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Accueil du site > Tribune Libre > L’AMF se moque de nous !

L’AMF se moque de nous !

Nous avions consacré sept articles à l’affaire EADS en 2007 (liste en fin page). A l’époque nous pensions, de manière bien innocente, que l’AMF (Autorité des marchés financiers) avait fait son boulot en se saisissant de ce dossier, dès le début. Nous nous inquiétions quand même, car nous doutions que cette Autorité, aux faits d’armes inexistants, puisse confondre les présumés innocents de l’époque, avec la puissance de leurs relations au plus haut niveau de l’Etat. La réponse nous parvient aujourd’hui, cinglante, tel un boomerang en pleine figure, chargé de mépris démocratique. Ils sont tous innocents déclare l’Autorité des marchés financiers ! L’Autorité que dirige depuis le 15 décembre 2008, l’ancien socialiste, embauché par N. Sarkozy, Jean-Pierre Jouyet !
 
Innocents d’avoir tous vendu, quasiment en même temps, leurs actions, quelques jours après l’information du retard concernant le projet de l’A380.
 
Innocents d’avoir été des dirigeants incapables, bien que somptuairement payés, d’imaginer que le cours de l’action de l’entreprise qu’ils dirigeaient, allait baisser suite à l’annonce du 16 mars 2006 leur signifiant que leur projet phare prenait beaucoup, beaucoup de retard.
 
Innocents de n’avoir pas su que ce retard, une fois mis sur la place publique, allait faire s’effondrer le cours de l’action.
 
Innocents d’avoir empoché des dizaines de millions d’euros, alors que des dizaines de milliers de petits porteurs, eux, innocents et de bonne foi, ont perdu des dizaines de centaines d’euros.
 
En fait, tous ces dirigeants disaient, à quelque chose près, lors de leur interview par la commission parlementaire d’octobre 2007, nous dirigions, mais n’étions au courant de rien. Et, nous rajouterons pour eux : nous n’étions là que pour encaisser notre chèque ou vendre nos stock-options au bon moment, en empochant un bon paquet !
 
De qui se moque-t-on ?
 
Ce type d’affaire est digne d’une république bananière. Pourtant, notre pays est loin, semble-t-il, d’être une telle république ?
 
Tout le monde sait, comment fonctionne la bourse, marché efficient par excellence.
 
 "L’efficience est le fait, pour un marché, d’intégrer immédiatement dans le cours d’une action, toute information portée à sa connaissance (Paul Antony Samuelson, Nobel d’économie 1970)". D’où l’extrême volatilité des cours, voire l’irrationalité de ceux-ci, pour l’agent économique qui ne dispose pas de l’information.
 
Comment nous faire croire qu’un dirigeant, même le plus incapable de la Place de Paris ou d’ailleurs, puisse ne pas savoir que la mésaventure que subit son entreprise va faire chuter son cours.
 
C’est pourtant ce que l’AMF a décidé de croire et, de nous faire croire !
 
Comment une telle Autorité, dépendant du pouvoir politique, peut oser donner un tel exemple d’impunité suite à un délit d’initié apparemment si flagrant aux yeux de millions de citoyens et citoyennes ?
 
Comment l’Etat, c’est-à-dire N. Sarkozy, peut-il laisser cette Autorité se fourvoyer si honteusement ? 
 
Pour information, nous rappelons ici, à N. Sarkozy, ses paroles du 8 octobre 2007 : "S’il y a des gens qui ont fraudé chez EADS, il faut que la justice aille jusqu’au bout. Que l’on connaisse la vérité et que ceux qui se sont comportés de façon malhonnête soient punis à due proportion de ce qu’ils ont fait. Il ne peut pas y avoir une règle en bas et une règle différente en haut. Et, j’irai jusqu’au bout de l’enquête pour savoir quelles ont été les responsabilités de l’Etat à ce moment-là".
 
L’Etat doit aussi se soucier de l’impact d’une telle affaire, sur toutes celles et tous ceux, notamment jeunes, qui aujourd’hui recherchent en permanente des repères stables et irréprochables dans notre société ? Quels exemples ont-ils, si chaque semaine des délinquants de haut vol, costume cravate, apportent de l’eau toujours plus fraîche, quoique nauséabonde, au moulin de la petite délinquance.
 
