américain s´effondra, obligatoirement. Banques, assurances, fonds de pension, fonds souverains, petits et grands investisseurs se verront infliger des pertes dévastatrices. Ce sera la mort économique, morale, physique de la nation américaine. Mais le crash sera global et nous finirons par pâtir des effets pervers des politiques économiques des États Unis.
À la fin du siècle dernier, quelques hauts responsables américains, étaient convaincus que leur pays atteindrait, au cours du XXIème siècle la puissance totale. Les nouveaux systèmes d´information et de communication représenteraient, disaient-ils, le vrai pouvoir au sein de l´empire global, et la nation américaine, mieux qu´aucune autre, saurait valoriser ses potentialités. Actuellement, les réseaux d´information, de communication et de surveillance spatiale pourront, pendant quelques années encore, offrir aux États-Unis une confortable première place mondiale, mais les nations sont en pleine transformation, d´une manière radicale et à une vitesse étourdissante. Les aspirations des peuples à une vraie démocratie pèseront lourd dans la balance de la tragédie humaine. Ce seront eux qui dicteront les changements, avec ou sans l´Amérique.
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