« L’ange de la mort d’Auschwitz » : Josef Mengele, le médecin qui sema l’horreur
Il y a 80 ans, le 27 janvier 1945, les portes d'Auschwitz-Birkenau s'ouvraient, libérant les rares survivants de l'enfer nazi. Parmi les bourreaux qui hantèrent ce lieu cauchemardesque, un nom reste gravé dans les mémoires, synonyme de terreur et d’horreur : Josef Mengele. "L'ange de la mort", comme on le surnommait, était un médecin SS qui profana le serment d'Hippocrate en se livrant à des expérimentations médicales d'une cruauté inouïe. Ses victimes, souvent des enfants, furent martyrisées au nom d'une science dévoyée, instrumentalisée par l'idéologie nazie.
Des bancs de l'université aux portes de l'enfer : les débuts de Mengele
Né en 1911 en Bavière, Josef Mengele grandit dans une famille aisée et catholique conservatrice. Brillant élève, il s'intéresse d'abord à l'anthropologie et la philosophie avant de se tourner vers la médecine. Il obtient son doctorat en 1938 à l'université de Munich avec une thèse sur la morphologie de la mâchoire inférieure. Ses premiers travaux portent sur la génétique et l'hérédité, des domaines qui seront malheureusement au cœur de ses futures "recherches" à Auschwitz.
En 1937, Mengele adhère au parti nazi et intègre la SS l'année suivante. La guerre éclate et il est envoyé sur le front de l'Est comme médecin militaire. Blessé en juin 1942, il est déclaré inapte au combat, décoré de la croix de fer de première classe pour actes de bravoure, et affecté au camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz en mai 1943, avec le grade de SS-hauptsturmführer (capitaine). C'est là que commence le chapitre le plus sombre et meurtrier de sa vie.
À son arrivée, Josef Mengele est nommé médecin-chef du "Zigeunerfamilienlager", le camp des familles roms, où il sévit pendant près d'un an. Il y pratique des sélections sur la rampe de débarquement des convois ferroviaires, envoyant des dizaines de milliers de personnes à la mort dans les chambres à gaz. Mais c'est surtout son obsession pour les jumeaux qui le rendra tristement célèbre.
L'obsession des jumeaux : des expériences cruelles et inutiles
Dès son arrivée à Auschwitz, Mengele se passionne pour les jumeaux, qu'il considère comme un matériel d'expérimentation idéal pour ses recherches sur l'hérédité et la "race aryenne". Il met en place un programme d'étude systématique, prélevant du sang, des organes et des tissus sur des centaines de paires de jumeaux, la plupart des enfants.
Ses expériences sont aussi variées que cruelles. Il tente de changer la couleur des yeux en injectant des produits chimiques, réalise des greffes de peau et d'organes entre jumeaux, pratique des amputations et des dissections. Il s'intéresse également aux anomalies physiques, comme le nanisme ou l'hétérochromie, et n'hésite pas à provoquer des maladies ou des infections pour observer leurs effets.
Ces "expériences", menées sans aucune considération pour la souffrance des victimes, n'ont aucune valeur scientifique. Elles sont motivées par l'idéologie nazie et la volonté de prouver la supériorité de la race aryenne. Les jumeaux qui survivent à ces tortures sont systématiquement exterminés et disséqués pour des études anatomiques.
Au-delà des jumeaux : les autres victimes de la folie de Mengele
Si les jumeaux sont les principales victimes de Mengele, ils ne sont pas les seuls à subir ses expérimentations. Le "médecin" s'intéresse également aux personnes atteintes de handicaps physiques ou mentaux, qu'il considère comme des "vies indignes d'être vécues". Il pratique des stérilisations forcées, des lobotomies et des injections létales sur des centaines de personnes.
Il se livre également à des expériences sur des prisonniers de guerre soviétiques, des Roms et des personnes atteintes de maladies infectieuses. Il teste sur eux de nouveaux médicaments et des vaccins, souvent sans aucun protocole ni suivi médical. Les conditions de vie dans le camp, la malnutrition et le manque d'hygiène aggravent les souffrances des patients et augmentent le taux de mortalité.
Témoin de ces atrocités, Miklós Nyiszli, un médecin juif hongrois contraint d'assister Josef Mengele dans ses "recherches", décrit dans ses mémoires l'horreur quotidienne du laboratoire du "docteur" : les cris des enfants, l'odeur du sang, des produits chimiques et de la mort, la vision terrifiante des corps horriblement mutilés.
La fuite et l'impunité : Mengele, un meurtrier de masse jamais jugé
En janvier 1945, face à l'avancée de l'Armée rouge, Josef Mengele fuit Auschwitz et se cache en Allemagne sous une fausse identité. Il parvient à échapper aux Alliés et s'enfuit en Amérique du Sud en 1949, d'abord en Argentine puis au Paraguay et au Brésil. Il y vit pendant plus de 30 ans, protégé par des réseaux néonazis et bénéficiant de la complicité de certains gouvernements.
Malgré les efforts des chasseurs de nazis et des familles des victimes, Mengele ne sera jamais traduit en justice. Il meurt en 1979 au Brésil, d'une crise cardiaque alors qu'il se baigne dans l'océan. Son corps est exhumé en 1985 et identifié formellement grâce à des tests ADN effectués en 1992. Ses ossements sont conservés à l'Institut médico-légal de São Paulo à des fins d'études médico-légales.
80 ans après la libération d'Auschwitz-Birkenau par l’Armée rouge, l'histoire de Josef Mengele reste un symbole de la barbarie nazie et de la perversion de la science au service d'une idéologie criminelle et génocidaire.
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