Comment la décision de l’AMF ne peut-elle pas exacerber le fait qui domine chez beaucoup d’entre nous, qu’il a une justice pour les puissants proches du pouvoir et une justice pour les autres.
 
A ce stade, nous ne pouvons pas, ne pas citer un exemple italien, parmi d’autres, où le dirigeant d’un nombre incalculable de sociétés, en l’espèce S. Berlusconi, accessoirement aussi président du Conseil, reconnaît devant toutes les chaînes de télévision : "être l’objet de 2 500 procédures judiciaires et être pourtant toujours en place, après avoir dépensé 200 millions d’euros, pour les contrecarrer".
 
Notre pays, n’est tout de même pas devenu l’Italie ?
 
Qu’on nous rassure ! Peut-être prochainement, sachant que le dossier de l’affaire EADS poursuit quand même son chemin judiciaire, celui de la vraie justice.
 
Nous pouvons alors encore espérer que les éventuels responsables, de délits d’initiés colossaux, puissent demain être déclarés coupables et punis, selon l’article L 465-1 du Code des marchés financiers !
 
 
 
 
 crédit photo : Coex / AFP
 

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13 réactions à cet article    


  • BA 19 décembre 2009 12:08

    Le patron de l’AMF s’appelle Jean-Pierre Jouyet. Jean-Pierre Jouyet est membre du Parti Socialiste. Sarkozy l’avait nommé ministre des Affaires Européennes en mai 2007. Voici quelques-uns des participants au Groupe de Bilderberg pour l’année 2008 (réunion à Chantilly, près de Washington, du 5 juin au 8 juin 2008).

    Nous retrouvons notre ami Jean-Pierre Jouyet, qui a participé au Groupe de Bilderberg 2008 :

    Vous allez avoir des surprises en lisant cette liste :

    Alexander Keith B. Directeur de la NSA (« National Security Agency »)

    Almunia Joaquín, un des 27 commissaires de la Commission Européenne

    Baverez, Nicolas, essayiste, journaliste, chroniqueur de l’hebdomadaire «  Le Point  »

    Bernanke, Ben S, patron de la Banque centrale des USA

    De Castries, Henri, patron des assurances AXA

    Collomb, Bertrand, patron des Ciments Lafarge

    Fischer, Joschka, ancien ministre allemand des Affaires Etrangères

    Holbrooke, Richard

    Hoop Scheffer, Jaap G. de, secrétaire général de l’OTAN

    Jouyet, Jean-Pierre, ministre français des Affaires Européennes

    Kissinger, Henry

    Kroes, Neelie, une des 27 commissaires de la Commission Européenne

    Mandelson, Peter, un des 27 commissaires de la Commission Européenne

    Margerie, Christophe, patron de Total

    McCreevy, Charlie, un des 27 commissaires de la Commission Européenne

    Montbrial, Thierry de, patron de l’IFRIS (Institut Français des Relations Internationales et Stratégiques)

    Ockrent, Christine, épouse de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires Etrangères

    Perle, Richard

    Pérol, François, secrétaire général adjoint de l’Elysée

    Rice, Condoleezza, ministre étatsunienne des Affaires Etrangères

    Rockefeller, David, Chase Manhattan Bank

    Trichet, Jean-Claude, patron de la Banque Centrale Européenne

    Valls, Manuel, député membre du Parti Socialiste

    Védrine, Hubert, ancien ministre des Affaires Etrangères

    Wolfowitz, Paul

     

    http://911nwo.info/2008/06/06/pour-france-5-la-chaine-du-savoir-et-ses-experts-voici-la-liste-des-participants-au-bilderberg-2008/

     

    Jean-Pierre Jouyet, Christine Ockrent, Manuel Valls, Hubert Védrine : le Parti Socialiste était très bien représenté au Bilderberg 2008.


    • Echec et mat 19 décembre 2009 14:36

      .....
      Wolfowitz, Paul : ancien patron de la CIA, 10ème président de la banque mondiale...

      C’est beau tout ça .....


    • iwjcg iwjcg 19 décembre 2009 13:41

      Ce qui est choquant pour moi , c’est que contrairement a ce qui est dit tout le monde pouvait connaitre les retards de l’A380 dans la presse aeronautique . Ces gens la sont des escrocs ,des menteurs et des incapables c’est le constat que tout citoyen peut faire .... iw-linux


      • alberto alberto 19 décembre 2009 14:15

        Cette décision de l’AMF est d’autant plus scandaleuse qu’elle est contraire aux conclusions présentées par le rapport d’enquête qu’elle avait elle même diligenté, ainsi que l’a relevé la revue économique « Challenges » qui est loin d’être une publication dangereusement subversive.

