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#9 des Tendances

« L’ange blond d’Auschwitz » : Irma Grese, le visage féminin de l’horreur

Il y a 80 ans, le 27 janvier 1945, les portes de l'enfer d'Auschwitz-Birkenau étaient ouvertes par l'Armée rouge, libérant ainsi les derniers survivants de l'horreur nazie. Parmi les bourreaux qui ont hanté les cauchemars des prisonniers, un nom résonne avec une cruauté particulière : Irma Grese. Jeune femme à l'allure angélique, elle cachait derrière son visage juvénile une âme glaciale capable des pires atrocités. 

JPEG

 

Une enfance trouble : les racines du mal ?

Née en 1923 dans une famille modeste d'Allemagne du Nord, Irma Grese grandit dans un climat familial difficile. Son père, alcoolique et violent, terrorise le foyer. Sa mère, épuisée par les grossesses et les difficultés de la vie, se suicide alors qu'Irma n'a que 13 ans. Cet événement tragique marque profondément la jeune fille et certains psychologues y voient une explication possible à sa future violence.

Privée d'affection maternelle, Irma quitte l'école prématurément et enchaîne les petits boulots. Elle travaille comme aide-soignante dans un sanatorium SS, une expérience qui la confronte à la souffrance et à la mort. À cette époque, l'idéologie nazie imprègne la société allemande et Irma, en quête de reconnaissance et de repères, se laisse séduire par les promesses de grandeur du régime.

 

This photo of the attractive Irma Grese is believed to have been taken in 1940, when she was 17 or 18.

 

À seulement 19 ans, elle rejoint les rangs des Aufseherinnen, les gardiennes SS des camps de concentration. Affectée au camp de concentration de Ravensbrück, elle y apprend les rudiments de la surveillance et de la répression. Ambitieuse et sans scrupules, elle gravit rapidement les échelons et se distingue par sa brutalité et sa cruauté envers les détenues.

 

Auschwitz-Birkenau : l'enfer sur terre

 

En 1943, Irma Grese est mutée à Auschwitz-Birkenau, le plus grand complexe concentrationnaire et d'extermination nazi située en Pologne occupée. Elle y officie comme surveillante-chef ("Oberaufseherin") du camp des femmes, un poste qui lui confère un pouvoir absolu sur la vie et la mort des milliers de déportées.

 

SS en excursion

 

Témoins de l'époque, les survivantes d'Auschwitz décrivent Irma Grese comme une femme sadique, cruelle et perverse prenant un plaisir malsain à infliger des souffrances. Surnommée la "hyène d'Auschwitz" ou "la belle bête", elle se promène souvent dans le camp, fouet à la main, accompagnée de ses chiens dressés à attaquer les détenues, souvent jusqu'à la mort.

Ses sévices sont innombrables : coups de bottes, passages à tabac, séléctions arbitraires pour les chambres à gaz, humiliations publiques... Elle s'acharne particulièrement sur les femmes enceintes, les enfants et les malades, les privant de nourriture et de soins.

 

Une cruauté sans limites

 

La cruauté d'Irma Grese ne se limite pas à la violence physique. Elle use de la manipulation psychologique pour briser la résistance des détenues, jouant avec leurs espoirs et leurs peurs. Elle promet des privilèges en échange de dénonciations ou d'actes de soumission, créant un climat de suspicion et de terreur au sein du camp.

 

Irma’s victims: Hungarian Jews, most of whose heads have recently been shaved, march through Auschwitz-Birkenau, June 1944. Most would die in the gas chambers.

 

Certains témoignages évoquent également des actes de sadisme sexuel, Irma Grese se livrant à des attouchements et des viols sur des prisonnières. D'autres la décrivent comme une nymphomane, entretenant des relations avec des SS et profitant de sa position pour assouvir ses désirs, y compris les plus pervers.

 

Ingen tilgængelig billedbeskrivelse.

 

Au-delà de la perversité individuelle, le cas d'Irma Grese soulève la question de la banalité du mal. Comment une jeune femme, apparemment normale, a-t-elle pu se transformer en un monstre sanguinaire ? L'endoctrinement nazi, l'atmosphère de violence du camp et la quête de pouvoir ont sans doute joué un rôle déterminant dans sa dérive.

