L’ARME CLIMATIQUE - La manipulation du climat par les militaires - VOLET N° 1
Pour qui s'intéresse aux grands problèmes de notre époque, le climat et les manipulations de ce dernier par toutes les armées du monde, depuis des décades et bien souvent à l'insu des populations – secret militaire oblige – je vous propose la lecture – alternative et originale – de l'ouvrage, « L'arme climatique – la manipulation du climat par les militaires », paru aux Éditions Talma Studio, dont l'auteur, Patrick Pasin s'appuie sur une remarquable documentation.
Nous pénétrons directement au sein des « secrets militaires les mieux gardés, où l'on suit au cours des décennies l'évolution de ces armes de destruction massive, où l'on étudie une douzaine de catastrophes « naturelles », peut-être pas si naturelles... ».
Historiquement, depuis la nuit des temps, l'être humain a toujours cherché à influer sur le climat, le temps, les intempéries, etc. Sur tous les continents, les hommes ont toujours fait le lien entre les actes guerriers et les conditions climatiques, par des pratiques diverses allant du chamanisme chez les Indiens, les superstitions moyenâgeuses, les méthodes brutales mais néanmoins assez subtiles pendant l'antiquité, jusqu'à nos jours où la sciences et les avancées technologiques s'en mêlent.
Petit tour d'horizon à travers les époques :
Les Grecs.
C'est Thucydide qui raconte dans « La guerre du Péloponnèse », comment les Grecs allumaient de grands incendies par jour de grand vent, et selon la direction, pour encercler les ennemis et les contraindre à la défaite.
Hérodote nous rapporte de son coté, dans « l'Enquête », que les Thraces tiraient des flèches en direction du ciel, lorsqu'il tonnait et que les éclairs zébraient le ciel, pour punir l'orage d'indisposer leur dieu qu'ils adoraient (Zalmoxis).
Plutarque, lui, va beaucoup plus loin dans la réflexion et s'interroge sur le « lien direct entre l'homme et le climat ». Dans « Vies parallèles », la vie de Marius, il raconte :
Extrait : « on dit aussi avec beaucoup de vraisemblance, que les grandes batailles sont presque toujours suivies de pluies abondantes : soit qu'un dieu bienfaisant pour laver et purifier la terre, l'inonde de ses eaux pures, qu'il lui envoie du ciel, ou que l'air qui s'altère facilement, et éprouve de plus grand changements pour la plus légère cause, se condense par les vapeurs humides et pesantes qui s'exhalent du sein de cette corruption ».
Les Gaulois.
Ils tiraient eux aussi à l'arc contre le ciel dans l'espoir de calmer les divinités qui leur envoient l'orage.
Les Romains.
Ils observent des phénomènes étranges après une bataille meurtrière. Pline l'Ancien, relate des pluies de laine, des pluies de lait, des pluies de fer en Lucanie, etc.
De l'époque mérovingienne à la Renaissance.
Les pratiques se perfectionnent, ou bien, restent cantonnées à de la simple superstition, mais le long périple de Marco Polo qui revient de Chine avec un échantillon de poudre noire à canon, utilisée par les Chinois qui en sont les inventeurs, va révolutionner les pratiques.
XIIIe siècle.
Invention du canon pour des besoins à caractère militaire mais très vite, l'on comprend que son utilisation peut aussi influencer le climat.
Benvenuto Cellini.
Dans ses mémoires, il nous explique que les explosions peuvent expressément causer la pluie et que lui-même en a expérimenté le principe.
Passons rapidement sur l'utilisation de la perche, plantée dans les champs en Europe, pour éloigner les orages, ou bien les Suédois qui frappent à grands coups de marteau sur des plaques de fer pour éloigner l'orage. Notons également, l'usage très répandu en France et qui a perduré jusqu'à la fin du XIXe siècle, de faire sonner les cloches, sensées éloigner la grêle. On ne comptait plus les cloches foudroyées, et les sonneurs de cloche avec.
Le canon à grêle :
C'est certainement une des inventions des plus révolutionnaires pour sauver les récoltes menacées par les grêles dévastatrices.
Ce sont les Italiens en 1880 qui découvrent qu'il « est possible d'empêcher la formation des grêlons en injectant dans les nuages des particules de fumée qui serviront de noyaux de condensation. Un professeur italien de minéralogie, à l'origine de cette trouvaille, propose une solution chimique, à la différence des méthodes antérieures car « il serait possible d'agir avant que ne se déclenchent les orages, en diminuant les risques des destruction des récoltes ».1
L'idée est jugée bonne par les Autrichiens dont Albert Stiger, vigneron et maire de Windish-Feistritz, tente l'expérience.
En 1895, le canon à grêle de forme évasée est au point et va servir de modèle. En 1896, six canons sont installés et entrent en action. Les résultats très satisfaisants, voire spectaculaires feront que les commandes affluent et que la fabrication sera « quasi industrielle ».
Depuis, les Européens continuent d'utiliser les canons à grêle avec bien sûr les perfectionnements dus aux avancées techniques et actuellement technologiques, puisque leur déclenchement programmation informatisée.
Aux USA.
XIXe et XXe siècle. Ce ne sont par contre, ni la grêle, ni les pluies qui gênent les agriculteurs, mais la sécheresse. Pour y remédier, l'on a recours aux « rainmakers », les faiseurs de pluie. Ils sont organisés en véritable corporation, mais la grande crise de 1929 mettra fin à leur activité.
