L’appel au meurtre, corollaire du crépuscule de l’oligarchie
Ce qui a motivé cet article est une affligeante prise de position d’un élu qui a presque fait un appel au meurtre. Il y a donc d’abord une personnalité issue du milieu politique qui a lancé ce discours et ensuite, des médias qui l’ont relayé, c’est donc la politique et les médias qui vont être revus ici.
Depuis maintenant une à trois décennies, on voit les audimats à la TV et la participation aux élections décroitre inéluctablement.
Il est évident que ce sont deux domaines, média et politique qui sont très bien verrouillés autrement dit, ils sont entre les mains d’une très petite quantité de personnes, naturellement il faudrait ajouter l’industrie, mais hormis sur des considérations environnementales, cette dernière a bien compris qu’elle avait tout à gagner à être discrète d’autant qu’elle fonde l’essentiel de sa croissance à l’étranger (ce qu’on pourrait appeler du néo-colonialisme, mais c’est un autre débat).
Que ce soit au niveau médiatique ou politique, ces décroissances conduisent à une crise de légitimité, fait inenvisageable pour ces oligarques à l’esprit étriqués.
Face à ce constat, tous les moyens sont donc bons pour réussir à regagner l’attention tantôt des électeurs, tantôt des spectateurs, y compris allumer tous les feux polémiques et fascistes à leur disposition. Mme Le Pen dans ce contexte fait preuve d’une très belle adresse, puisqu’en somme elle n’a à peu près rien à faire. Elle sait très bien que les médias vont continuer de ressasser les mêmes salades sur l’insécurité, chercher dans l’économie la cause de l’insécurité remettrait un peu plus en cause la légitimité de ces oligarques, c’est donc une option qui s’évite autant que possible.
Premier point à constater : toutes ces élites dont on pourrait attendre normalement un certain sang-froid en sont donc totalement dénuées. A croire que c’est la première fois qu’ils utilisent la liberté d’expression et que comme un enfant à qui on donne un nouveau jouet, ils en font un peu n’importe quoi.
Les luttes internes dans lesquelles ils sont lancés laissent à penser qu’ils ne risquent pas d’arrêter pour de simples raisons de mégalomanie inhérente à la nature humaine. Si les voir se déchirer en employant tous les moyens à leurs dispositions est triste, cette option est plus plaisante qu’une autre où ils feraient front contre une autre nation (guerre) ou contre leur propre peuple (tyrannie).
En termes de cristallerie sphérique tout laisse à penser que ça ne risque pas de cesser.
La fréquence et la violence des propos ne peuvent en effet que nous remplir d’effroi, cet effroi nourrissant l’audimat et permettant un contrôle plus facile de l’électorat. Il rejoint dans une certaine mesure l’analyse faite par Naomi Klein dans la Stratégie du Choc.
Pourtant, plus les propos sont violents, plus la crise de légitimité évoquée précédemment est aigüe et plus s’accélèrent le déclin.
Tout porte à croire que l’ignorance soit encore la meilleure stratégie à adopter pour accélérer leur extinction, si une quelconque forme de révolution était envisageable, on pourrait éventuellement y songer, mais la France est définitivement un pays par trop bourgeois et sénile pour se lancer dans une telle entreprise.
La question est de savoir ce qui se passera par la suite, certains vont crier que ça ne changera pas, il y a en effet un risque qu’il y ait toujours des ingénus spectateurs/électeurs de la société médiatique et politique. Je porte néanmoins l’espoir que ce ne sera pas le cas pour le bonne et simple raison que les mondanités royales voire déistes ne nourrissent plus les tabloïds (de là à dire que quiconque s’intéresse à l’actualité d’un bébé outre-manche doit être trainé à la potence est une considération que je laisse à la discrétion de chacun). C’est sans doute élémentaire, mais d’une implacabilité historique.
D’un point de vue médiatique et parce que le monde est de plus en plus immédiat, il restera sans doute toujours des gens pour courir après l’actualité. Cela dit, des structures comme AgoraVox libérés de toute contrainte financière devraient permettre de construire des commentaires plus intelligents de l’actualité voire davantage d’articles de fond ou de recul (de là, à dire que tous les auteurs d’AV commentant l’actualité sont tous des connards égocentriques…, merde c’est aussi ce que je suis en train de faire), on peut également espérer que l’acuité des lecteurs va également aller en s’affinant.
Plus compliqué est la projection politique, la première raison d’état est de défendre ce dernier, la légitimité de l’état étant d’autant plus forte ici en France que dans les pays anglo-saxons. Si nous avons une certaine habitude de cracher sur nos élus, ils ont amorcé dans la même période une décentralisation qui semblerait résoudre partiellement le problème (le risque étant un retour d’une forme de corruption/népotisme à l’échelle locale). Nettement plus intéressant est le florilège d’initiatives autonomistes qu’on voit se créer : covoiturage, couchsurfing, amap… Voir à quel point ce genre d’initiatives est ignoré par les médias traduit bien tout le risque qu’elles représentent par les institutions en place. Malgré toutes les alarmes sur l’économie étatique, on peut avoir l’impression que la crise financière des grands médias est bien plus grave (je me demande même si les journalistes n’insistent pas sur la dette des états juste pour cacher la mauvaise situation économique de leurs journaux).
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