        L’AMF a préféré faire passer les « bénéficiaires » pour des incompétents plutôt que pour des malhonnêtes : mais s’ils sont si incompétents il fallait et faut les foutre à la porte et embaucher des dirigeants capables, à défaut d’être honnête ! 

        "Ce type d’affaire est digne d’une république bananière. Pourtant, notre pays est loin, semble-t-il, d’être une telle république ?" Ecrivez vous : pas si loin, semble-t-il et tout cas s’en rapproche rapidement et dangereusement !

        Bien à vous.


        • snoopy86 19 décembre 2009 17:36

          Pendant longtemps l’observateur averti pouvait trouver sur le site de l’AMF nombre de déclarations obligatoires d’opérations sur titres, comme celle-ci :

          http://www.amf-france.org/DocDoif/cpf/2006/2006-02909001.PDF

          bien évidemment suivie de celle-ci

          http://www.amf-france.org/DocDoif/cpf/2006/2006-02939601.PDF

          Un peu plus d’1 million € sans risques en une semaine !!!

          Curieusement la possibilité de suivre ces transactions a été supprimée en juillet 2007


          • W.Best fonzibrain 19 décembre 2009 18:25

            corruption généralisée, vivement le grand soir

            qu’on rigole un peu


            • Marianne Marianne 19 décembre 2009 21:18

              En tièrement d’accord. Voir mon article :
              http://www.mediapart.fr/club/blog/marie-anne-kraft/181209/le-delit-dinitie-selon-lamf

              Le gendarme de la Bourse de Paris a estimé que les dix-sept personnes soupçonnées, et qui s’étaient toujours déclarées innocentes, n’avaient pas utilisé d’information privilégiée pour s’enrichir indûment.

              Concernant l’affaire EADS, on peut sérieusement se demander si l’AMF joue sur les mots ! ...
              En effet, ils ne se sont pas enrichi indûment lors de la vente d’actions puisque n’ont fait qu’éviter de subir une perte future !

              Est-ce que les membres dirigeants (Présidence, Direction Générale et directions exécutive ou opérationnelles) d’un établissement coté ne sont pas de fait des « initiés permanents », qui ne devraient pouvoir exercer leurs options et vendre leurs actions dans l’entreprise qu’au lendemain d’annonces ou de la parution des résultats du groupe ?

              Les dirigeants d’EADS étaient les 1ers à savoir que la construction de l’avion avait « du plomb dans l’aile » et que l’annonce d’un retard ferait baissé le cours de bourse. Mais l’AMF juge que ces dirigeants n’ont pas utilisé « d’information privilégiée » pour s’enrichir indûment.

              Doit-on comprendre que 2 ou 3 mois avant l’annonce officielle du retard en juin 2006, lors de la vente massive de leurs actions, ils ne savaient pas encore la mauvaise nouvelle ? Ce serait quand même étrange pour des dirigeants de ne pas être informés progressivement sur les problèmes de leur propre entreprise ....

              Ou qu’ils savaient mais n’ont pas utilisé cette information dans l’intention de vendre les titres, car ils avaient une autre bonne raison de vendre et comme par hasard, cela tombait bien ... ?

              Ou que l’on juge que l’utilisation de cette information privilégiée n’est pas considérée comme un enrichissement indû, mais de l’ordre normal des choses dans ce système de stock option. Après tout, le système même des stock-options utilisé pour rémunérer des dirigeants, alors qu’ils sont au 1ères loges pour avoir les informations sur les événements qui vont influencer le titre, est de fait un quittus pour leur permettre des opérations d’initiés. Autrement il fallait les contraindre à n’exercer ces options qu’au lendemain de la publication des résultats ou des annonces officielles.