James Pollard Espy (1786-1860) - Rainmaker célèbre.
Professeur de mathématiques à Philadelphie, il consacre son temps libre à la recherche météorologique et phénomènes atmosphériques. Ses recherches portent sur la connexion entre la pluie et la quantité de vapeur dans l'atmosphère. Pour lui, aucun doute : « les incendies produisent de la pluie ». C'est aussi ce qu'ont, depuis très longtemps, remarqué les Indiens qui pratiquent les « incendies de la prairie pour faire venir la pluie », entourant ces pratiques par maints rites chamanistes.
J. Pollard Espy soumet ses recherches au Congrès et ses propositions d'incendies contrôlés, « des feux de zone », propositions que décline le Congrès. Mais ce chercheur sera tout de même employé par la Navy comme météorologue.
Le livre de Georges Perkins Marsh va, en 1864, définitivement convaincre le public que « l'homme peut agir sur le climat » […] « Le sujet du changement climatique, qu'il soit considéré ou non comme la conséquence de l'action humaine, a été largement traité... ».
Dans cet ouvrage décisif, G. Perkins Marsh détaille le nom des scientifiques qui se sont intéressés à la question, autant Européens qu'Américain. Ils démontrent que les défrichages intensifs ou que certaines méthodes de culture, « affectent le climat et que les modifications climatiques modifient le caractère de la vie végétale ».
Ces climatologues donnent des exemples à travers le monde : en France où la coupe de forêts en Bretagne et en Normandie modifie les climats côtiers et provoquent des réchauffement climatiques en hiver, ces côtes étant offertes aux vents d'Ouest ou aux douces températures marines. Le défrichage en Grèce, provoque la sécheresse et la désertification. Enfin, après ces ouvrages de référence, les humains sont persuadés et convaincus qu'il peuvent dorénavant modifier à dessein le climat dans un futur plus ou moins proche. Ce qui n'empêche pas ces chercheurs, comme G. Perkins-Marsh de mettre en garde les « apprentis sorciers » et les dangers à venir de telles actions.
Or, le mouvement est lancé, rien ne peut plus l'arrêter.
Beaucoup de publications sur le sujet vont suivre des deux côtés de l'Atlantique, au fil de l'observation des batailles et des guerres, qui vont émailler cette fin du XIXe siècle, comme la guerre du Mexique, par exemple qui fut une sorte de champ expérimental, pour les observations et le développement de la « théorie des chocs » - « concussion theory » où lorsque les batailles font rage, la pluie tombe là où pendant des mois elle n'est pas tombée du tout et fait soudain son apparition après de « sévères canonnades ». Les batailles se suivent à divers endroits du Mexique, les pluies tombent, dans des endroits très arides où sévit la sécheresse.
La guerre de Sécession, de 1861 à 1865, apporte aussi son lot d'observations sur cette « théorie des chocs » où les météorologues concluent : « Le canon génère inéluctablement la pluie ».
Les témoignages des officiers et les carnets de bord militaires sont conservés à Washington où sont enregistrés la concordance de ces phénomènes guerriers et météorologiques.
La conclusion la plus intéressante, nous vient de G. Perkins Marsh qui se pose en démiurge : Extrait : « Si la foudre, le tonnerre et la pluie ont été provoqués par l'action de l'homme, alors que n'étaient recherchés qu'effusion de sang et carnages, ils peuvent de toute évidence être reproduits sans ces contingences... nous considérons l'immense bénéfice qui découlerait du pouvoir assuré d'une méthode définie pour causer la pluie à volonté – le pas puissant qui serait ainsi effectué par l'homme vers le contrôle complet de la nature auquel il aspire... »
P. Pasin, l'auteur, nous promène donc à travers les époques et les continents jusqu'à nos jours avec les différentes techniques humaines où le temps de l'industrie va complètement changer la donne – où les militaires vont réellement s'emparer de ces techniques pour « goûter aux joies de la modification climatique ». Or, nous apprenons que les Anglais vont, en pionniers, avec « l'Armement and Experimental Fight of the Royal Flying Corps » expérimenter et développer dès 1915, de nouvelles armes de guerre liées à l'aviation en relation étroite avec le climat.
Quelques bombes au phosphore pour attaquer les zeppelins allemands, et c'est là qu'intervient la modification des éléments atmosphériques avec la « production de nuages artificiels » pour perturber les aviateurs allemands sans grand succès il est vrai. D'autres expériences suivront.
Mais il faudra attendre la 2eme guerre mondiale pour observer les premières réussites de modification du temps à des fins militaires et notamment le système Fido, ou dissipation de brouillards au-dessus des aérodromes anglais, causes de trop nombreux crash d'avions.
Fido sera testé un peu partout sur les fronts de guerre de l'époque.
Cette course à l'armement climatique, est peut-être bien plus discrète que la « guerre froide » ou l'arme nucléaire », car secrète et d'une grande intensité.
A suivre...
1L'auteur, P. Pasin s'appuie sur l'ouvrage de Jean-Raymond Plumandon, »Le tir du canon contre la grêle », 1901, météorologique à l'Observatoire du Puy de Dôme.
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