L’anti-système est bien nanti...
Colère et dégoût. Défiance et méfiance. Incertitude et peur en tous les domaines. Voilà ce qui donne des ailes au soi-disant "anti-système". Objectif : mettre au rancard des partis et des programmes de gauche et de droite usés jusqu'à la corde, et impuissants à donner vie au changement et renouvellement tant désirés.
Cela a réussi récemment aux Etats-Unis. Cela pourrait demain être le cas en France où l'on prévoit l'affrontement au second tour de deux candidats se proclamant "anti-système" : le prince charmant Macron et la maîtresse femme Marine.
Le premier, européiste ouvert à tout ce qui est "efficace", veut changer "les visages et les usages", et en appelle même à une "révolution". Quant on sait (cf. Le Monde du 13-4-17) qu'il a reçu la bénédiction du très austère conservateur Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances, on comprend très vite que son anti-système n'est que le nouveau visage que se donne le système pour se perpétuer.
La seconde, nationaliste fermée à tout ce qui n'est pas français, veut "rendre sa liberté à la France" en sortant de l'euro et de l'Europe. Mais, pour l'heure, un tel saut dans l'inconnu, qu'un référendum doit entériner, ne semble pas correspondre au désir de la majorité des Français. Et, dans tous les cas de figure, il lui faudra composer avec le "système" politique pour pouvoir gouverner.
On peut donc dire, pour ces deux candidats, que l'image et le spectacle l'emportent sur la réalité et le contenu. Et que leur "anti-système" risque fort d'être la continuation du système par d'autres moyens. Comme leur prédécesseur en ce domaine, le "Cavaliere" Berlusconi, ils utilisent à plein la politique spectaculaire des émotions (colère, dégoût, peur, etc.). Mais ne révolutionnent qu'à la marge la raison de la "res publica" et encore bien moins la logique du Marché.
Pour ce faire, il leur faudrait contrecarrer vraiment les quatre forces qui animent le "système" mondial et qu'incarne parfaitement le super "Silvio" Trump. En effet, ce petit-fils d'Européen tient ensemble et noue à sa guise tous les fils de ce que l'Europe moderne a créé ou développé depuis cinq siècles, et qui aujourd'hui s'est emparé du monde entier.
A savoir : le capitalisme inégalitaire, corrupteur et pollueur. L'individualisme égoïste, narcissique et négateur de tout autre. Le racisme exclusif, haineux et violent. Le nationalisme sectaire, dominateur et guerrier.
Il est clair que ces quatre forces nient ou pervertissent tout rapport libre, juste et fraternel à l'Autre (celui absolu qu'on appelle Dieu et que notre modernité a clairement renié, ou celui particulier qu'est autrui ou le prochain). Or un système (éty. : sun histēmi : « établir avec ») n'a de consistance et de cohérence que s'il intègre tous ses éléments dans une loi commune qui les rend solidaires les uns des autres. Donc, puisque ces quatre forces nient foncièrement toute solidarité, leur système peut aussi bien s'appeler un "anti-système". Et celui-ci est aussi bien nanti que celui-là... CQFD.
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