L’anatomie et la démocratie
L’anatomie et la démocratie.
M. Griveaux vient une fois encore de servir de cas pratique pour une leçon sur la démocratie. Leçon donnée par la totalité de la classe politique nécessairement intéressée par le sujet. Leçon martelée en boucle pour l’éducation des citoyens-électeurs, avec des formules martiales et bien tournées, par les journalistes salariés des médias, dont les propriétaires ont leurs sympathies.
Une première fois, des manifestants, aux commandes d’un transpalette, démolissent la porte du ministère qui avait été confié à M. Griveaux : c’est la République qui était mise à mal !
Et voici maintenant que les internautes peuvent visionner une photo d’une partie de l’anatomie du même. Et c’est la démocratie qui est en danger !
Certes, le fait que des as de l’informatique arrivent à pénétrer les messageries et à pirater les ordinateurs, pose de très graves problèmes. Plus aux entreprises et aux citoyens qu’aux politiques es-qualité.
Mais ce problème d’une nature spécifique n’a en réalité aucun rapport avec la démocratie (v. la définition).
Sauf, si les politiques en prennent prétexte pour restreindre par la loi et à leur avantage, les possibilités de diffuser une information qui embarrasse tel puissant ou une autre qui déplait aux gouvernants du moment.
La solution est de toute évidence technique. Paul Bismuth pourrait être consulté, qui avait trouvé la parade à des écoutes téléphoniques en utilisant un matériel adéquat.
Les citoyens votent comme ils le veulent : ils peuvent faire le choix de voter pour un repris de justice redevenu éligible, pour une personne atteinte d’un mal pouvant altérer ses facultés intellectuelles, pour une personne dont le CV fait douter qu’elle ait les connaissances nécessaires à l’exécution de sa mission, pour un individu qui est programmé pour leur raboter leurs droits, ou pour un autre dont le comportement passé fait redouter qu’il ne puisse aucunement être fiable ou être respecté tant au dedans qu’au dehors.
Mais la démocratie (gouvernement « du » peuple, « par » le peuple, « pour » le peuple) ne peut fonctionner que si les citoyens sont, avant le vote, informés des faits pouvant expliquer la candidature et annoncer les décisions.
Sous un certain rapport, les mésaventures de M. Griveaux sont rassurantes pour la démocratie.
1/ Le retrait d’une compétition électorale de notre photographié, révèle le fait qu’il existe encore dans le pays le sentiment que les personnes ayant une charge publique se doivent de respecter certains principes. Notamment de dignité (qui n’a pas de lien obligé avec telle « morale » particulière, actuelle ou passée de mode) (*). Et que les manquements peuvent encore être assortis de sanctions sur le plan électoral, donc dans le domaine clé de la démocratie.
2/ Le fait que les réseaux sociaux peuvent servir, et servent de plus en plus, de support à des informations concurrençant la distribution d’une information dominante (qui peut être en réalité plus partiale ou mensongère que celle fabriquée le cas échéant par d’autres manipulateurs et diffusée par ces derniers sur les réseaux sociaux) donne à la démocratie l’espoir qu’elle va pouvoir (à nouveau) fonctionner sans être dépendante de la mise en œuvre de fonds considérables.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités
(*) Dans certains pays, l’espace de « dignité » peut être largement plus vaste qu’en France : v. sur internet les articles et les reportages sur l’éthique observée par le personnel politique en Suède.
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