 

Le procès et la condamnation

 

En janvier 1945, face à l'avancée de l'Armée rouge en Pologne, Irma Grese est évacuée vers le camp de Ravensbrück, où elle avait été formée. En mars 1945, elle est mutée à Bergen-Belsen, où elle est surnommée la "bête de Belsen". Elle y poursuit ses activités criminelles, avec autant de férocité qu'auparavant, jusqu'à la libération du camp par les troupes britanniques le 15 avril. Arrêtée et jugée lors du procès de Belsen, elle est reconnue coupable de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

 

Irma Grese - La Segunda Guerra Mundial

 

Malgré son jeune âge, Irma Grese ne manifeste aucun remords lors de son procès. Elle nie les accusations portées contre elle et se présente comme une simple exécutante des ordres, une fonctionnaire ordinaire. Son attitude froide et arrogante choque l'opinion publique et renforce l'image de "monstre" qui lui est associée.

Condamnée à mort par pendaison, Irma Grese est exécutée le 13 décembre 1945 à la prison allemande de Hamelin. Les militaires britanniques présents lors de l'exécution de la sentence ont été choqués de voir que son visage ne manifestait aucune émotion face au sort funeste qui l'attendait. Âgée de seulement 22 ans, elle est l'une des plus jeunes criminelles de guerre à avoir été pendue. Son exécution marque la fin d'un chapitre sombre de l'histoire de la Shoah, mais le souvenir de ses nombreux crimes atroces continue de hanter la mémoire collective.

 


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13 réactions à cet article    


  • confiture 21 janvier 11:02

    Les photos sont garanties ? j’ai de gros doutes pour plusieurs d’entre elles


    • @confiture

      Oui, les photos sont authentiques. Elles proviennent de sources sérieuses et souvent d’archives publiques. Il n’y a qu’une seule photo qui me pose problème : la dernière, bien qu’elle soit authentique et connue depuis longtemps, 

      Quelles sont les photos sur lesquelles vous avez un doute ? 


    • confiture 21 janvier 11:13

      @Giuseppe di Bella di Santa Sofia
      sur la première et la dernière, sur la dernière elle a une grosse poitrine que l’on ne peut voir sur les autres d’autre part son uniforme n’existe pas


    • @confiture

      La première photo est connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle a été exposée au public en 1948. Son authenticité ne fait aucun doute. Sur la photo originale entière, elle pose avec Maria Mandel, une autre gardienne SS connue pour sa cruauté et également condamnée à mort. Elle est référencée sur « flicrk ».

      La dernière photo, celle qui me pose problème car elle a une très grosse poitrine, elle est également authentique. Elle a été prise par l’armée britannique lors de son exécution à la prison de Hameln. Il en existe d’autres qui ont été prises sous un angle différent. Le bourreau était le célèbre Albert Pierrepoint, exécuteur officiel du Royaume-Uni. 


    • Maître Yoda Maître Yoda 21 janvier 13:07

      Tout cela pose des questions sur la notion de contrôl mental. Cela fait penser aux expériences de Milgram ; d’ailleurs Stanley Milgram a défendu Hannah Arendt sur sa notion de « banalité du mal ». 

      Aujourd’hui, beaucoup de gens défendent l’anti-poutinisme primaire qui fait serieusément

      pencher la balance vers la 3e guerre mondiale. Je me demande si, quelque part, ils ne seraient pas soumis à un contrôl mental tout-à-fait comparable à ce que ces serviteurs du nazisme ont expérimenté.

      Exécuter quelqu’un parce qu’il manque de recul sur lui—même, c’est peut-être improductif.


      • @Maître Yoda

        Oui, vous avez raison. Comment une jeune fille de 19 ans, plutôt séduisante et à l’allure angélique, a-t-elle pu commettre de tels crimes ? Je pense souvent à Hannah Arendt sur sa notion de « banalité du mal ». Mais je suis persuadé qu’il existe d’autres facteurs psychologiques bien plus complexes. Je n’arrive pas à avoir une réponse rationnelle et satisfaisante sur ette « banalité du mal ».

        Par contre, on peut avoir de bonnes raisons de ne pas aimer Poutine, en particulier en matière d’atteintes aux droits de l’homme. C’est mon cas et je ne m’en cache pas. Par contre, cela ne va pas jusqu’à une haine viscérale. Je ne déteste pas l’homme mais je n’aime pas ses idées conservatrices.