              CQFD


              • curieux curieux 19 décembre 2009 23:44

                Ne pas oublier non plus DSK qui, même s’il n’appartient pas au groupe, a été placé par les américains.
                Une anecdote qui date d’aujourd’hui :
                Sue l’excellent Marianne de cette semaine que je n’achète plus, un gros titre :
                Les plus grands mensonges de l’histoire :
                Le mensonge de Bush et Blair sur les ADM en Irak

                Mais, rien, absolument rien sur le 11/9

                En conséquence, sur ma lettre au père Noël, j’ai écrit :
                Fait que cet hebdo coule et vite. Le Figaro, le Point sont suffisamment pourris et sont largement suffisants pour nous donner des informations pareilles


              • cyaxarte 20 décembre 2009 12:15

                Vous avez eu plus de chance que moi pour la publication de votre article. J’en avais proposé un sur le même sujet sur AV mais qui a été censuré. Je me permets d’ajouter une information qui sera, je l’espère, appréciée. Parmi les 17 dirigeants qui restent en cause, mais sachant que l’AMF avait initialement mis en cause 1200 cadres d’EADS (faire le parallèle avec « too big to fail »), il figure le nom de Jussi Itävuori, finlandais et DRH du groupe, qui a récupéré la deuxième somme dans cette affaire en vendant ses stocks-options. Et en plus ce monsieur s’est permis d’écrire le code d’éthique du groupe EADS !

                Sans plus de commentaires.


                • BA 20 décembre 2009 16:01

                  Je recopie l’article concernant la FDIC dans Wikipedia :

                  « Le Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) est une agence fédérale américaine dont la principale responsabilité est de garantir les dépôts bancaires faits aux États-Unis, jusqu’à concurrence de 200 000 dollars en 2009. »

                  Quand une banque fait faillite, la FDIC rembourse à chaque client le montant de ses dépôts.

                  Problème : aux Etats-Unis, les banques sont de plus en plus nombreuses à faire faillite.

                  Conséquence : la FDIC a voté un budget 2010 en augmentation de 55 % par rapport à 2009.

                  La FDIC se prépare à subir une année 2010 encore plus catastrophique concernant le nombre de banques en faillite.

                  La FDIC a même prévu d’embaucher 1 643 collaborateurs supplémentaires en 2010.

                  En clair : la FDIC se prépare d’ores et déjà à la deuxième crise financière.



                  « Le nouveau budget garantit que nous soyons bien préparés pour traiter un nombre encore supérieur de fermetures bancaires l’année prochaine, si cela devait être nécessaire, et de fournir un suivi pour un nombre accru d’institutions en difficulté. »

                  « Le budget opérationnel va s’accroître de plus de 1,4 milliards (55 %) par rapport à 2009, principalement en raison du cycle de faillites bancaires. »

                  « Le comité a également approuvé l’accroissement du nombre de collaborateurs en 2010 qui atteindront le chiffre de 8 653 à la place des 7 010 que comptait la FDIC en 2009. La quasi totalité de ces employés seront embauchés sur une base temporaire. Ils seront engagés principalement pour aider à la fermeture de banques ; d’assurer le suivi relatif à la gestion et à la vente des actifs des banques fermées ».

                  http://faillitesbancairesusa.over-blog.com/article-suivi-hebdomadaire-des-faillites-semaine-du-vendredi-18-decembre-2009-41467347.html


                  • bob 20 décembre 2009 20:10

                    Bonjour,

                    L’AMF n’a toujours été là que pour donner un grand coup de marteau sur les entreprises faibles suspectées de malversation. Les grosses sont systématiquement épargnées ( sans jeux de mots) par l’Autorité des Marché Financiers. Il fut un temps jadis ou trouver des délits d’inités en son sein n’était même pas surprenant.
                    Cet organisme est caractéristique du manque de contrôle de l’état sur les marchés financiers. Ce même état, pour lequel les citoyens abdiquent leur droit à la violence pour un consensus selon lequel une structure leur assurera leur sécurité, se retrouve à privilégier les bandits et ce en défaveur des simples investisseurs pourtant si souvent appelés.


                    • SergeC 28 décembre 2009 10:57

                      on a touché le fond avec l’AMF là, en plus à qui profite cette histoire montée de toutes pièces ? pas à Jean paul Gut qui est un mec compétent, ou encore aux autres petits dirigeants accusés à tort qui ont perdu leur boulot, mais bien aux amerlocs qui se frotte les mains d’un tel bide ! du pain béni pour big brother j’vous dit !
                      flop qui pue


                      • Zataichi 17 janvier 2010 00:24

                        Délit d’initié, comment résister...
                        Zataichi

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