L’amour est-il dans le pré ?...
Suite à une conversation, bercée par quelques effluves de champagne au Cuba Compagnie à Bastille, avec mon détracteur de blog préféré : monsieur Consensus, je me suis engagée à écrire un article sur le thème : « L’amour est dans le pré ».
J’adore.
Alors je me lance ! Hop, c’est parti !...
Tout comme des millions de voyeurs, plus ou moins assumés, j’ai dû négocier à plusieurs reprises avec mon cher et tendre, à coup de : « je te promets la nuit la plus torride de ta vie si tu regardes cette émission avec moi », afin de pouvoir m’affaler dans le canapé avec une tablette de chocolat dans chaque main et des regards un poil coupables devant sa mine atterrée.
Il faut savoir donner de soi-même pour les choses importantes !
Le tout en essayant de lui expliquer avec une mauvaise foi inégalable, que ce genre de concept est en quelque sorte le thermomètre de notre société, à mettre dans le même sac que Voici ou X Factor, un petit laboratoire dans lequel on peut observer un échantillon du malaise national dans un but purement éducatif…. Même moi je me suis sentie ridicule en exposant cette théorie, mais comme il m’aime, il n’a pas cherché à argumenter, ni à se moquer lorsque je me suis pavanée devant les jolies prises de vue montrant des vaches et des biquettes sous le coucher du soleil. Quand je vous dis qu’il est exceptionnel ! Il a quand même su exprimer ses limites lorsque je l’ai regardé avec un air super concerné et que je lui ai demandé : « Nina, tu crois qu’elle l’aime vraiment ce type ?...Parce que venir traire les vaches en minijupe, c’est pas trop prometteur pour le reste de leur vie commune à la ferme, non ? Chéri ? Tu dors ?... ». Il a sûrement préféré suivre le soleil couchant plutôt que mes commentaires à coucher dehors. Je ne peux pas le blâmer…ni le meugler, ni le beugler d’ailleurs…
Mais lorsqu’on y réfléchit, qu’est-ce qui fait réellement le succès de cette télé réalité ? Pourquoi prend-on tellement de plaisir à observer des parfaits inconnus se retrouver dans des situations humiliantes dans quelques champs paumés des quatre coins de la France ? Comment peut-on glousser de plaisir en voyant des fermiers amourachés d’une parisienne excentrique, alors que cette dernière n’a pour but que de soumettre ses attributs aux enchères de l’audimat ? Et, finalement, pourquoi est-il nécessaire d’accompagner systématiquement ce visionnage régressif par des aliments hyper caloriques ?
Peut-être parce que nous préférons vivre nos échecs par procuration, en attendant du petit écran de nous montrer des petites vies qui, comparaient à la notre, semblent risibles. Peut-être parce que nous sommes foncièrement sadiques et qu’à défaut d’avoir des positions sociales qui nous permettent de nous moquer de quelques sous-fifres, nous avons opté pour en recevoir l'élite directement dans notre salon ? Peut-être qu’à force de nous gaver de merde à la télé, nous en sommes devenus dépendants ? Peut-être que plus personne ne croit véritablement en l’amour et que ce dernier est devenu Le sujet comique par excellence du français moyen qui s’emmerde dans son couple et prend son cas pour une généralité. Ou alors peut-être est-il plus reposant de regarder ce genre d’émission que les airs faussement sympathiques et neutres d’une Ferrari annonçant les nouvelles catastrophes du jour.
L’amour n’est peut-être pas dans le pré, mais il n’est sûrement pas non plus sur nos écrans, ni sur Meetic, ni dans les bars de la rue de Lappe, ni dans le Sexodrome de la place de Clichy, ni dans les débats politiques, ni chez les cadres de nos entreprises, ni dans notre couple présidentiel, ni dans la piscine avec Edouard et Loana, ni dans les petites annonces du Parisien, ni dans les clubs de vacances pour célibataires, ni juste au coin de la rue comme on nous l’avait promis et encore moins autour d’une table de réunion d’Endemol.
Alors, oui, on peut rire de tout, se moquer méchamment des malheureux candidats qui sont prêts à piétiner leur orgueil à coups de bottes en caoutchouc pour rencontrer l'âme sœur, mais il ne faut pas oublier que les dindons de la farce, dans ce cas-là, ce ne sont pas ceux qui agissent mais bien ceux qui regardent.
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