        Irma Grese est entrée chez les SS à 19 ans. Elle manquait de maturité, c’est certain. Je pense que quelqjes dizaines d’années en prison aurait été suffisant. Je ne suis pas objectif car je suis abolitionniste, quelque soit la monstruosité du ou des crimes commis.


      • Maître Yoda Maître Yoda 21 janvier 13:32

        @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

        « Je ne déteste pas l’homme mais je n’aime pas ses idées conservatrices. »

        Ce que vous appellez « idées conservatrices » ne veut dire que « nécessité d’un pays qui peut lutter pour sa survie ». L’UE, l’Europe ont l’habitude de vivre sous le parapluie américain et finissent par être des pays assoupies, qui ne vivent qu’à travers des valeurs de liberté et de pseudo-fraternité, mais qui perd totalement pied sur des questions reliés à la survie.

      • Maître Yoda Maître Yoda 21 janvier 13:41

        Désolé pour mon orthographe approximatif.


      • @Maître Yoda

        Non, ce n’est pas cela. Il y a de graves atteintes aux droits de l’homme en Russie, il ne faut pas se voiler la face : liberté d’expression bafouée, totalité des médias aux ordres du régime autoritaire russe, système politique totalement corrompu, chasse aux homosexuels, exécutions d’opposants politiques, etc. Sans oublier la soumission de Poutine à l’islamisme. En embrassant un Coran, il a renié sa foi chrétienne. Et dire que les poutinistes ont encore le culot d’affirmer, toute honte bue, que la France est une dictature... 


      • Maître Yoda Maître Yoda 21 janvier 13:53

        @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

        Bon, idées conservatrices ne veut pas dire dictature. 
        Personnellement, je ne connais pas bien le régime de Poutine et je pense qu’il a beaucoup de vrai dans « notre » critique. 
        Mais empêcher la diffusion d’RT par exemple, qui permettait de se faire une autre idée de l’actualité, est tout-à-fait contre-productif. Ce n’est que quand on est en guerre qu’on prend des décisions de cette nature. 
        Enfin, je n’aime pas beaucoup l’eurocentrisme ; la Russie est un pays qui sort de presque 1 siècle de communisme, que vous n’appréciez pas je crois, il est donc normal que la transition peut nous paraître très longue. 


      • @Maître Yoda

        Il faut être claire : certains pays, c’est le cas de la Russie, ne peuvent pas mettre en place une démocratie à l’occidentale. Le culte du chef est un élément important en Russie, comme c’est le cas dans de nombreux pays du monde. 

        Je ne regarde plus la télévision depus 8 ans. Mais, effectivement, je suis opposé à toute censure, tant que la liberté d’expression ne franchit pas les limites fixées par la loi. C’est le cas, en France, de C8 qui va disparaître à cause d’une décision tout à fait arbitraire de l’ARCOM. J’ai signé la pétition contre la fermeture de C8, à la fin du mois de février prochain. Je pense qu’il faut une pluralité des opinions et également du traitement de l’information. 

        A vrai dire, je ne suis pas enthousiaste par la tournure que prend l’Union européenne. Au début, justre après la Seconde Guerre mondiale, les intentions de renforcement de la coopération des pays européens était noble. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a trop de bureaucratie et de lois inutiles ou même néfastes pour les Européens. 

        Effectivement, je n’apprécie pas les régimes communistes, pour des raisons personnelles liées à l’histoire de ma famille mais également pour les millions de morts dont ils sont responsables. Je n’apprécie pas plus les régimes fascistes.


      • juluch juluch 21 janvier 14:07

        je connaissais ce « spécimen » pour avoir lu sur elle et il y en a eu bien d’autres qui ont également étaient pendues.

        les photos je ne suis pas sur, il y a pas mal de différences.


        • @juluch

          Oui, il y a eu de nombreuses femmes gardiennes SS qui ont été pendues après la Seconde Guerre mondiale. Mais le cas d’Irma Grese est le plus emblématique, étant donné son très jeune âge. Contrairement aux autres, elle était plutôt séduisante et avait vraiment un visage d’ange. C’est mon avis. 

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